Le Parti Animaliste lancé en novembre 2016 se revendique être le seul parti politique capable de défendre convenablement la cause animale. Nathalie Dehan, co-directrice et porte-parole, nous parle de son parti pour les législatives des 11 et 18 juin prochain. Elle présente à Natura Sciences les propositions du Parti Animaliste.
Fait historique dans la vie politique française qu’est la création du Parti Animaliste. Pour ses sept fondateurs, l’urgence vient de l’indifférence des politiques actuels à l’égard des animaux. Lassés de voir la question animale réduite à de vulgaires bagatelles, ils ont décidé d’agir. Comme l’avait fait le Parti pour les animaux néerlandais, le Parti Animaliste présente ses premiers candidats pour les législatives des 11 et 18 juin prochain.
Sur les 577 circonscriptions législatives, le Parti Animaliste présente 147 candidats. Soit un taux de couverture supérieur à 25% pour ce nouveau-né. Arriver au deuxième tour va être compliqué pour le Parti Animaliste. Il tente pourtant sa chance dans 53 départements. Les affiches du parti sont identitques sur le territoire : pas de nom ou de photo de candidat, mais un petit chat sur fond violet. Son slogan : « Les animaux comptent, votre voix aussi. »
Nathalie Dehan, l’une de ses directrices, est fille d’agricultrice, alors la cause animale, ça la connaît. Cette amoureuse de chats et de chiens, elle-même candidate dans la 3e circonscription du Rhône, se livre à Natura Sciences pour expliquer son combat.
N.S. : Nathalie Dehan, comment est né le Parti Animaliste ?
N.D. : J’ai rencontré les six autres fondateurs du parti à l’été 2014. C’était pendant un colloque, les Estivales de la question animale. Là, nous avons tous fait le même constat : les pouvoirs publics sont indifférents à tout ce qui a trait au bien-être animal. Les partis politiques actuels ne semblent pas vouloir communiquer sur les animaux. C’est comme s’ils n’en valaient pas la peine ! Et si on ne fait rien, on risque prochainement de perdre 80% de notre biodiversité. Voilà pourquoi nous, animalistes et militants, nous avons décidé d’entrer en action.
N.S. : Concrètement, qu’est-ce qui vous pousse à agir ?
N.D. : Ce sont des faits simples et profondément graves. C’est dramatique de voir que pour une espèce sauvage il reste 20.000 spécimens quand il y en avait 2 millions il y a 30 ans. Savez-vous aussi que 3 millions d’animaux sont abattus chaque jour en France pour notre consommation ? Les autorités sanitaires disent qu’il faudrait réduire la consommation de produits animaux de 25%. Il serait facilement possible de le faire. Qu’attendons-nous alors pour faire la promotion de produits comme la lentille verte du Puy, riche en protéines elle aussi ? Et il y aurait encore une myriade d’exemples scandaleux à donner.
N.S. : Vous parlez souvent du Parti pour les animaux néerlandais (Partij voor de Dieren). Pourquoi ?
N.D. : Nous nous sentons proches du Parti pour les animaux car il a la même histoire que nous. Lui a été créé en 2002, et a aussi répondu au désamour des politiques à l’encontre des animaux. Et puis, c’est le premier parti politique du monde entièrement consacré à la cause animale… On ne pouvait que s’en inspirer ! Le succès que le Parti pour les animaux rencontre aujourd’hui est indéniable. Avec ses 2 sièges remportés aux législatives de 2006 et gardés depuis, le parti se fait entendre. Cette année, il a même remporté 5 sièges, c’est formidable !
N.S. : Comment expliquez-vous la réussite de ce parti aux Pays-Bas ?
N.D. : Le travail de Marianne Thieme, sa créatrice, est indéniable. Mais en plus, les Néerlandais sont réellement sensibilisés à la question du bien-être des animaux. Là-bas, le gouvernement réfléchit même à mettre fin à toutes les expérimentations faites sur des animaux grâce au Partij voor de Dieren. Et la France devrait s’en inspirer ! Les mentalités sont en train de changer dans notre pays, alors je suis optimiste. De plus, il n’y a aucun parti qui a gouverné sous la cinquième République qui incarne réellement la cause animale. Pour eux, cette question est secondaire, voire n’en est pas une du tout. C’est pourquoi le Parti Animaliste doit vite faire son entrée à l’Assemblée nationale !
N.S. : Alors, quel est votre programme?
N.D. : Il y a un manifeste de 30 propositions qui vont en faveur de la cause animale, rédigé par un collectif de 26 ONG [Collectif Animal politique]. C’est le socle de notre engagement politique et de notre programme. Les candidats qui se présentent aux législatives sous l’étiquette Parti Animaliste y ont adhéré. Nous voulons, par exemple, que tous les animaux sauvages aient le statut d’être vivant doué de sensibilité. Nous aimerions également que la notion de respect des animaux soit réintégrée dans les programmes scolaires. Les membres du parti militent aussi pour que des solutions de remplacement soient trouvées dans les laboratoires, afin d’arrêter les tests sur les animaux. Nous lutterons notamment pour que les animaux d’élevage ne soient plus élevés en cage. Nous interdirons les captures d’espèces sauvages dans la nature si c’est pour rejoindre des spectacles. Et nous souhaitons profondément que les particuliers n’aient plus le droit de vendre des animaux domestiques.
Propos recueillis recueillis par Chaymaa Deb, journaliste du webzine Natura-sciences.com