Cela fait un an que Nicolas Hulot a troqué sa casquette d’animateur préféré des Français contre celle de ministre de la transition écologique et solidaire. Sa nomination a suscité beaucoup d’espoirs chez les écologistes. Un an après, son bilan interroge. Alors, quels changements, ses réformes vont-elles entraîner dans votre quotidien?
On entend souvent que la politique n’a pas d’impact sur la vie quotidienne, rien n’est moins vrai. Concrètement, alors que Nicolas Hulot a obtenu l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le changement de vie est important pour les zadistes qui sont en train de se faire expulser. En revanche, pas grand chose ne changera pour les habitants du Grand Ouest qui rêvaient de bétonner un peu plus de terres cultivables.
Des changements sur le long-terme
La majorité des décisions prises par Nicolas Hulot vont changer petit à petit vos vies. Les gros changements apparaîtront au grand jour entre 10 et 30 ans. En effet, à travers son Plan Climat, Nicolas Hulot prévoit que la France atteigne la neutralité carbone en 2050. Cela ne veut pas dire que vous n’émettrez plus de carbone. Simplement, la France devra avoir déployé les technologies les plus propres dans tous les domaines.
Même si la France a peu de puits de pétrole et de gaz, elle ne devrait plus exploiter d’hydrocarbures sur son territoire en 2040, malgré de nombreuses dérogations. Cela ne changera certes pas grand chose à votre vie. Le rapprochement de la fiscalité du diesel et de l’essence à la pompe d’ici 2022 vous concerne certainement plus. Concrètement, vous paierez de plus en plus cher pour votre plein de réservoir. Il s’agit d’une première étape. Car dès 2040, la vente de voitures à essence et diesel sera interdite.
Demain, votre voiture roulera-t-elle à l’électricité, au biométhane, à l’hydrogène, au méthanol, à l’air comprimé…? Il reste à retenir les différentes technologies qui les remplaceront. Pour encourager les premiers français à se débarrasser de leurs vieux véhicules polluants et les remplacer par des voitures plus récentes, la prime à la conversion prévue lors de la mise à la casse d’un véhicule diesel concerne également les véhicules d’occasion.
Faciliter le recyclage et la rénovation
Avec sa secrétaire d’Etat Brune Poirson, Nicolas Hulot a lancé la feuille route pour l’économie circulaire. Celle-ci prévoit notamment le recyclage de tous vos déchets plastiques en 2025. Le tri sera facilité : les consignes seront étendues sur l’ensemble du territoire dès 2022 et les couleurs des poubelles seront harmonisées. Malgré quelques mesures intéressantes, cela ne suffira pas à basculer vers une diminution sensible de la consommation des ressources. Ne vous inquiétez pas, vous pourrez toujours utiliser du plastique à usage unique : des bouteilles, des briquets, des rasoirs et toutes sortes d’emballages souples. Et ils pourront toujours se retrouver dans les océans.
Par ailleurs, l’ancien animateur vient de lancer le plan quinquennal de rénovation énergétique des bâtiments. Toujours avec l’objectif de rénover 500.000 logements par an, dont 100.000 passoires thermiques (étiquetées de E à G) dans le parc social et 150.000 appartenant à des ménages propriétaires modestes. Si vous souhaitez rénover votre logement, vous pourrez bénéficier dès 2019 d’une prime d’un montant forfaitaire par type d’équipement installé. Et y ajouter l’éco-prêt à taux zéro, qui permet de payer le reste à charge.
La transition énergétique en question
Le plus grand revers du ministre est certainement le report à 2030 ou 2035 de la diminution de la part du nucléaire dans le production d’électricité à 50%. Cet objectif était initialement prévu pour 2025 et inscrit depuis 2015 dans la loi de transition énergétique. Pour y parvenir, il faudrait fermer entre 17 et 25 réacteurs nucléaires. « Impossible », juge Nicolas Hulot, sauf à relancer les énergies fossiles et les émissions de gaz à effet de serre. Il préfère prioriser la fermeture des quelques centrales utilisant du charbon d’ici 2022.
Concrètement, cela signifie que vous habiterez toujours proche d’un réacteur nucléaire en fonctionnement. Les énergies renouvelables continueront à se développer très lentement en France par rapport à ses voisins. Au final, la France accusera un retard de plus en plus grand et les créations d’emplois ne seront pas à la hauteur des espérances. La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) est toutefois en cours d’élaboration. Elle annoncera les projets énergétiques et le calendrier de fermeture de quelques réacteurs nucléaires pour 2019-2023.
Quelles actions pour l’eau et l’alimentation ?
Le glyphosate a été réautorisé en novembre 2017 pour cinq ans en Europe. La France a toutefois annoncé la sortie du glyphosate en trois ans, malgré l’opposition du monde agricole. Par ailleurs, le plan de réduction des pesticides du gouvernement contient plusieurs évaluations, mais peu de décisions de court-terme. En somme, votre alimentation contiendra encore des résidus de pesticides pendant quelques années.
Les Assises de l’eau sont lancées depuis fin avril. Jusqu’en juillet, la première séquence vise à relancer l’investissement dans les réseaux d’eau et d’assainissement, notamment pour réduire les fuites. D’août à novembre, la deuxième séquence traitera des aspects qualitatifs et quantitatifs des ressources en eau, afin d’aider les territoires à être plus résilients au changement climatique. Le ministre devrait également prochainement présenter un plan pour mettre fin à la déforestation importée en France. Cela empêchera par exemple d’incorporer du biocarburant à base d’huile de palme ou d’importer du soja «non-durable » issu de la déforestation pour nourrir le bétail français.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com