Cette semaine, en pleine COP26, la France s’est prononcée en faveur de l’inclusion du gaz naturel et du nucléaire dans la liste des investissements considérés comme « durables » élaborée par l’UE. Le tout, au grand dam des ONG environnementales. Selon Réseau Action Climat, « la France fait pression pour que le gaz fossile et le nucléaire soient considérés comme énergies vertes dans la taxonomie européenne ».
Selon une source européenne, la France soutenue par au moins 7 autres pays veut inclure le gaz et le nucléaire dans « les investissements verts » de l’Union européenne. A ses côtés : la République tchèque, la Croatie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Slovénie et la Slovaquie. Ce texte propose de rendre éligible la construction, l’exploitation et la prolongation des centrales nucléaires aux financements « verts« , tout comme le stockage de déchets radioactifs ou l’extraction d’uranium. Il soutient également l’inclusion des centrales électriques au gaz, sous un certain seuil d’émissions annuelles de gaz à effet de serre, avec des critères assouplis jusqu’en 2030.
La France assure des conditions « strictes«
Paris a assuré mardi réclamer des « conditions strictes« . Le texte, initialement diffusé par le site Contexte et adressé à la Commission européenne, liste les critères exigés pour intégrer la « taxonomie verte« , une liste d’énergies jugées vertueuses pour le climat et l’environnement.
Bruxelles doit finaliser cette classification d’ici fin 2021. Elle ouvrira l’accès à la finance verte et donnera un avantage compétitif aux filières reconnues. Il s’agit d’un enjeu crucial pour le coûteux renouvellement du parc nucléaire français, mais aussi pour les pays de l’Est. Ces derniers misent sur les infrastructures gazières pour réduire leur dépendance au charbon.
Le gouvernement français ne confirme pas être à l’origine du document, mais se dit prêt à accepter l’inclusion du gaz et rappelle que la Commission elle-même l’a qualifié d’indispensable énergie « de transition« .
Le climat face à l’industrie nucléaire
Selon l’association Réseau Action Climat, ce texte, accepté par la France, pourrait orienter des milliards d’euros dédiés à la transition écologique vers des projets gaziers et, par la même occasion, classer « vertes » la « moitié des centrales à gaz fossile du continent européen« .
Pour se moquer de qu’ils jugent comme « un double discours de Paris« , les ONG du Climate Action Network International ont décerné, mardi, à la France le « Fossile du jour de la COP26« . Un prix qui n’a rien d’honorifique.
Léo Sanmarty avec AFP