Yannick Jadot, Valérie Pécresse, Fabien Roussel, Philippe Poutou et Anne Hidalgo ont participé ce dimanche au Débat du siècle sur Twitch. Entre croissance verte et écologie radicale, ils ont exposé leurs solutions, très différentes, pour que la France respecte ses engagements sur le climat. Résumé des grandes propositions.

Sur les 12 candidats au 1er tour de l’élection présidentielle, cinq étaient au rendez-vous pour faire face au streamer politique Jean Massiet et à la journaliste Paloma Moritz du média en ligne Blast. Au programme : l’écologiste Yannick Jadot, la candidate LR Valérie Pécresse, le communiste Fabien Roussel, le candidat du Nouveau parti anticapitaliste Philippe Poutou et la socialiste Anne Hidalgo. Jean-Luc Mélenchon devrait enregistrer son intervention dans la semaine, Emmanuel Macron a de son côté refusé de participer. Les organisateurs n’avaient pas convié Marine Le Pen et Éric Zemmour, considérant que les « valeurs » des deux candidats étaient incompatibles avec les leurs.
L’événement était organisé par les 4 ONG de l’Affaire du siècle : Greenpeace, Oxfam, Notre affaire à tous et la Fondation pour la Nature et l’Homme. Malgré le nom, il s’agissait plutôt d’un grand oral sur le climat, les candidats à la présidentielle n’ayant pas débattu ensemble mais ayant répondu pendant 30 minutes aux questions les uns après les autres. Énergie, transports, agriculture, alimentation, démocratie…les candidats ont présenté leur programme. Ils devaient aussi répondre à la question « Quel plan pour sortir la France de l’illégalité climatique et réduire de 40% les émissions de la France d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990? ».
Valérie Pécresse pour « une croissance durable » de « la production »
Alors qu’elle avait évoqué très rapidement l’écologie lors de son meeting du Zénith, la LR Valérie Pécresse a présenté pour ce débat du siècle ses quatre priorités. Il s’agit de « remettre la France sur la trajectoire zéro carbone 2050″ et « mettre en place une véritable économie circulaire » avec des taux de recyclage proches de 100% en 2030. En plus, elle souhaite « mettre fin à la sixième extinction des espèces » et « stopper la diffusion de produits chimiques dangereux. »
Son programme repose sur une « écologie des solutions technologiques ». Valérie Pécresse avance « une écologie qui n’est pas décroissante » et « humaniste ». Elle l’affirme : « je veux une croissance durable », « une croissance de la production ». Elle prévoit notamment 200.000 bornes de recharge électrique, le développement d’un marché de véhicules électriques d’occasion et une « réindustrialisation durable ».
En soutien au Haut Conseil pour le Climat, Valérie Pécresse voudrait créer un conseil de scientifiques qui prioriserait les mesures d’adaptation. En plus, elle a insisté : « Je veux refaire un Grenelle de l’environnement », comme durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Elle préfère ce format réunissant entreprises, membres de la société civile et administration pour parvenir à des « solutions consensuelles » plutôt qu’une Convention citoyenne.
Philippe Poutou et l’action de terrain
À l’autre bout du spectre politique, Philippe Poutou a prôné une « écologie radicale » qui soit « sous contrôle de la société et de la population ». Il prévoit « l’expropriation » de grands groupes et une agriculture socialisée « entre les mains de la petite paysannerie ». Il rend hommage aux collectifs et militants qui luttent sur le terrain contre les dégâts environnementaux.
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Yannick Jadot pour sanctionner les entreprises climaticides
Yannick Jadot a pour sa part proposé une série de mesures allant de la baisse de la TVA sur les produits bio à la transformation de logements en bureaux en centre-ville. Il a avancé une mesure forte : « Les entreprises qui ne respectent pas la sortie du carbone seront sanctionnées, perdront les aides publiques », prévient-il.
Yannick Jadot prévoit notamment un vaste plan pour installer 100.000 jeunes en tant qu’agriculteurs sur des petites fermes sans pesticides. Pour cela, il supprimera la dette des paysans grâce à la réorientation des aides de la Politique agricole commune (9 milliards d’euros) et des aides nationales (4 milliards).
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Hidalgo pour l’ISF Climatique
Anne Hidalgo a évoqué une écologie « plus sociale et plus juste ». Elle promet le rétablissement d’un ISF climatique pour financer la transition énergétique. Anne Hidalgo a aussi promis « une grande loi foncière » pour permettre à des jeunes de s’installer.
Roussel pour agir sur les géants de l’énergie
Le candidat communiste Fabien Roussel, qui s’est fait connaître dans le grand public pour son amour de la « bonne viande et du bon vin », fixe l’objectif de parvenir à 500.000 agriculteurs en 2030. « On peut décider, en période de guerre, d’imposer aux grandes compagnies pétrolières que 100% des bénéfices et soient consacrés à la baisse des prix de l’essence. »
Interrogé sur la consommation de viande, il a dit qu’il fallait « en manger moins, mais mieux ». « Il faut qu’elle soit produite en France et respectueuse des normes sanitaires, dans des espaces herbagers préservant les prairies qui absorbent le carbone » et il « faut mettre fin à l’importation de viande » produite selon des méthodes interdites en France, a-t-il dit. Sur le sujet, Valérie Pécresse a pris la défense des lentilles du Puy « en train de mourir par rapport à la lentille made in Canada avec des pesticides interdits en France ». Enfin, Yannick Jadot et Anne Hidalgo, ont promis la reconnaissance du crime « d’écocide ».