La Namibie met aux enchères 170 éléphants sauvages. Elle veut ainsi diminuer les conflits entre l’homme et l’éléphant, notamment face à la sécheresse qui sévit dans le pays. Grâce à une politique de conservation réussie, le pays compte aujourd’hui 28.000 éléphants contre 5.000 en 1990. Pour Ifaw, cette vente aux enchères va à l’encontre de la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction.

« On ne sait pas quand et où la vente aux enchères aura lieu, car le gouvernement namibien n’a pas encore annoncé ces détails », prévient Neil Greenwood, directeur régional d’IFAW pour l’Afrique australe. Les médias locaux rapportent que le gouvernement envisagerait de les vendre en Namibie et à l’étranger. Il conditionnerait toutefois cette vente à certains critères stricts concernant leurs soins et leur sécurité. « Jusqu’à présent, aucun document permettant d’évaluer ces conditions n’a été partagé publiquement », avance Neil Greenwood.
Selon les chiffres du ministère namibien de l’Environnement, la Namibie comptait une population de 28 000 éléphants en 2019. Les éléphants se trouvent principalement dans les régions du nord de la Zone de conservation transfrontalière du Kavango-Zambèze. La Namibie présente un bon bilan en matière de protection de la faune. Et elle en tire pleinement profit, quitte à s’attirer les foudres des défenseurs de la faune sauvage.
Une mise aux enchères d’éléphants contraire aux recommandations de la CITES
Pour le fonds international pour la protection des animaux (Ifaw), cette vente aux enchères va à l’encontre des recommandations de la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (CITES). En 2019, lors de la réunion de la COP18 de la Cites, les gouvernements ont convenu de limiter le commerce, à quelques exceptions près, aux pays situés dans l’aire de répartition naturelle des éléphants d’Afrique et uniquement à des fins de conservation.
La Namibie fait partie d’un certain nombre de gouvernements d’Afrique Australe à avoir déclaré par la suite qu’ils se réservaient le droit de ne pas appliquer la définition du terme « destinations appropriées et acceptables ». Autrement dit, ils se réservent le droit de vendre des éléphants partout dans le monde. À ses côtés, le Botswana, la République démocratique du Congo, l’Eswatini, la Tanzanie, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe.
Des risques importants de trafic et de maltraitance
« La simple vente d’éléphants sonne l’alarme pour le bien-être à long terme des animaux et il existe de nombreux exemples de ventes similaires se terminant par des années de captivité tragique et cruelle pour chacun des éléphants », prévient Neil Greenwood, directeur régional d’IFAW pour l’Afrique australe.
« Vendre les éléphants n’empêchera pas les conflits entre l’homme et l’animal. La manière la plus efficace de réduire le problème des conflits est de travailler avec les communautés pour s’assurer que les habitats sont gérés correctement et que des solutions sont trouvées pour garantir la protection de la faune et des personnes qui vivent à ses côtés. Cela a été prouvé à maintes reprises dans toute l’Afrique australe, » conclut Neil Greenwood, directeur régional d’IFAW pour l’Afrique australe.
Auteur : Matthieu Combe, journaliste de Natura Sciences