Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Julien Denormandie veut faire avancer le sujet chlordécone. « Avant la fin de l’année« , un décret reconnaissant le cancer de la prostate comme maladie professionnelle à la suite de l’usage du pesticide chlordécone sera pris, a-t-il indiqué dimanche.
Julien Denormandie annonce un nouveau décret, dans le cadre du quatrième plan chlordécone pour la période 2021-2027. « Je m’y engage. Le gouvernement s’y engage« , a déclaré le ministre dans l’émission « Dimanche en Politique » sur France 3.
Doté d’un budget de 92 millions d’euros, ce plan poursuit “les mesures déjà engagées pour réduire l’exposition des populations à la pollution par le chlordécone”. « Le gouvernement investit pour pouvoir réparer l’environnement pollué par le chlordécone« , a a assuré Julien Denormandie.
Le chlordécone, un scandale depuis les années 1960
Le décret rendra possible l’indemnisation des agriculteurs empoisonnés par le chlordécone. L’indemnisation se fera via un nouveau fonds pour les victimes de maladies professionnelles liées aux pesticides, a confirmé le ministère auprès de l’AFP.
Emmanuel Macron a jugé que la pollution des sols au chlordécone est un « scandale environnemental ». Dans les bananeraies des Antilles, les agriculteurs l’ont utilisé entre 1972 et 1993. Ce pesticide a provoqué une pollution importante et durable. Désormais, cet insecticide a infiltré les sols pour des centaines d’années. Ainsi, la pollution a atteint les eaux et les productions agricoles. Or, la toxicité du chlordécone et son pouvoir persistant dans l’environnement étaient connus depuis les années 1960.
Une expertise de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) publiée en juin avait confirmé une « présomption forte d’un lien entre l’exposition au chlordécone de la population générale et le risque de survenue de cancer de la prostate« .
Aux Antilles, cet insecticide est un dossier ultra sensible. En effet, c’est un perturbateur endocrinien et cancérogène probable. Selon Santé publique France, le chlordécone contamine plus de 90% de la population adulte en Guadeloupe et en Martinique. Les populations antillaises présentent un taux d’incidence du cancer de la prostate parmi les plus élevés au monde.
Matthieu Combe avec AFP