Le président brésilien Jair Bolsonaro s’est vu décerner mercredi la médaille du « mérite indigéniste » par son ministère de la Justice. Le tout en dépit des nombreuses critiques qui émaillent sa politique envers les peuples autochtones. Cette décoration, publiée au Journal officiel est une reconnaissance des services rendus par altruisme et la défense des communautés indigènes.
Une décoration étonnante
Plusieurs ministres du gouvernement Bolsonaro ont également été décorés. Cette décoration récompense habituellement des intellectuels, comme l’anthropologue Darcy Ribeiro, ou des chefs indigènes emblématiques, comme le cacique Raoni Matuktire. Ce dernier a même accusé Bolsonaro de « persécuter » les peuples autochtones, en détruisant leur habitat et en bafouant leurs droits fondamentaux. En 2019, lors d’un discours à l’ONU en 2019, le président d’extrême droite le juge instrumentalisé par des gouvernements étrangers.
L’an dernier, l’Association des Peuples Indigènes (APIB) a porté plainte contre le président Bolsonaro pour « génocide ». Sonia Guajajara, coordinatrice de l’APIB, a jugé « absurde » cette distinction. Elle a assuré mercredi que son association allait tenter de faire annuler cette décoration en justice.
Lire aussi : Le cacique Ninawa dénonce le « génocide » des peuples autochtones (vidéo)
Une politique hostile aux indigènes
En 2019 Jair Bolsonaro arrive au pouvoir et promet de ne céder aucun « centimètre de plus » aux territoires réservés aux indigènes. Ils représentent aujourd’hui 13% de la surface du pays. Le président brésilien s’est aussi montré favorable à l’autorisation d’activités minières et agricoles dans ces territoires censés être des sanctuaires inviolables. Pourtant ces terres souffrent de la déforestation et l’orpaillage illégal.
Bolsonaro tente de faire approuver un projet de loi qui autorise les activités minières dans des terres indigènes. Selon lui, cela permettrait d’explorer des réserves de potassium pour pallier une éventuelle pénurie d’engrais importés de Russie en raison du conflit en Ukraine. Mais une association représentant les grandes compagnies minières qui opèrent au Brésil a critiqué ce projet de loi mardi. Elle estime qu’un « débat approfondi » était nécessaire, notamment avec les représentants des peuples indigènes.
Lire aussi : Jair Bolsonaro, un mandat affolé par une déforestation croissante