Natura Sciences est partenaire de la semaine de la Pêche responsable, organisée par MSC et ASC, en partenariat avec l’Institut océanographique. Du 19 au 25 février, l’objectif est de sensibiliser les citoyens à l’importance d’une pêche durable et d’une aquaculture responsable pour la préservation des océans.
Face à l’urgence de la protection des océans, l’Institut océanographique et France Nature Environnement (FNE) lancent un appel à l’action aux côtés du Marine Stewardship Council (MSC), et de l’Aquaculture Stewardship Council (ASC). « Les océans subissent aujourd’hui des pressions multiples parmi lesquelles les mauvaises pratiques de pêche, la surpêche et la pêche illégale qui entraînent un appauvrissement de la ressource et impactent les écosystèmes marins dans leur ensemble ; mais aussi la pollution ou le changement climatique », rappelle leur tribune.
Mieux exploiter les océans
Selon la FAO, 90 millions de tonnes de poissons sont pêchées chaque année dans les océans et rivières du globe. Depuis presque 30 ans, ce chiffre reste stable, malgré l’évolution de la flotte de bateaux et les améliorations techniques. Nous exploitons les océans à leur pleine capacité. Pour poursuivre notre consommation, nous allons chercher les poissons dans de nouvelles zones et au plus profond des eaux.
Résultat : selon la FAO, 31,4 % des stocks mondiaux de poisson sauvage sont surexploités. Les populations n’ont pas le temps de se renouveler et les populations diminuent. À côté, 58,1 % des stocks sont exploités au maximum de leurs capacités. Seulement 10,5 % sont sous-exploités.
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L’aquaculture, nouvelle réserve de poissons
La croissance de la consommation mondiale est désormais tirée par l’explosion de l’aquaculture. Celle-ci fournit désormais plus de 74 millions de tonnes de produits de la mer, soit 44 % de l’offre globale, contre seulement 7 % en 1974. C’est qu’il en faut du poisson pour répondre à la hausse de la consommation et à la croissance démographique ! La consommation a doublé en 50 ans et atteint au niveau mondiale 20 kg par habitant et par an.
« Ce développement rapide, s’il n’est pas maîtrisé, peut avoir des impacts néfastes pour l’environnement : dégradation de mangroves, pollution des eaux, rejets de produits chimiques et médicaments, interactions des poissons échappés avec les espèces sauvages », s’inquiètent les signataires de la tribune. Sans oublier les conditions sociales dans les sites d’élevage.
Un secteur très important au niveau mondial
Pour diminuer ces différents impacts, il est possible d’arrêter de manger de la viande et du poisson et de se tourner vers les solutions végétales. Mais tous les habitants de la planète ne sont pas prêts à passer le cap. Et comme la production de poisson est bien plus efficace en termes de consommation d’eau et d’énergie, il y a bien intérêt à favoriser un régime plus riche en poisson que de viande.
Dans le monde, le poisson représente 17 % des apports en protéines et jusqu’à 70 % dans certains pays côtiers. « Il fait vivre 10 à 12 % de la population mondiale, soit quelque 700 millions de personnes, en grande majorité en Asie (84 %) », insistent les signataires. La pêche est une source importante de revenus pour les pays en développement qui exportent une grande part de leur production. En France, par exemple, plus de 85 % des produits de la mer sont importés. « L’enjeu environnemental est donc bien plus global, puisqu’il pose des questions socio-économiques complexes à l’échelle du monde, auxquelles l’arrêt seul de la consommation de poisson ne pourrait répondre », affirme la tribune.
Alors, quelles sont les solutions ?
La première solution est évidemment de développer des programmes de certification et de labellisation crédibles. C’est la démarche de MSC pour les pêcheries et de l’ASC pour l’aquaculture. Mais il faut aussi promouvoir la disponibilité de ces produits en magasins. Récemment, 27 grandes entreprises, dont Carrefour, IKEA et Aldi, se sont engagés à développer ces offres certifiées.
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Si les solutions restent perfectibles, les signataires s’accordent à dire qu’ « il faut agir dès maintenant ». Il faut approfondir les connaissances scientifiques sur les stocks et continuer à améliorer les pratiques soutenables de pêche et d’aquaculture. Il faudra créer les conditions pour des approvisionnements en poisson plus responsables, expliquer les problématiques et solutions au grand public.
Mais ce n’est pas tout. Les signataires invitent l’ensemble des acteurs à rejoindre le mouvement vers une pêche durable : « Nous sommes convaincus que c’est avec la contribution de tous, pêcheurs et producteurs, entreprises de produits de la mer et distributeurs, scientifiques et associations environnementales, institutions pédagogiques et responsables politiques, mais aussi consommateurs, que nous parviendrons à mettre en place des solutions efficaces pour préserver les ressources et les écosystèmes aquatiques ».