Une étude publiée dans la revue Nature Climate Change établit que les prévisions de l’ONU sur le réchauffement climatique seraient trop optimistes. Les scientifiques estiment que les prévisions des Nations Unies seraient « incertaines ».
Les pays membres de l’ONU feraient-ils preuve d’un optimisme mal venu lorsqu’il s’agit de réchauffement climatique ? Selon une étude publiée ce lundi dans la revue Nature Climate Change, les prévisions des Nations unies seraient « plus incertaines qu’on ne le pense ». En clair, les trajectoires de réchauffement climatique faites sur la base des engagements de pays et de leurs politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serres seraient sous-évaluées.
Selon les dernières estimations de l’ONU, le monde se dirige vers un réchauffement « catastrophique » de 2,7°C d’ici 2100. Les nouveaux engagements à 2030 annoncés avant et pendant la COP26 n’y changent rien. Cela confirme qu’à l’heure actuelle, les conditions pour endiguer la hausse des températures bien en deçà de 2°C, voire 1,5°C, comparé à l’ère préindustrielle ne sont toujours pas réunies.
L’ONU victime d’erreurs d’appréciation
Les auteurs de l’étude publiée lundi alertent sur le fait que la précision apparente de ces prévisions induit en erreur. À cause de la « précision trompeuse » des annonces faites pendant la COP26 de Glasgow, « les pays pourraient croire qu’ils font des progrès alors que l’inverse est peut-être vrai », commente l’auteure principale Ida Sognnaes, du centre de recherche CICERO à Oslo.
Les bases de modélisation sur lesquelles s’appuie l’ONU pour établir ses prévisions seraient à l’origine de cet optimiste inopportun. Selon l’équipe d’Ida Sognnaes, la plupart d’entre elles prennent comme point de départ la température souhaitée en 2100. Autrement dit, ces bases considèrent une hausse de 1,5 ou 2°C d’ici la fin du siècle. Ensuite, les experts onusiens font jouer des variables pour y parvenir. Ces leviers peuvent par exemple être l’utilisation de charbon ou le développement des énergies renouvelables.
+3°C de réchauffement climatique en 2100
De ce fait, la plupart des études sur les impacts du réchauffement mènent à des scénarios allant du pire à l’extrêmement optimiste. Dans le premier cas, les émissions continuent à augmenter sans ralentir. L’inverse fait état d’un monde qui aurait réussi à limiter la hausse des températures à 1,5°C. Les scientifiques estiment que la réalité se situe très certainement entre ces deux extrêmes. « Si on regarde la partie inférieure de la fourchette, cela pourrait laisser croire que nous sommes vraiment proches des objectifs de l’accord de Paris. Mais il est tout aussi probable que le réchauffement soit autour de 3°C, ce qui nécessiterait des politiques bien plus fortes », indique Glen Peters, également chercheur au centre CICERO à l’AFP.
Mais si les chiffres eux-mêmes ne sont pas si éloignés de ceux de l’ONU, les chercheurs mettent en avant leur manque de certitude. « Notre étude est une prévision », insiste Glen Peters. « Nous modélisons où les politiques existantes nous emmènent et nous regardons où nous arrivons », ajoute-t-il.
Sept groupes de modélisation climatique ont utilisé cette méthode pour évaluer les engagements pris pour 2030 par les quelque 200 pays signataires de l’accord de Paris. Les scientifiques rapportent que les mesures actuelles ne permettent pas de respecter les objectifs de l’Accord de Paris. La prévision la plus optimiste aboutirait à une hausse des températures de 2,2°C. La plus pessimiste s’établit aujourd’hui à +2,9°C.
Chaymaa Deb avec AFP