Suite à un appel de l’ONU, responsables politiques, chercheurs et défenseurs de l’environnement débattent à Lisbonne depuis lundi. Ensemble ils entendent œuvrer à la défense et à la préservation de la santé fragile des océans.
Une conférence sur la santé des océans a débuté ce lundi 27 juin à Lisbonne. Réunissant des chefs d’Etats, des défenseurs de l’environnement ou des experts scientifiques, elle a pour but d’envisager des solutions pour préserver les espaces maritimes.
« Malheureusement, nous avons pris l’océan pour acquis. Nous sommes actuellement face à ce que j’appellerais un état d’urgence des océans », a déclaré António Guterres, le secrétaire général des Nations unies.
Un moratoire pour protéger les océans
« L’océan n’est pas un dépotoir. Il n’est pas une source de pillage infinie. C’est un système fragile dont nous dépendons tous » et « notre échec à préserver l’océan aura des effets en cascade », prévient António Guterres dans son discours d’ouverture de cette conférence de cinq jours. Une conférence, par ailleurs, plusieurs fois reportée pour cause de pandémie alors qu’elle devait d’abord se tenir en avril 2020.
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Dans son allocution, le président de l’archipel des Palaos, Surangel Whipps Jr., a plaidé en faveur d’un moratoire. Afin de protéger les fonds marins de l’extraction des métaux rares nécessaires à la fabrication de batteries électriques. « L’exploitation minière des fonds marins compromet l’intégrité de notre habitat océanique et devrait être découragée dans la mesure du possible », a-t-il déclaré, aux côtés du Premier ministre des Fidji, Frank Bainimarama.
En parallèle, la députée européenne française Marie Toussaint, accompagnée de deux autres parlementaires, est à l’initiative d’une “déclaration parlementaire mondiale pour un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins”. L’objectif : adopter un principe de précaution et interdire cette industrie dont les impacts potentiels pour la biodiversité peuvent être importants. Les ONG, notamment Greenpeace ont exprimé leur souhait de voir la France s’opposer à l’exploitation minière des fonds marins. Afin que le pays ne reste pas « aux abonnés absents de cet enjeu ».
Un danger, six mille mètres sous la surface
Sur la terre ferme « nous pouvons au moins surveiller, voir et résoudre les problèmes, et minimiser les dégâts. Six mille mètres sous la surface, qui regarde ? », a déclaré déclaré Sylvia Earle, ancienne directrice scientifique à l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).
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10% des océans du monde sont actuellement sous surveillance. « 100 pays ont rejoint une coalition préconisant de réserver 30% de la surface terrestre et océanique de la planète à des zones protégées d’ici 2030 », a annoncé le ministre britannique Zac Goldsmith. « En travaillant avec des scientifiques, nous avons décidé qu’il fallait que 30% de notre zone maritime soit protégée, et nous l’avons fait », a déclaré à l’AFP le président sortant colombien Iván Duque.
Le sommet des Nations Unies sur la biodiversité se tiendra en décembre à Montréal. Cette coalition pourrait être la pierre angulaire d’un traité qui devrait voir le jour au terme du sommet. Les Etats-Unis, les pays de l’Union européenne, le Mexique, le Canada, le Japon et l’Inde soutiennent cette initiative. La Chine, la Russie, l’Indonésie et le Brésil n’y ont, quant à eux, pas encore adhéré.
Une mer de plus en plus acide
Plus de la moitié des zones marines nouvellement protégées « seront des zones interdites à la pêche, à l’exploitation minière, au forage ou à d’autres activités extractives », a précisé Iván Duque. Les mers, qui recouvrent plus des deux tiers de la surface de la planète, génèrent la moitié de l’oxygène que nous respirons. Elles représentent une source vitale de protéines pour le quotidien de milliards de personnes.
L’océan joue par ailleurs un rôle clef pour la vie sur Terre en mitigeant les impacts du changement climatique. Mais le coût en est considérable. Aujourd’hui, la mer absorbe environ un quart de la pollution au CO2. Les émissions ont augmenté de 50% au cours des 60 dernières années. « La mer est donc devenue plus acide, déstabilisant les chaînes alimentaires aquatiques et réduisant sa capacité à capter toujours plus de gaz carbonique », explique-t-il.