Le troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) est enfin dévoilé par le gouvernement, après plusieurs mois de report. Il comprend 51 mesures, visant à protéger la population et les infrastructures face au changement climatique, à garantir la résilience des territoires et des secteurs économiques, dans une France à +4°C en 2100. Mais le plan a fait les frais de la rigueur budgétaire.
Lors d’un déplacement à Givors et à Eveux, dans le Rhône, ce vendredi 25 octobre, Michel Barnier a lancé une consultation nationale de deux mois sur le troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC). Alors que la hausse des températures a déjà atteint +1,7°C en France hexagonale depuis 1900, ce PNACC vise à préparer l’adaptation des territoires et des acteurs socio-économiques à une France à +2,7°C en 2050 et +4°C 2100. Cette « trajectoire de référence », ou TRACC, doit devenir le scénario climatique de référence pour tous les scénarios d’adaptation des collectivités et les documents de planification publique.
Sur le papier, le PNACC propose seulement d’augmenter le fonds Barnier de 75 millions d’euros en 2025 pour atteindre 300 millions d’euros d’engagements annuels. Ce fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM) soutient des mesures de prévention ou de protection des personnes et des biens exposés aux risques naturels majeurs. Pour le reste, « nous veillerons à ce qu’une part substantielle du fonds vert, même s’il est contraint […] soit consacrée à l’adaptation au changement climatique, et mobiliser des financements européens », prévient Michel Barnier. Afin de justifier le manque de précisions concernant les financements alloués à l’adaptation, Michel Barnier insite sur l’obligation de rigueur budgétaire du Gouvernement.
Mieux protéger la population face aux risques climatiques
Le PNACC vise à renforcer la protection de la population via une prévention accrue contre les risques climatiques, tels que les inondations, les feux de forêts, l’érosion côtière et le retrait-gonflement des argiles. Outre le renforcement du fonds Barnier, ce plan projette de réformer les systèmes d’assurance et de préparer la Sécurité Civile à la hausse des risques « naturels ». Une cartographie d’exposition aux risques naturels verra ainsi le jour d’ici 2027 pour mieux informer la population. Elle intégrera l’ensemble des aléas climatiques – inondations, incendies de forêt, submersions, cyclones… – et les effets prévisibles du changement climatique d’ici 2050.
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Confort d’été des bâtiments, renforcement des équipements de protection ou des horaires de travail pour les travailleurs, nature en ville, qualité de l’air… Le PNACC porte une attention particulière aux risques sanitaires liés aux fortes chaleur et aux impacts sur les populations les plus vulnérables. Il projette également d’assurer la résilience des territoires, des infrastructures et des services essentiels.
Des études de vulnérabilité bientôt obligatoires
Le PNACC vise à lancer des études de vulnérabilités pour cartographier les risques et vulnérabilités des principales infrastructures de santé, de transports, du système énergétique et de communication électronique. Pour la SNCF et EDF, l’objectif est de finaliser ces études en 2025. « Les études de vulnérabilité vont être un grand axe de ce plan d’adaptation pour essayer d’avoir à la fin une cartographie assez précise des risques et des vulnérabilités des différentes infrastructures comme les établissements de santé, les infrastructures de transport, les infrastructures de sécurité, afin de planifier au mieux l’adaptation », confirme le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique.
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Cette disposition deviendra bientôt obligatoire pour les plus grandes entreprises. « L’étude de vulnérabilité sera progressivement obligatoire pour les grandes entreprises et les entreprises stratégiques, à commencer, dès 2025, par les grandes entreprises gérant des infrastructures de transport et d’énergie et, dès 2026, pour les opérateurs d’importance vitale », précise le PNACC. Toutefois, c’est plus flou lorsqu’on s’intéresse aux plans d’actions qui en découleront. Le PNACC « encourage » simplement la transformation de « tous les secteurs économiques » pour que les entreprises intègrent l’adaptation au changement climatique dans leurs stratégies.
Adapter (mais pas trop) les secteurs économiques
Les entreprises n’auront donc pas d’obligation d’élaborer un plan d’adaptation au changement climatique. Pire ce plan pourrait passer totalement à côté du défi de l’adaptation en valorisation des actions à la marge d’entreprises. « Dans le PNACC, il n’y a pas une obligation formelle dans les mesures à s’engager, sachant que la plupart des mesures ont déjà été concertées avec les acteurs économiques et ont été construites avec eux, donc ce sont généralement déjà des choses sur lesquelles ils s’engagent déjà et que l’on valorise dans le PNACC », prévient le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher. De là à imaginer que le plan puisse servir de greenwashing pour certaines entreprises, il n’y a qu’un pas.
Voyons toutefois le côté positif. Un rapport de la Cour des comptes paru à l’été 2023 dresse plusieurs propositions concernant la résilience des stations de montagne. Il préconise notamment l’élaboration de « plans d’adaptation » pour chaque station de montagne et le conditionnement des financements publics à l’existence et au respect de ces plans. Le PNACC retient cette proposition et stipule : « à compter de 2025, tout soutien public dans les stations, que ce soit en montagne ou sur le littoral, sera conditionné à la réalisation d’un plan d’adaptation au changement climatique selon la TRACC ».
Les deux mois qui s’ouvrent vont permettre à l’ensemble des acteurs et citoyens de s’emparer du plan et donner leur avis sur www.consultation-pnacc.ecologie.gouv.fr. « Nous entrons dans une époque où il faudra parler davantage de ménagement du territoire », prévient le Premier ministre. Attention néanmoins à ne pas trop ménager l’ambition du plan.