Stellantis (ex-PSA) prévoit, en collaboration avec Total, la construction d’une gigafactory dans le nord de la France. Elle devrait alimenter le marché français et européen des véhicules électriques. La direction du projet en dit un peu plus sur son calendrier.
Le 26 mai 2020, Emmanuel Macron détaillait son plan de soutien à l’industrie automobile doté de 8 milliards d’euros. PSA annonçait alors la relocalisation de la production de batteries de la Chine vers la France. Il s’agit d’un pas supplémentaire vers cet « Airbus des batteries« , qu’Emmanuel Macron avait évoqué il y a quelques mois.
Depuis, le groupe PSA a fusionné avec Fiat Chrysler Automobiles pour donner naissance à Stellantis, un groupe automobile multinational de droit néerlandais. Ainsi, Stellantis projette, avec Total, la construction d’une « gigafactory », une usine de batteries géante pour voitures électriques à Douvrin (Pas-de-Calais). La direction a indiqué ce mardi qu’elle pourrait générer entre 1.400 et 2.000 emplois d’ici 2030.
Une usine de batteries géantes dans le Nord de la France
Cette nouvelle usine se tiendra sur le site de la Française de mécanique. Ce site produit actuellement des moteurs pour Peugeot, Citroën et les autres marques du groupe Stellanti. Une concertation devrait être lancée le 25 février.
La coentreprise Automotive Cells Company (ACC) se chargera de la construction de l’usine. Celle-ci réunit Stellantis et le spécialiste français des batteries Saft, filiale de Total, à 50-50. La direction d’ACC n’a pas commenté un éventuel rapprochement avec Renault, qui semble être au point mort.
Dans un premier temps, ACC devrait avoir un centre de recherche opérationnel mi-2021 à Bruges, près de Bordeaux. Une usine pilote est également en cours de construction à Nersac, près d’Angoulême.
Un premier bloc de gigafactory en 2022
La construction d’un premier bloc de cette « gigafactory« doit débuter début 2022 sur les communes de Douvrin et Billy-Berclau (62). La direction prévoit le démarrage de la production pour fin 2023. Entre 350 et 500 personnes devraient travailler dans ce premier « bloc » en 2024, a précisé lors d’une conférence de presse le directeur général d’ACC, Yann Vincent.
« Les procédés de fabrication que l’on va utiliser sont très automatisés et très pointus dans leur conduite. Nous allons avoir besoin de conducteurs de lignes automatisées compétents, de professionnels de maintenance, de quelques experts en chimie, de techniciens qualité », a précisé Yann Vincent.
L’usine de batteries « est une solution, qui n’est peut-être que partielle », à la « baisse d’activité » dans la construction de moteurs thermiques et plus largement à la désindustrialisation. « Je ne vois pas pourquoi une personne qui travaille aujourd’hui chez Bridgestone n’aurait pas le bon niveau de compétences pour travailler chez ACC », a souligné Yann Vincent.
L’entreprise sera Seveso seuil bas, un niveau lié au stockage des matières premières. Un deuxième bloc sera construit à Douvrin et un troisième à l’usine Opel de Kaiserslautern, en Allemagne.
L’objectif est d’atteindre une capacité de 8 gigawattheures (GWh) dans un premier temps. S’en suivra une capacité cumulée de 48 GWh à l’horizon 2030 au total sur les deux sites. ACC vise ainsi à fournir chaque année environ un million de voitures. « Nous avons vocation à servir Stellantis mais pas uniquement. Nous discutons d’ores et déjà avec tous les constructeurs », a souligné Yann Vincent. « Notre ambition est d’être le leader européen des cellules et modules de batteries pour véhicules électriques« .
Matthieu Combe, avec AFP