Depuis le début de la semaine, c’est le branle-bas de combat au gouvernement. Après une prise de parole d’Emmanuel Macron dimanche soir, puis à nouveau lundi, la ministre de la Transition énergétique a fourni quelques précisions ce mardi 26 septembre. Résumé des annonces de ce début de semaine.
L’annonce était attendue depuis plusieurs mois. Emmanuel Macron a enfin énoncé les contours de sa vision de l’ « écologie à la française » ce lundi 25 septembre. En sortie du Conseil de planification écologique, il a expliqué qu’il s’agissait pour lui d’une « écologie qui crée de la valeur économique », d’une « écologie compétitive » qui favorise l’industrie verte, « basée sur la science et sur les résultats objectifs ». Il y voit aussi « une écologie souveraine » pour réduire la dépendance aux énergies fossiles. En somme, il s’agit d’une écologie qui repose sur la croissance économique, la réindustrialisation « verte » de la France, et donc sur les entreprises et le marché.
Pour tenir l’objectif de réduire de 55% ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 par rapport à 1990, il faudra les baisser de 5% par an sur la période 2022 – 2030. C’est « 2,5 fois plus vite » que sur ces dernières années, a partagé le président. Pour y parvenir, la planification écologique prévoit des « dizaines d’actions ». Mais pour l’instant peu de mesures concrètes ont leur plan de mise en œuvre. Fruit de 14 mois de travaux et de concertation, à ce stade, la planification écologique constitue plutôt une multitude de feuilles de routes à construire. Le président évoque toutefois un budget : 7 milliards supplémentaires dans le budget vert en 2024, pour un total de 40 milliards d’euros.
Les transports, au cœur de la stratégie d’aménagement
Concernant le renouveau industriel de l’industrie ferroviaire, Emmanuel Macron a insisté sur le rôle des transports dans l’aménagement du territoire. Pour financer les nouveaux RER métropolitains annoncés en novembre 2022 et favoriser ainsi le transfert de la voiture individuelle vers les transports en commun, il a expliqué avoir finalement retenu « 13 projets » pour un coût total de « 10 milliards d’euros ». L’État engagera une enveloppe de 700 millions d’euros dès cette année pour accompagner les projets. La signature des contrats de plan État – Région devrait intervenir en octobre.
Concernant la voiture électrique, l’objectif reste de produire au moins un million de véhicules en France d’ici 2027, une annonce faite en octobre 2022. Les quatre grandes usines de production de batteries électriques en cours de construction ouvriront à cet horizon. Elles devraient permettre à la France d’exporter ses batteries à l’international. Dès 2024, un système de leasing de véhicules électriques fabriqués en Europe sera aussi proposé aux Français à 100 euros par mois. L’offre commencera avec « quelques dizaines de milliers de modèles ».
Une industrie des pompes à chaleur et une électricité compétitive
Le président de la République n’a finalement pas retenu l’interdiction de vente des chaudières à gaz. « Parce que nous sommes une grande nation de production de chaudières a gaz », a-t-il justifié. Il s’agira donc de développer une filière industrielle de production de pompes à chaleur (PAC), avec pour objectif de tripler la production et d’atteindre ainsi un million de PAC produites par an d’ici 2027.
Enfin, Emmanuel Macron a annoncé pour octobre le lancement d’un mécanisme qui permettrait de « reprendre le contrôle du prix de l’électricité au niveau français et européen ». L’État, actionnaire à 100% d’EDF, souhaite que les prix de l’électricité soient les plus proches des coûts de production du nucléaire historique pour soutenir consommateurs et compétitivité industrielle. Ces prix de l’électricité devraient assurer la compétitivité et donner de la visibilité aux ménages et aux industriels, a promis de son côté le président de la République.
Sobriété, déploiement du solaire et de l’éolien terrestre
Dimanche, Emmanuel Macron a annoncé l’objectif de sortie du charbon d’ici 2027, repoussé de cinq ans en raison de la crise énergétique actuelle. À l’issue du Conseil de planification écologique organisé à l’Élysée, il a alors défendu une stratégie énergétique basée sur le triptyque « sobriété – efficacité énergétique, déploiement des ENR et [relance du] nucléaire ». Le « nouveau cap » incluant ces choix énergétiques sera décliné dans une loi énergie-climat et plusieurs décrets.
Mardi 26 septembre, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique en a dessiné les grandes lignes, lors d’un point presse, puis devant les professionnels du secteur réunis à l’occasion du colloque du Syndicat des énergies renouvelables à Paris. Dans le cadre de la nouvelle Programmation Plurianuelle de l’Energie (PPE), Agnès Pannier-Runacher projette un doublement de la production photovoltaïque et de biogaz, ainsi qu’une stabilisation de l’installation d’éoliennes terrestres sur le rythme de 2022. Suivant les premiers résultats, il sera possible de renforcer ces objectifs, assure-t-elle. Elle a également partagé l’objectif d’ »une multiplication par quatre » pour la géothermie, et d’une hausse « importante » du Fonds chaleur, géré par l’Ademe.
Éolien en mer et relance du nucléaire
L’éolien en mer sera également à l’honneur ces prochains mois. Un grand débat national conduit sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP) sera lancé en novembre. D’une durée de six mois, il aboutira à une cartographie des zones propices au développement de l’éolien en mer sur les quatre façades maritimes, précise le cabinet de la ministre. « Un appel d’offres d’une taille inédite sera ensuite lancé afin d’atteindre cet objectif de 18 gigawatts en production d’ici 2035″ , a partagé la ministre avec les professionnels.
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Devant la presse, Agnès Pannier-Runacher a expliqué que la PPE intégrera également la relance du nucléaire, avec « la construction de 6 EPR 2 et la préparation d’un second palier équivalent à 8 nouvelles tranches, le lancement d’un programme SMR [les petits réacteurs modulaires] en vue d’une décision de construction avant 2030″. Dans la continuité du Conseil de planification écologique, elle réunira le 28 septembre une grande conférence internationale sur le nucléaire avec un message très clair : « l’indispensable relance du nucléaire partout dans le monde avant la COP28″, selon ses mots. Elle en a enfin profité pour rappeler que le démantèlement de l’IRSN et son « rapprochement » avec l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) était toujours sur la table. Et ce, afin de « réformer la gouvernance de notre système de sûreté nucléaire ».
L’industrie au cœur de la transformation écologique
En novembre 2022, Emmanuel Macron avait réuni les dirigeants des cinquante sites français les plus émetteurs de dioxyde de carbone. Il avait alors annoncé une baisse de 20 millions les émissions de CO2 de ces 50 sites, qui atteignent 54 millions aujourd’hui. Ce lundi, le chef de l’Etat a annoncé que les plans seraient signés d’ici d’ici début novembre pour une baisse de 45% les émissions d’ici 2030.
Le président annonce aussi le lancement de deux nouveaux chantiers industriels. Le premier concerne le lancement d’ « un grand inventaire de ressources minières nécessaires à la transition écologique » et des « gisements d’hydrogène naturel » dans les sous-sols français. Les travaux sur cette cartographie commenceront dès le 27 septembre avec le BRGM, a annoncé Agnès Pannier-Runacher.
Le deuxième chantier concerne « les technologies de rupture, en particulier l’hydrogène et capture et séquestration de carbone ». Sur le sujet de la capture, du stockage et de l’utilisation du carbone, une consultation stratégique auprès des industriels est en cours jusqu’au 29 septembre. À l’issue, l’objectif sera de développer « au moins un site en France », a annoncé le chef de l’Etat.