La COP29 qui se tient à Bakou en Azerbaïdjan jusqu’à ce vendredi 22 novembre doit trouver un nouvel accord sur les financements climat. L’enjeu est de multiplier l’engagement annuel des 100 milliards à partir de 2025. Les pays développés proposent 250 milliards de dollars, les pays en développement en espèrent au moins 500 milliards.
À Copenhague en 2009, les pays développés se sont engagés à fournir 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 aux pays en développement afin d’atténuer et s’adapter au changement climatique et favoriser les technologies bas carbone. La COP29 doit définir le nouvel objectif de financement climatique (New Collective Quantified GoaL, NCQG). Il devra remplacer l’objectif des 100 milliards à partir de 2025.
À quelques heures de la fin de la COP29, la présidence a dévoilé une nouvelle version du texte. C’est la douche froide pour les ONG. « Ce texte est irrespectueux ! Après trois ans de négociations techniques, les pays du Nord osent donner un chiffre ridicule ? Nous refusons d’y croire ! », réagit Gaïa Febvre, responsable politiques internationales au Réseau Action Climat.
1300 milliards de dollars, mais…
Après plusieurs propositions sans montant chiffré tout au long de la semaine, la nouvelle version du texte « appelle tous les acteurs à travailler ensemble pour permettre l’augmentation du financement des pays en développement Parties à la Convention pour l’action climatique, provenant de toutes les sources publiques et privées, à au moins 1.300 milliards de dollars par an d’ici 2035″.
Le texte reprend ici le montant demandé par le plus grand bloc de négociation : le G77 + la Chine. Problème : ce bloc demande 1.300 milliards de dollars par an d’ici 2030, financé en majorité par les pays développés, et réclame davantage de subventions que des prêts. Et ce pour éviter d’aggraver la crise de la dette des pays du sud. Car selon l’OCDE, « les prêts continuent de représenter l’essentiel du financement climatique d’origine publique ».
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Le groupe d’experts indépendants sur la finance climat (IHLEG) piloté par l’économiste Nicholas Stern proposait pour sa part au moins 1.000 milliards de dollars par d’ici 2030 pour les pays émergents et en développement, à l’exclusion de la Chine, dont 50 % viendrait du secteur privé. Et ce pour impliquer à la fois davantage les fonds publics, mais aussi les entreprises. Les chiffres de l’OCDE montrent que sur les 115,9 milliards de dollars mobilisés par les pays développés pour financer l’action climatique des pays en développement, 80% proviennent de sources constituées de fonds de sources publiques, bilatérales et multilatérales confondues.
Une proposition « totalement inacceptable »
Le projet de texte propose un objectif de financement pour les pays développés à 250 milliards de dollars par an d’ici 2035 à destination des pays en développement « au titre de l’action climatique ». Ce montant proviendra d’une « grande variété de sources, publiques et privées, bilatérales et multilatérales, y compris des sources alternatives ». Par ailleurs, le texte invite les pays en développement à apporter des contributions supplémentaires, notamment par le biais de la coopération Sud-Sud.
Ce texte entraîne la colère des pays en développement. Le président du groupe africain, Ali Mohamed déplore un chiffre « totalement inacceptable et insuffisant pour concrétiser l’Accord de Paris ». Il rappelle que le récent rapport sur l’écart d’adaptation à lui seul indique que les besoins d’adaptation s’élèvent à 400 milliards de dollars.
Sandra Guzman Luna, fondatrice du Climate Finance Group pour l’Amérique latine et les Caraïbes estime que « le montant de 250 milliards de dollars proposé dans la formulation n’est pas acceptable, car il inclut tous les types de sources. Si la formulation ne change pas, le montant devrait être d’au moins 500 milliards de dollars. » Un chiffre qui serait en accord avec la proposition du groupe piloté par Nicholas Stern.
Car l’argent existe et des propositions existent pour aller le chercher. Dans le texte en négociation, 350.org appelle à ce que le texte incite les États à mettre en place des « taxes solidaires, progressives et justes pour financer la transition ». Ces taxes viseraient les secteurs et les individus les plus émetteurs. Parmi les propositions avancées : « taxation des ultra-riches, taxation sur l’extraction des fossiles, sur les profits faramineux de ces secteurs, taxation des secteurs maritime, aérien, sur les transitions financières », cite Fanny Petitbon, responsable France chez 350.org. Friederike Roder, vice-présidente chargée de la politique mondiale et du plaidoyer chez Global Citizen rappelle pour sa part que « une taxe minimum de 2 % sur 3 000 milliardaires suffirait à lever 250 milliards de dollars par an sous forme de subventions ».
Les ONG espéraient au moins 1.000 milliards de dollars en subventions
Le Réseau Action Climat espérait aller beaucoup plus loin. « Au niveau de notre réseau international [Climate Action Network, CAN] d’environ 2.000 ONG, on prône un chiffre de 1.000 milliards de dollars en subventions, hors finance privée, partage Gaïa Febvre, responsable politiques internationales au Réseau Action Climat. On défend aussi des sous-objectifs : 30 % pour l’atténuation, 30% pour l’adaptation et 40 % pour les pertes et dommages ».
Gaïa Febvre veut rassurer. « Un accord honnête est encore possible, pays développés : vous pouvez encore sortir de cette COP la tête haute », réagit-elle. Mais le temps presse : la plénière de clôture est convoquée à 19heures, heure de Paris (22h à Bakou). L’ambition finale du NCQG déterminera celle des contributions déterminées au niveau national (CDN) des pays en développement qui reste en grande partie incertaine.