Le réchauffement climatique a déjà des répercussions sur les événements sportifs dans le monde entier. Les températures élevées et les événements météorologiques extrêmes en sont les premières manifestations. Dans les prochaines décennies, le changement climatique augmentera les risques pour les sportifs et les spectateurs. Il menace également la survie de grands événements sportifs, comme l’Open d’Australie, les Jeux Olympiques d’hiver, mais aussi d’été.
Lors de l’Open d’Australie qui s’est déroulé du 10 au 28 janvier 2018 à Melbourne, les températures extrêmes se sont abattues sur les joueurs de tennis et les spectateurs. Habituellement, la température maximale moyenne à Melbourne en janvier se situe autour de 26°C. En 2018, les températures ont dépassé les 40°C. Dans la nuit de la finale masculine, le thermomètre est monté au-dessus de 38°C dès 17h. Il est retombé sous les 30°C, seulement à 4h du matin. Après sa défaite en finale, Simona Halep a été hospitalisée pour déshydratation.
En 2014, les joueurs de tennis avaient déjà dû s’affronter sous des températures dépassant les 41°C pendant quatre jours consécutifs. Neuf joueurs avaient abandonné au premier tour. Et plus de 1.000 spectateurs avaient été pris en charge pour épuisement par la chaleur. En plein soleil, les chaussures et les bouteilles d’eau des joueurs avaient fondu.
Les chaleurs extrêmes ne font pas bon ménage avec le sport
Les chaleurs extrêmes sont déjà une préoccupation pour les événements sportifs de haut niveau. Les sports d’endurance en plein air sont particulièrement touchés. Ces chaleurs peuvent créer des conditions dangereuses pour les sportifs et les spectateurs. Outre l’Open d’Australie, de nombreux événements sportifs ont récemment dû faire face à cette problématique.
Lors du Tour de France 2015, les cyclistes ont pédalé sous des températures supérieures à 40°C. En avril 2012, lors du Marathon de Boston, 2.100 coureurs ont été soignés pour déshydratation et autres blessures liées à la chaleur, alors que les températures dépassaient les 30° C. Une température anormalement élevée pour le mois. Dernier exemple : au marathon de Chicago en octobre 2017, plus de 300 personnes ont été soignées et un coureur est décédé, alors que les températures dépassaient les 30°C. Une température presque deux fois supérieure à la moyenne mensuelle. À peine plus de la moitié des coureurs a terminé la course.
Si les températures continuent d’augmenter, ces problèmes deviendront de plus en plus sérieux. Selon une étude de l’Université de Californie à Berkeley, hors Europe, seulement huit villes de l’hémisphère nord pourraient être suffisamment accueillantes pour accueillir les Jeux olympiques d’été d’ici la fin du siècle. De son côté, Melbourne, devra faire face à plus de deux fois plus de journées chaudes d’ici la fin du siècle. À New York, qui accueille l’US Open, les températures supérieures à 32°C seront près de trois fois plus fréquentes au milieu du siècle.
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Des conditions météorologiques extrêmes multipliées
Le changement climatique s’accompagne déjà du développement des événements météorologiques extrêmes. La multiplication des chutes de pluie, des sécheresses, des inondations et l’élévation du niveau de la mer perturberont encore plus fréquemment et de manière plus grave les événements sportifs. Les inondations ou les sécheresses dégradent les stades, les terrains et les golfs. La hausse du niveau de la mer menace, entre autres, le surf et les sports nautiques.
À l’opposé, les sports d’hiver sont menacés par la baisse de la couverture neigeuse. En conséquence, les stations d’hiver ouvrent plus tard et pour des saisons plus courtes. Elles perdent ainsi des revenus, ce qui menace les sports comme le ski et le snowboard. Par manque de neige, les compétitions de sports d’hiver de la Coupe du monde ont été annulées à plusieurs reprises ces dernières années, que cela soit au Canada, en Finlande, en Allemagne et aux États-Unis.
Dans les Alpes, la couverture neigeuse pourrait chuter de 70% d’ici la fin du siècle, selon une étude parue dans The Cryosphere. Selon plusieurs études, plus de la moitié des stations de ski suisses ne seront plus viables dans les prochaines décennies. Les stations de ski auront également du mal à ouvrir assez longtemps pour être viables à travers le monde, que cela soit dans le nord-est des États-Unis, en Nouvelle-Zélande, au Japon, en Corée du Sud ou encore en Suède. Les changements climatiques augmenteront également les risques d’avalanches. Résultat : la hausse des températures menace les Jeux olympiques d’hiver. En 2050, près de la moitié des sites qui les accueillent actuellement Jeux pourraient ne plus être en capacité de le faire.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com, en collaboration avec European Climate Foundation