Désastre écologique au Liban. Des poissons morts ou agonisants s’entassent sur les rives du lac Qaraoun. Pollution ou microalgues toxiques ? Le coupable reste à trouver.

Depuis jeudi matin, des poissons morts recouvrent les rives du lac Qaraoun, au Liban. Ce lac, réputé très pollué, fait régulièrement la Une des journaux, mais c’est la première fois qu’une telle catastrophe se produit. Des hommes ramassent à la pelle les carcasses, alors qu’une pelle mécanique en verse davantage à l’arrière d’un camion.
Dans ses cuissardes de pêche, Nassrallah el-Hajj, de l’Autorité du fleuve Litani témoigne : “C’est notre troisième jour ici pour ramasser des poissons morts. Nous (en) avons transporté environ 40 tonnes« . Au bord de l’eau, Mahmoud Afif, un pêcheur de 61 ans, s’alarme : “Je n’ai jamais rien vu de tel”, dit-il. Des tonnes de poissons flottent sans vie à la surface de l’eau ou s’échouent sur les rives. Sur les réseaux sociaux, plusieurs vidéos et images témoignent de ce cataclysme.
Virus, bactéries ou pollution ?
Les causes de cette catastrophe aquatique restent floues. D’après les premiers rapports des autorités, élaborés avec une ONG, le responsable serait un virus saisonnier. Pourtant, Kamal Slim, chercheur spécialisé en écologie, semble “ne pas être convaincu”. Sans analyses, il est difficile de trancher, estime le chercheur qui prélève des échantillons de l’eau de Qaraoun depuis 15 ans.
Contacté par L’Orient – Le Jour, le chercheur penche pour une invasion de cyanobactéries. “Avec la hausse abrupte des températures, certaines cyanobactéries présentes dans l’eau libèrent des toxines mortelles, expose-t-il au journal. Un phénomène fréquent lorsque les températures s’élèvent brusquement, ce qui pourrait expliquer l’hécatombe actuelle de poissons”.
Une autre possibilité est l’ammonium, “très toxique« . Cette molécule peut aussi être impliquée dans le développement des algues nocives. “Le lac Qaraoun ressemble à des égouts à ciel ouvert”, commente le chercheur. Les poissons sont d’ailleurs interdits à la vente à cause de leur taux élevé de métaux lourds. Depuis des années, les eaux usées, les déchets industriels et les fertilisants agricoles polluent le Qaraoun, rapporte L’Orient – Le Jour. “Ses eaux sont uniquement utilisées pour la production de l’électricité”, en tout cas, en principe. Car des poissons récupérés sur les rives ont été retrouvés sur les marchés de Beyrouth.
Fanny Bouchaud avec AFP