Christophe Béchu, maire d’Angers et secrétaire général du parti Horizons, remplace Amélie de Montchalin à la tête du ministère de la Transition écologique. Mais le choix d’Elisabeth Borne ne convainc toujours pas les défenseurs de l’environnement.
Son nom a été divulgué bien avant la publication du communiqué officiel de l’Élysée. En tête du Ministère de la transition écologique et de la Cohésion des territoires, Elisabeth Borne a nommé Christophe Béchu, maire d’Angers et secrétaire général du parti Horizons, fondé par l’ancien Premier ministre Edouard Philippe. Ancien membre de l’UMP puis des Républicains jusqu’en 2017, Christophe Béchu occupe désormais un rôle stratégique pour la planification écologique, annoncée par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle. « La tâche est immense, je m’engage à déployer toute mon énergie pour mettre en œuvre une politique écologique concrète et adaptée aux territoires », a déclaré le nouveau ministre sur Twitter.
Depuis le mois de mai, il occupait le poste de ministre délégué en charge des Collectivités territoriales. Christophe Béchu remplace alors Amélie de Montchalin, battue aux élections législatives dans l’Essonne. Il reste épaulé par Agnès Pannier-Runacher, responsable de la transition énergétique.
Un profil non écolo-compatible selon les uns…
Là encore, les écologistes s’indignent. Pour eux, la nomination de Christophe Béchu à la transition écologique ne correspond pas aux attentes environnementales. Pour Jean-François Julliard, président de Greenpeace France, le nouveau ministre ne témoigne d’aucune « expérience sur les enjeux de transition écologique » et n’a « quasiment jamais pris position sur les questions nationales ou internationales de climat ou d’environnement ».
Un argument repris par Sandrine Rousseau sur Twitter. La députée de Paris (NUPES) affirme ne jamais avoir « croisé Christophe Béchu sur la moindre lutte écologiste ». « [Ce choix] démontre à la fois un réel manque d’ambition et l’incapacité du gouvernement à nommer une personnalité reconnue pour ses compétences sur les enjeux écologiques », continue Jean-François Julliard dans un communiqué. Enfin, parmi les mécontents, Clément Sénéchal de Greenpeace rappelle « son opposition à l’interdiction des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles quand il était sénateur » en 2016.
Lire aussi : Écologie : Qui sont les députés les plus vertueux selon l’ONG Agir pour l’Environnement ?
… »Sensible à l’écologie » pour les autres
Pourtant, Christophe Béchu se caractérise pour sa connaissance des collectivités territoriales en tant que maire d’Angers et président d’Angers Loire Métropole depuis 2014. Matthieu Orphelin, ex-tête de liste du bloc de gauche aux régionales dans les Pays de la Loire et futur directeur de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) y perçoit un atout. « Il est sensible aux thèmes de l’écologie, de la biodiversité, du logement et des transports et il mesure tout le retard pris. Maintenant il va devoir aller gagner les arbitrages », a-t-il commenté à l’AFP.
Matthieu Orphelin et Christophe Béchu ont par ailleurs travaillé ensemble sur le plan vélo, présenté en septembre 2018 à Angers par Edouard Philippe. Le nouveau ministre de la Transition écologique se dit également promoteur des mobilités douces. En tant que maire, il a doté sa commune de vélos et trottinettes en libre-service, faisant d’Angers « la smart city (ville intelligente et connectée) la plus aboutie de France » .
Lire aussi : Enquête. Comment multiplier les déplacements en vélo en centres-villes?
Polémique autour de sa position sur des affiches de prévention VIH
Sur Twitter encore, le passé de Christophe Béchu en tant que sénateur refait surface. Lors de la présidence de François Hollande (2012-2017), l’ex UMP s’est opposé au mariage pour tous. Dans la même optique, il signe une tribune contre la Loi de 2013 avec Bruno Retailleau, député LR.
Quelques années plus tard, en 2016, il fait retirer des affiches de prévention VIH à Angers exposant des couples homosexuels, situées près des écoles. Dans une interview à Public Sénat, Christophe Béchu justifie cette décision par le caractère qu’il juge « choquant » du message porté par ces affiches. L’actuel ministre expliquait que celles-ci n’étaient pas liées à de la prévention, mais « troublaient » au contraire « l’espace public ».
Les nouveaux visages de l’écologie au gouvernement
Lors de l’annonce du remaniement ce lundi 4 juillet, de nouveaux visages accompagnent la nomination de Christophe Béchu. À ses côtés, Clément Beaune, chargé des transports, ainsi qu’Olivier Klein, chargé de la ville et du logement. La liste dévoile également les noms de Caroline Cayeux, ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales, ainsi que Bérangère Couillard, secrétaire d’État chargée de l’Écologie. Enfin, Dominique Faure est nommé secrétaire d’État chargé de la Ruralité.
Tous ont apporté leur soutien à Emmanuel Macron depuis son premier mandat. Parmi eux, seul Olivier Klein, maire de Clichy-sous-Bois, était membre du PS, avant d’y être exclu en 2020. L’élu de 55 ans est issu des quartiers populaires et préside l’agence de rénovation urbaine. Un profil qui diverge de Christophe Béchu, élu se considérant « divers droite ». Sa prédécesseure, Amélie de Montchalin, était elle aussi une ex-membre de l’UMP. Il semblerait qu’Emmanuel Macron ait choisi une politique plutôt centrée à droite pour l’écologie.
Une passation de pouvoirs a eu lieu ce lundi 4 juillet aux alentours de 15h. Un premier Conseil des ministres en a suivi. Avec son équipe, Christophe Béchu concentre désormais les clés pour mener la politique climatique de la France dans les cinq années à venir.