Les élus n’ont pas le choix : ils doivent concilier dans leur ville développement économique et exigence écologique. Pour cela, ils peuvent agir sur l’aménagement et l’urbanisme, les bâtiments et les transports. Mais aussi sur les réseaux d’énergie, en misant sur les nouvelles technologies.
Confrontés à de nombreux défis, les élus locaux doivent trouver des solutions concrètes pour concilier développement économique et transition énergétique. Et ce, dans le cadre d’un budget de plus en plus contraint. Leurs possibilités d’actions ont évolué ces dernières années en France, notamment depuis 2015 avec la loi sur la Transition énergétique pour la croissance verte. Cette loi place les territoires au cœur des politiques du climat, de l’air et de l’énergie. Les collectivités ont notamment la responsabilité d’investissements structurants sur le plan énergétique : les bâtiments et les transports. Deux secteurs représentant ensemble la moitié des émissions de gaz à effet de serre.
Agir sur l’urbanisme et les bâtiments
En matière d’urbanisme, les communes et les intercommunalités disposent de prérogatives importantes. Entre autres : élaboration du schéma de cohérence territorial (SCOT), du plan local d’urbanisme (PLU), délivrance des permis de construire… Les choix qu’elles effectuent dans ce domaine et dans l’organisation spatiale de la ville ont une influence sur la consommation d’énergie du territoire et sur les investissements nécessaires pour produire et distribuer cette énergie. La lutte contre l’étalement urbain rejoint la recherche d’économies d’énergie et plaide plutôt pour un modèle de ville dense et compacte.
Les collectivités ont aussi un rôle clé à jouer en matière de maîtrise des consommations énergétiques des bâtiments. Elles peuvent agir directement sur le patrimoine bâti public et indirectement auprès des organismes gérant les parcs de logements sociaux. Elles sont également bien placées pour promouvoir des actions d’efficacité énergétique et de maîtrise de l’énergie auprès des particuliers.
Par ailleurs, les règlements d’urbanisme peuvent favoriser l’installation d’équipements de production d’énergie renouvelable. On trouve des éoliennes, centrales et panneaux photovoltaïques, sites de production de biogaz… En tant qu’autorités organisatrices de la collecte des déchets, les intercommunalités peuvent aussi utiliser ces déchets pour alimenter un réseau de chaleur.
La ville de Toulouse, par exemple, a fait le choix des énergies renouvelables. « Nous développons une politique locale de production et de consommation d’énergies renouvelables avec une centrale à chaleur, un parc photovoltaïque, deux centrales hydroélectriques qui couvrent déjà nos besoins en éclairage public, ou encore un projet de méthanisation des boues », expliquait récemment François Chollet, adjoint au maire de Toulouse, au quotidien régional La Dépêche.
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Développer les transports « propres »
Le domaine des transports est également essentiel pour atteindre les objectifs que la France s’est fixés. En effet, ce secteur est le plus gros émetteur de gaz à effet de serre. À eux seuls, les véhicules particuliers représentent plus de la moitié des émissions des transports, pour une utilisation essentiellement axée sur les trajets de tous les jours (domicile-travail, courses, etc.). Pour progresser vers la transition énergétique, l’objectif est donc bien d’optimiser l’organisation des déplacements quotidiens.
Les communes ou les intercommunalités sont compétentes en matière de transports urbains. Elles peuvent aussi montrer l’exemple en « verdissant » leur propre flotte de véhicules et jouer un rôle d’entraînement par la commande publique. Elles peuvent également développer l’accès à des bornes de recharges électriques et faciliter la connexion entre les différents modes de transport urbain. Réseau de bus, voitures partagées, pistes cyclables, zones de parking proches des transports publics… Il s’agit d’optimiser l’organisation des moyens disponibles.
À Paris, par exemple, les émissions dans les transports ont diminué de 39 % entre 2004 et 2014. « Là où nous avons mis le plus de moyens, nous avons obtenu des résultats significatifs », expliquait récemment au quotidien La Tribune Célia Blauel, adjointe à la mairie de Paris chargée de toutes les questions relatives à l’environnement, au développement durable, à l’eau, à la politique des canaux et au « plan climat énergie territorial ». « Pour aller plus loin, il faudra miser aussi sur un changement de comportement, l’implication des individus, du territoire et du national ».
Ces problématiques existent à l’international. De nombreuses villes cherchent à mettre leurs ressources en commun pour partager innovations et solutions. C’est le rôle par exemple du C40 Cities Climate Leadership Group, organisation rassemblant 81 des plus grandes villes du monde. Bombay, Los Angeles ou Tokyo, ces villes de tous les continents cherchent à intégrer à leurs politiques d’urbanisme un impératif de développement durable.
Miser sur l’éclairage intelligent
L’introduction d’innovations technologiques génératrices de gains et d’efficacité énergétique est indissociable de la rénovation de l’éclairage public. En France, selon l’Ademe, près de la moitié des installations d’éclairage urbain sont obsolètes et consomment une énergie excessive. Selon Citelum, leur rénovation permettrait aux villes de réduire leur consommation d’électricité de 50 % à 75 %. C’est ce que s’emploie à faire la filiale d’EDF en s’engageant sur des objectifs de réduction de consommation énergétique auprès des collectivités.
Citelum entend aider les villes à réduire leur facture énergétique et leurs émissions de CO2 grâce à une approche globale. Les solutions passent par le déploiement d’ampoules LED et la télégestion en temps réel des points lumineux de la ville. Des capteurs de présence et de luminosité adaptent l’éclairage en fonction de l’environnement et des situations. Après Barcelone, Copenhague et Mexico, Albuquerque, la plus grande ville du Nouveau Mexique, a fait ce pari de l’éclairage intelligent.
Auteur : Cécile Lorheyde, Responsable Environnement Qualité Sécurité, contribution bénévole