Emmanuel Macron a présenté ce mardi 12 octobre à l’Élysée son plan d’investissement de 30 milliards d’euros dans les secteurs et technologies du futur. Il fait le pari d’un avion bas carbone à 2030, de la voiture électrique et hybride, de l’innovation, de petits réacteurs nucléaires modulaires, de l’hydrogène et de la robotisation de l’agriculture.
Dans sa présentation du plan France 2030, le président de la République a évoqué les grands défis qui attendent la France. L’objectif d’Emmanuel Macron est notamment de rivaliser avec les États-Unis et la Chine. Au total, 50% du plan est dédié à la transition écologique. Retour sur ces annonces faites face au défi climatique.
Premier avion bas carbone d’ici 2030
Un premier avion bas carbone d’ici 2030 ? « Je pense que c’est tout à fait faisable », tranche Emmanuel Macron. Pourtant, les meilleurs experts lui auraient dit jamais avant 2035. « Mais comme ces derniers me disaient il y a un an « vous n’aurez pas de vaccin », je me dis que je suis beaucoup trop pessimiste à dire 2030″, ironise-t-il. Pour rappel, le premier vol international d’un avion au carburant composé à 97 % d’essence renouvelable avait lieu en juin dernier.
Lire aussi : Le premier vol “historique” d’un avion alimenté à 97% de biocarburant
Sur tous ces sujets, le président estime qu’il s’agit de mobilisation et de concentration des efforts. « On ne doit pas être les otages de nos processus passés », a déclaré le président. Rappelant que la France est un pays d’aéronautique, Emmanuel Macron défend un « projet français que nous allons européaniser un maximum. »
Produire près de 2 millions de véhicules électriques et hybrides
« Il faut répondre au défi de nos modes de transport », a protesté Emmanuel Macron. Ainsi, l’objectif est de produire en France à l’horizon 2030 près de 2 millions de véhicules électriques et hybrides. « Nous voulons continuer de produire, nous croyons dans l’industrie et nous devons continuer de réduire nos émissions », a alors exprimé le président.
Pour cela, il souhaite convertir le parc automobile français avec des véhicules moins polluants, hybrides ou de dernière génération. « Nous, grande nation de l’automobile, nous ne voulons pas devenir la nation qui roulera le plus vert avec des voitures qui ne sont pas produites chez nous », a assuré Emmanuel Macron.
Réindustrialiser la France pour « redevenir une grande nation d’innovation et de production »
Innovation et production doivent faire bon ménage. Emmanuel Macron le cède : « on avait dans les débats séparé ces deux sujets, force est de constater que nous nous sommes trompés. » Car lorsqu’on désindustrialise, le président affirme que l’on perd de la capacité à tirer de l’innovation. « Y compris de l’innovation incrémentale qui nourrit le dialogue avec l’innovation de rupture. C’est un continuum », a argumenté le président.
Sur le plan de la santé, Emmanuel Macron a avoué avoir « laissé notre tissu de l’industrie pharmaceutique flétrir. » Pour lui cela ne fait aucun doute, c’est l’une des raisons pour lesquelles « nous avons une innovation en santé qui a perdu des rangs au niveau de la compétition internationale. » Si on ne réindustrialise pas le pays, le président estime « qu’on ne pourra pas redevenir une grande nation d’innovation et même de recherche. »
1 milliard d’euros pour le nucléaire
Le président de la République n’a pas hésité à rendre hommage aux 200 000 Français qui travaillent dans le nucléaire, qui « sont une chance. » Avec 58 réacteurs répartis dans 19 centrales, la France est la première nation au monde en nombre de réacteurs par habitant.
Emmanuel Macron en est certain : « nous devons réinvestir pour être à la pointe de l’innovation de rupture dans ce secteur. » Il a ajouté que l’idée est de se préparer à des technologies de rupture et de transformation profonde sur le nucléaire. Notamment via la promesse des small modular reactors (SMR) et les technologies pour mieux gérer nos déchets.
Pour y parvenir, Emmanuel Macron entend « ouvrir le jeu de manière inédite. Nous sommes prêts à investir 1 milliard d’euros d’ici 2030. » À cet égard, il a appelé à lancer plusieurs projets sur des familles technologiques différentes. En définitive, le président veut « traiter deux sujets clés : améliorer la sûreté en baissant les couts et réduire les déchets. »
Devenir le leader de l’hydrogène vert en 2030
Tout comme Angela Merkel le défend pour l’Allemagne, Emmanuel Macron veut faire de la France le leader de l’hydrogène vert en 2030. « C’est un des secteurs où nous pouvons être leaders », a affirmé le président. Il assure que le pays a ses atouts, « à commencer par le nucléaire. Car pour produire de l’hydrogène, il faut de l’électricité et de l’électrolyse. »
Lire aussi : Lhyfe : la promesse de l’hydrogène vert
Emmanuel Macron a présenté deux grandes stratégies de production. La première, « produire l’électrolyse très loin et réimporter l’hydrogène, un peu comme on fait avec le gaz liquéfié. » Mais la deuxième stratégie est pour le président « le cœur de la nôtre. Essayer de produire beaucoup chez nous car on a la possibilité de faire de l’électrolyse très décarbonée. » C’est-à-dire soit à partir d’énergies renouvelables et de nucléaire.
Accélérer la robotisation et la numérisation de l’agriculture
Afin de rendre le secteur plus compétitif, deux milliards d’euros seront consacrés à l’agriculture. Ces investissements se destinent aux technologies « du numérique, de la robotique et de la génétique », a annoncé Emmanuel Macron. Ainsi, « cela passe par des technologies de rupture », a affirmé le président. Ce dernier a notamment évoqué la robotique qui permettrait d’améliorer la qualité de vie des producteurs et de réduire l’usage de pesticides.
L’objectif est ainsi de répondre à plusieurs enjeux. D’abord, « produire de manière saine, durable et traçable », a assuré le président qui veut produire davantage tout en décarbonant l’agriculture. Emmanuel Macron a également promis de « remettre de la valeur de l’agriculture » en permettant aux agriculteurs d’être « payés pour ce qu’ils font. »
Le plan d’investissement d’Emmanuel Macron se centre sur l’industrie de demain et des technologies qui lui incombent. Cependant, France Nature Environnement déplore que l’enjeu soit « manifestement davantage économique qu’environnemental malgré l’urgence climatique et écologique. » Notamment la « pseudo innovation que seraient les mini centrales nucléaires, qui plus est en dehors de tout cadre légal », dénonce Arnaud Schwartz, président de la fédération.
Jeanne Guarato