Organisé par l’Élysée dans la lignée d’autres sommets sous la bannière « One Planet » ces dernières années, le One Planet Polar Summit est le premier sommet consacré aux glaciers et aux pôles. Il s’est tenu à Paris du 8 au 10 novembre.
Le One Planet Polar Summit a réuni des scientifiques, des chercheurs et des politiques d’une quarantaine de pays et régions glaciaires et polaires au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris du 8 au 10 novembre. Ce sommet international visait à partager les constats et les projections de la communauté scientifique sur la fonte des glaces due au changement climatique, et proposer des recommandations aux gouvernements pour une meilleure protection des régions glaciaires et polaires.
« La recherche polaire a besoin de moyens, ils sont très insuffisants », s’est alarmé Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur de France pour les pôles et l’océan en ouverture du sommet. « Il faut vraiment faire prendre conscience à tous les leaders que c’est un espace fragile », a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il fallait garantir l’accès aux scientifiques à ces régions pour mieux appréhender les répercussions du réchauffement climatique sur la cryosphère, l’ensemble des glaces présentes sur Terre : banquise, glaciers, icebergs ou permafrost.
L’appel de Paris sur les pôles et les glaciers
En clôture du sommet, Emmanuel Macron a lancé l' »appel de Paris sur les pôles et les glaciers ». Selon le président français, il réunit déjà « une trentaine d’États signataires ». Parmi eux, plusieurs pays européens mais aussi l’Inde, Singapour, la Corée du Sud, Tuvalu et l’Australie.
Lire aussi : Antarctique : un nouveau souffle pour renforcer les mesures de protection ?
Cet appel vise à renforcer la coopération internationale pour mieux protéger les pôles et les glaciers. Il s’agit aussi de renforcer l’étude des répercussions du réchauffement sur les glaciers et les pôles, ainsi que la prévention et l’adaptation des politiques du climat face à l’érosion accélérée de la cryosphère.
1 milliard d’euros d’ici 2030 et un nouveau bateau
Dans le cadre de la stratégie polaire française, Emmanuel Macron a annoncé que la France investira un milliard d’euros « d‘ici 2030″ dans la recherche polaire. Dans le cadre de France 2030 notamment, la France soutient le projet Polar Pod de Jean-Louis Étienne dans l’océan Austral et la Tara polar station portée par la Fondation Tara.
La France construira aussi un navire capable de naviguer dans les glaces qui encombrent les mers polaires et qui peuvent atteindre plusieurs mètres d’épaisseur. Basé entre Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, et Hobart, en Australie, ce bâtiment capable de naviguer dans les glaces qui encombrent les mers polaires et qui peuvent atteindre plusieurs mètres d’épaisseur, se partagera entre le Pacifique Ouest et l’Antarctique. Il portera le nom de l’ex-Premier ministre Michel Rocard, qui fut le premier ambassadeur de France pour les pôles, a précisé le président français.
La France reconstruira dès 2026 sa station Dumont d’Urville sur la péninsule antarctique et s’emploiera à la rénovation de la station franco-italienne Concordia, en tenant le cap des meilleurs standards environnementaux, a encore dit le chef de l’Etat, ajoutant que Paris participerait en lien étroit avec ses partenaires européens à un grand projet de recherche en Antarctique Est, où les connaissances sont encore limitées.
Maintenir le dialogue avec la Russie
Face à « l’effondrement » des surfaces gelées de la planète, un défi « inédit » et « civilisationnel » pour l’humanité, Emmanuel Macron a plaidé pour « un niveau de coopération inédit » malgré le « regain des tensions géopolitiques« . La guerre en Ukraine « vient fragiliser la coopération avec de grandes puissances géopolitiques et scientifiques », a-t-il relevé, dans une allusion à la Russie. « Malgré toutes ces tensions, il est clair que nous devons agir, faire des pôles et glaciers des espace privilégiés de paix, de coopération scientifique et environnementale« , a-t-il encore souligné.
En dépit de la guerre en Ukraine, la France a plaidé jeudi pour le maintien d’un “dialogue” avec la Russie en matière de recherche, notamment concernant les glaces et les pôles. “On ne pourra pas résoudre ces défis à l’échelle de la France ou à l’échelle de l’Europe. Quand on parle pôles arctique et antarctique et climat, on a besoin de base de données représentative de la planète”, a avancé Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur.
“Il va nous manquer des données sur les permafrosts (en Russie) et ça c’est problématique”, a-t-elle donné en exemple. La Russie abrite en effet une part importante du pergélisol – sol gelé en permanence – aussi connu sous le nom anglais de permafrost.
Matthieu Combe avec AFP