Ce lundi, la troisième conférences des Nations unies sur l’océan (Unoc3) s’est ouverte à Nice. Jusqu’au 13 juin, plus de 120 pays se réunissent pour renforcer la conservation des océans, des mers et des ressources marines d’ici 2030. Natura Sciences couvre l’événement.

Après deux premières éditions, à New York en 2017 et à Lisbonne en 2022, la France et le Costa Rica coorganisent la 3e Conférence des Nations unies sur l’Océan (Unoc3) à Nice, du 9 au 13 juin 2025. L’Unoc découle de l’Agenda 2030 des Nations Unies et de son objectif n°14 dédié à la conservation et l’utilisation durable des océans, des mers et des ressources marines, d’ici 2030. Contrairement aux COP Climat, Biodiversité et Désertification, elle ne repose sur aucun traité international et ne constitue pas une enceinte de négociation formelle. L’Unoc3 vise permettra aux États de renforcer leurs engagements, leur coopération et relancer le multilatéralisme autour de l’atteinte de l’objectif de développement durable n° 14 des Nations unies.
À l’issue de la conférence, il n’y aura pas d’accord contraignant, mais une déclaration politique et une liste d’engagements volontaires, le « Plan d’action de Nice pour l’océan ». Les trois enjeux majeurs au cœur des échanges couvrent la protection de la haute mer, la protection des grands fonds marins et la création d’aires marines protégée. Pendant une semaine, plus de 120 pays, 50 chefs d’état et de gouvernements se réuniront, aux côtés de scientifiques, entreprises, ONG, collectivités et représentants de peuples autochtones.
1/ L’entrée en vigueur du traité sur la Haute mer
La question du Traité sur la biodiversité en haute mer (BBNJ), qui vise à protéger les eaux internationales, constitue un enjeu majeur de la conférence. Adopté en mars 2023, ce traité doit être ratifié par 60 pays pour entrer en vigueur. En ouverture, Emmanuel Macron a confirmé l’entrée en vigueur prochaine du Traité. Une cinquantaine de ratification ont déjà été déposées, et 15 pays se sont formellement engagés à le faire d’ici la fin de l’année (suivre ici l’enregistrement des ratifications). Ce traité « donne des règles, va permettre de lutter efficacement contre la pêche illégale, va permettre de protéger les deux tiers de nos océans », se félicite Emmanuel Macron.
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2/ La protection des grands fonds marins
33 États ont créé une commission pour promouvoir un moratoire sur l’exploitation des grands fonds marins. « C’est une nécessité internationale », martèle Emmanuel Macron, afin de protéger les puits de carbone, les espèces inconnues. « C’est de l’obscurantisme que de faire de l’exploitation avant d’avoir commencé l’exploration ». Un tacle à Trump qui a signé début mai un décret pour autoriser le deep-sea mining, c’est-à-dire l’exploitation minière des grands fonds marins,dans l’espace maritime des États-Unis, mais aussi dans les eaux internationales.
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Emmanuel Macron dénonce cette décision unilatérale et invite les pays à se refuser toute autre exploitation de ces fonds. « Les abysses ne sont pas à vendre. Pas plus que le Groenland n’est à prendre. Pas plus que l’Antarctique ou la Haute mer ne sont à vendre. Pas plus que les licences des pays en développement ne sont à donner. »
3/ Atteindre l’objectif « 30 x 30 »
L’accord de Kunming-Montréal signé lors de la COP15 biodiversité s’engage à enrayer la destruction de la biodiversité et de ses ressources. Pour y parvenir, les États se sont mis d’accord sur le principe d’un « cadre mondial pour la diversité ». Parmi les 23 mesures de la feuille de route, la plus importante est l’objectif de « conserver et gérer efficacement au moins 30% des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines » d’ici 2030.
Mais nous en sommes encore loin. À ce jour, 8% des mers sont protégées, rappelle Emmanuel Macron. « Cette semaine, va permettre d’augmenter ces aires marines protégées à travers la planète », espère-t-il. Si près de 43% de sa surface maritime participe à des programmes de conservation, la France va renforcer son niveau de protection. Les écosystèmes les plus sensibles seront classés en protection forte et les activités humaines davantage réglementées. Dans ces zones, le chalutage de fond sera interdit. « Cela permettra de doubler notre zone de protection forte dans notre zone économique exclusive », annonce Emmanuel Macron La Polynésie française vient d’annoncer la protection de plus de 4 millions de km2 dont 900 000 km2 en protection forte.
Le Guide des AMP comporte quatre niveaux de protection : protection totale, protection élevée, protection légère et protection minimale. Fin 2026, 4 % des eaux hexagonales seront sous protection forte (totale ou élevée) contre 0,1% aujourd’hui. Et 14,8% des eaux françaises, outre-mer compris, seront sous protection forte, contre 4,8% aujourd’hui.Le reste des AMP correspond à des niveaux de protection légère ou minimale.
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Tout au long de la semaine, d’autres sujets importants seront au menu de l’UNOC. Il s’agira notamment de lutter contre la pêche illégale, les pollutions de toutes sortes avec un focus sur la pollution plastique, décarboner le transport maritime et mobiliser les financements publics et privés.