Jusqu’au 2 mars, l’assemblée de l’ONU pour l’environnement s’attèle à trouver une solution face à l’ampleur de la pollution plastique. Pour la première fois, un texte « juridiquement contraignant » pourrait voir le jour sur cette question. Le comité intergouvernemental chargé de la négociation devrait en proposer un d’ici 2024.
Se dirige-t-on vers une entente mondiale pour faire face à la pollution plastique ? L’ONU est « tout près » d’un consensus. Celui-ci permettra de lancer des discussions sur un traité international « historique » contre « l’épidémie » de pollution plastique. C’est ce qu’a annoncé le 28 février le Norvégien Espen Barth Eide, président de cette cinquième Assemblée des Nations unies pour l’environnement (Anue). L’événement réunissant les ministres de l’Environnement, se déroule à Nairobi, au Kenya. Un système de visioconférence permet également de suivre les négociations qui se déroulent jusqu’au 2 mars.
« Ça se présente bien. Nous sommes tout près (de lancer les discussions sur) un traité légalement contraignant pour mettre fin aux déchets plastiques« , s’est réjoui le ministre norvégien de l’Environnement Espen Barth Eide, après avoir ouvert l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement.
Un texte contre la pollution plastique pour 2024
L’Anue a mis en place un « Comité intergouvernemental de négociation ». Son rôle est de proposer un texte juridiquement contraignant d’ici sa prochaine réunion. Celle-ci aura lieu en 2024. Selon ses responsables, les négociateurs disposent d’un mandat « robuste ». Ces derniers devraient notamment se pencher sur la question du « cycle de vie » complet du plastique. Ainsi les observations porteront sur toute la chaîne, de la production à la gestion en fin de vie, ou au recyclage. De ce fait, l’usage d’autres produits en plastique pourrait être fortement limité, en particulier ceux à usage unique.
Le mandat prévoit également de négocier des objectifs mondiaux chiffrés avec des mesures de contrôle. Le Comité de l’Anue annonce aussi l’élaboration de plans nationaux, et d’un système d’aide pour les pays en développement. L’objectif sera de lutter contre la pollution plastique sur terre et en mer, y compris celle des microplastiques.
« Nous sommes satisfaits à 100%. Le texte d’origine a même été amélioré sur plusieurs points », a relevé Ana Teresa Lecaros, directrice pour l’environnement au ministère des Affaires étrangères du Pérou, pays cosignataire d’un des projets de résolution sur lesquels ont travaillé les délégués. Inger Andersen, directrice exécutive de l’agence de l’ONU sur l’environnement (Unep) assure que l’ouverture des négociations sur un traité plastique est « historique ».
Un texte « juridiquement contraignant » sur la pollution plastique
Inger Andersen, directrice exécutive de l’agence de l’ONU sur l’environnement (Unep), s’est, elle aussi, félicitée de « l’accord » autour de ce texte commun. Selon l’économiste danoise, cette ébauche évoque une pollution qui va « de la source jusqu’à la mer » et utiliserait les mots « juridiquement contraignant ». Le texte parle aussi de« financements et de la nécessité d’avoir une forme de surveillance ». Ces points correspondent aux principales revendications des militants écologistes.
Inger Andersen a souligné la « responsabilité énorme » pesant sur l’Anue. Il lui revient de prendre la décision « historique » d’ouvrir la voie à un traité qui serait, selon elle, la principale avancée en matière d’environnement depuis l’Accord de Paris de lutte contre le réchauffement climatique en 2015.
La pollution plastique, « bombe à retardement mortelle »
Les ONG et observateurs se montraient prudemment optimistes. « Avec un tel soutien des gouvernements, de l’industrie et de la société civile, nous attendons l’adoption d’une décision confirmant qu’il y aura un traité fort et juridiquement contraignant », a déclaré à l’AFP Eirik Lindebjerg, responsable du dossier plastique pour WWF International. Même son de cloche chez les activistes africains. « La pollution plastique est une bombe à retardement mortelle. Une solution à la mesure du problème n’est pas seulement essentielle, mais non-négociable », a insisté de son côté Erastus Ooko, en charge du dossier pour Greenpeace Afrique.
Plusieurs grandes multinationales, dont certaines utilisant beaucoup d’emballages plastique comme Coca-Cola ou Unilever, ont l’an dernier plaidé pour un texte international fixant des règles communes, mais sans s’avancer sur des mesures précises. Sur 460 millions de tonnes de plastiques produites en 2019 dans le monde, moins de 10% sont actuellement recyclées et 22% abandonnées dans des décharges sauvages, brûlées à ciel ouvert ou rejetés dans l’environnement, selon les dernières estimations de l’OCDE.
Chaymaa Deb avec AFP