Les peuples indigènes de la forêt amazonienne attendaient cette annonce depuis cinq ans. Le président brésilien Lula, réélu en 2022, vient de légaliser six réserves autochtones supplémentaires. Explications.
Ce vendredi 28 avril 2023, le président brésilien Lula a légalisé par décret six réserves autochtones supplémentaires. Cette légalisation place ces réserves sous la protection de l’État Brésilien. Dès lors, il doit les protéger des intrusions des trafiquants de bois ou autres chercheurs d’or. De plus, la reconnaissance de ces réserves garantit aux indigènes l’usage exclusif des ressources naturelles qui s’y trouvent.
Les décrets ont été signés le dernier jour du Campement “Terra Livre” (Terre Libre). Ce rendez-vous annuel a rassemblé des milliers d’autochtones à Brasília, la capitale du Brésil. Aux côtés du président brésilien, se tenaient plusieurs personnalités indigènes de premier plan, comme le cacique Raoni Metuktire, pour assister à la signature de ces décrets.
Une législation qui protège 0,1 % de l’Amazonie
Les six réserves se répartissent dans tout le territoire. Le nord-est du pays en compte deux, le sud une, la région centrale une et l’Amazonie deux. Parmi ces deux dernières se trouve la réserve la plus vaste des six, et de loin. 249 indigènes des peuples Maku et Tukano se sont vus attribués la réserve d’Unieuxi. Elle couvre plus de 550.000 hectares. Cela représente près de 89% des 620.000 hectares tout juste légalisés.
Cette protection représente 0,1% de la forêt amazonienne, dont la superficie s’élève à 550 millions d’hectares d’après le WWF. « Ceux qui disent que ces terres qui vous sont réservées sont trop vastes doivent se rappeler qu’avant l’arrivée des colonisateurs portugais, vous occupiez 100% du territoire », a lancé Lula, sous les vivats du public du Campement “Terra Livre”.
Un soulagement pour les populations ainsi que pour les scientifiques
Ces signatures arrivent après cinq ans d’attente pour les peuples autochtones. En effet, le Brésil n’avait légalisé aucune réserve depuis 2018. Le prédécesseur de Lula, Bolsonaro, dont le mandat s’est étendu de 2019 à 2022, avait annoncé ne pas vouloir « céder un centimètre de plus » aux autochtones. Bolsonaro avait tenu cette promesse de campagne. Le président d’extrême droite n’ayant homologué aucune réserve pendant son mandat.
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Les populations indigènes de la forêt amazonienne accueillent donc ces signatures avec soulagement. « C’est un poids en moins sur nos épaules. C’est la meilleure nouvelle qu’on pouvait entendre, savoir que nos terres ont été légalisées. Cela nous remplit d’espoir« , explique Claudia Tomás, originaire du territoire Unieuxi, à l’AFP-TV.
Cette décision est également une nouvelle positive pour la communauté scientifique. En effet, les scientifiques considèrent ces aires protégées comme des remparts contre la déforestation. De plus, la préservation des forêts est un enjeu majeur du combat contre le réchauffement climatique.
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D’autres réserves prochainement légalisées
Ces six légalisations ne devraient pas être isolées. Le mois dernier, Sonia Guajajara, la ministre des Affaires indigènes avait annoncé l’homologation de 14 terres indigènes. Le gouvernement brésilien se prépare donc à légaliser huit réserves supplémentaires. Au total, ces décrets devraient protégés près de 900.000 hectares.
Dès sa réélection en 2022, Lula a signé une série de décrets pour revenir sur plusieurs décisions politiques prises par Bolsonaro. Il avait notamment réactivé le Fonds Amazone, ou Fonds pour l’Amazonie, un fonds d’investissement destiné à financer des projets pour préserver le “poumon de la Terre”.