Ce mardi 28 septembre, Yannick Jadot a remporté la primaire écologiste à 51,03% des voix face à Sandrine Rousseau. Insistant sur l’urgence climatique, il ambitionne désormais de porter les valeurs écologiques jusqu’à l’Elysée face aux « discours haineux » et aux « faux débats ».
Seulement 2000 voix d’écart. À Pantin, à l’approche des résultats de la primaire écologiste, Yannick Jadot et Sandrine Rousseau s’isolaient chacun dans leur QG respectif. Celui de l’eurodéputé se trouvait sur une péniche, à quelques mètres du lieu d’annonce des résultats. Mais impossible d’apercevoir le candidat avant les chiffres officiels. « Il est stressé », confie un membre de sa campagne aux journalistes. À l’intérieur de la salle, remplie jusqu’au seuil d’entrée, quelques rumeurs courent. Les regards scrutent les écrans de téléphone. Yannick Jadot l’emporterait d’une courte tête.
Et c’est le cas. L’eurodéputé remporte la primaire écologique à 51,03%, face à Sandrine Rousseau avec 48,97%. La tension laisse place aux acclamations. « On a gagné ! On a gagné ! » chantaient en cœur les partisans du candidat. Yannick Jadot apparaît devant les micros et caméras, le regard rempli de joie. « J’avais préparé un discours au cas où », commence-t-il avant de remercier ses électeurs. « Grâce à vous je serai le candidat d’Europe Ecologie – les Verts ». Puis il se faufile à l’extérieur de la péniche, entouré par la presse. Désormais, il incarne le parti Europe Ecologie – les Verts (EELV) pour la présidentielle 2022.
Des appels au rassemblement
Chez les militants de Sandrine Rousseau, l’ambiance est lourde. Première à délivrer un discours, elle félicite Yannick Jadot pour sa victoire et remercie sa propre équipe de campagne. Pas un discours de regret, mais un appel à « porter l’écologie à l’Élysée ». Elle invite les « engagés pour le climat », dont la jeunesse, à se mobiliser en vue de la présidentielle 2022. « Le temps des renoncements et des demi-mesures est révolu, insiste-t-elle. Les défis climatiques et humains qui se présentent à nous sont énormes ».
Yannick Jadot multiplie également les appels au rassemblement dans son discours officiel. « J’appelle au rassemblement des écologistes, au dépassement du pôle écologiste pour que nous allions ensemble à Élysée, jusqu’à l’Assemblée nationale. Oui il est temps de tout changer. Nous sommes tous concernés ! ». Jouant avec la bague de son annulaire droit, il proclame son « seul objectif » : « Cette fois on ne vient pas pour témoigner mais pour gagner ».
Et pour remporter le siège de l’Elysée, le candidat compte lui-aussi sur la jeunesse, à qui il s’adresse en fin de discours. « Ne vous laissez pas déposséder de votre destin. Parce que c’est votre présent et votre futur qui se jouent aujourd’hui. Emparez-vous de cette campagne présidentielle ». Sur Twitter, la classe politique adresse ses félicitations à l’eurodéputé. Anne Hidalgo, maire PS de Paris et candidate déclarée à la présidentielle, elle était la première à s’exprimer. Elle apparaît maintenant comme une adversaire directe de Yannick Jadot.
Le pari du second tour présidentiel
« Le plus difficile commence », souffle Julien Bayou, secrétaire général du parti Europe Ecologie – Les Verts et organisateur de la campagne. Il va falloir maintenant convaincre les Français face aux « faux débats« , selon Yannick Jadot. Ces « faux débats », ce sont pour le candidat les « discours haineux sur le prénom des enfants, le retour de la peine de mort, ou encore la réhabilitation de Pétain comme sauveur des Juifs de France », sans évoquer directement ses adversaires politiques. Pour se démarquer, le candidat prône l’action sociale , la lutte contre les inégalités et et la subvention des énergie renouvelables. « Vous avez dit stop, continue-t-il. Vous avez sifflé la fin de la récréation. Notre présidence est une présidence qui agit immédiatement ».
De son côté, Julien Bayou voit cette campagne comme « un moyen d’affirmer davantage l’écologie ». L’organisateur rappelle la progression du parti, anciennement nommé Les Verts. « Il n’y a plus besoin de convaincre, affirme le secrétaire général. Quand il n’y avait pas encore le rapport du Giec, il fallait être présent aux présidentielles sans objectif de victoire. Le but était d’atteindre 5%. Aujourd’hui, c’est différent ». Pour lui, l’écologie peut être « la réponse aux différentes aspirations », telles que l’égalité hommes-femmes, qu’il juge encore « trop peu mise en avant », la cause animale, la justice sociale. « La campagne a montré qu’on est en capacité d’entrer en résonance avec ces combats », affirme-t-il.
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Militants soulagés, écologistes divisés
Chez les militants, l’heure est aux festivités. Frédéric passe commande au bar. La victoire de Yannick Jadot s’inscrit comme « une seconde chance pour le second tour ». Électeur depuis 2002, il se dit témoin de la progression du parti écologiste, et voit un espoir pour « affirmer l’écologie au cœur des débats ». Pour Jonas, 19 ans, c’est le soulagement. L’étudiant en Histoire et sciences politiques croit « fermement » à une possible victoire écologiste grâce au candidat EELV qu’il perçoit comme « pragmatique », « apportant des solutions concrètes » pour l’environnement.
Sophie Cayuela