Après plus d’une journée de prolongation, les participants à la COP27 ont arraché une décision qualifiée d’ « historique » par le Réseau Action climat dimanche matin concernant l’aide aux pays pauvres affectés par le changement climatique. Ils ont toutefois échoué à s’entendre sur de nouvelles ambitions pour baisser les émissions de gaz à effet de serre et ne se sont pas accordés sur la sortie des énergies fossiles.

Après de longues et difficiles négociations, la COP27 s’est terminée ce dimanche avec plus d’un jour de retard sur le calendrier prévu. Les négociateurs ont finalement adopté un texte très disputé sur l’aide aux pays pauvres affectés par le changement climatique. Ainsi, les pays réunis à la conférence climat de Charm el-Cheikh sont parvenus à un accord sur la question des financements climatiques. Le tout via la création d’un fonds « pour pertes et dommages ». Le Réseau Action Climat salue « une décision historique longtemps attendue ». Mais ce texte n’aborde aucune nouvelle ambition pour baisser les émissions de gaz à effet de serre.
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La question des pertes et dommages
Les pays pauvres, souvent parmi les plus exposés, sont généralement très peu responsables du réchauffement. Ils réclamaient depuis des années un financement des « pertes et dommages » qu’ils subissent. La bataille ne s’achèvera pas avec l’adoption de la résolution de Charm el-Cheikh. En effet, celle-ci reste volontairement vague sur certains points controversés, les pays riches n’ayant déjà pas respecté leur promesse de mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour aider les pays en développement à s’adapter au changement climatique.
Dans sa décision finale, la COP27 ouvre ainsi seulement la perspective d’un élargissement des transferts financiers des pays riches vers les pays moins avancés. « En l’absence de tels transferts, il n’y a de toute façon pas de chemin praticable vers le 1,5 °C, la cible ultime introduite par l’Accord de Paris », insiste Christian de Perthuis, professeur d’économie à l’université Paris Dauphine-PSL.
La COP27 a donc entériné le principe d’un mécanisme dédié au financement des pertes et dommages. « C’est une victoire imposée par les pays moins avancés et les États insulaires qui ont rompu le front uni des pays riches. Elle a été facilitée par la médiation de l’Union européenne, plus ouverte que les États-Unis sur la question. Reste à négocier le détail du dispositif et les règles conditionnant l’accès à ces nouveaux financements », explique Christian de Perthuis.
Une réduction des émissions mais sans ambition
Autre sujet qui a secoué la COP : l’ambition liée à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. De nombreux pays ont estimé que les textes proposés par la présidence égyptienne constituaient un retour en arrière sur les engagements pris à Glasgow.« Cette COP a affaibli les obligations pour les pays de présenter des engagements nouveaux et plus ambitieux », a regretté Laurence Tubiana, architecte de l »accord de Paris de 2015. La question de la sortie des énergies fossiles, à l’origine du dérèglement climatique, n’a pas non plus avancé.
Les pays émergents détiennent désormais la clé pour accélérer la baisse des émissions mondiales d’ici 2030 ou au contraire les faire stagner. « Plus de 60 % des émissions mondiales sont contrôlées par ce groupe de pays, qui n’appartiennent plus à celui des pays moins avancés sans avoir intégré le club des pays riches. Or, ces pays n’ont généralement pas aligné leurs objectifs de moyen terme avec la cible de neutralité qu’ils affichent à long terme. Sitôt qu’ils le feront, la baisse des émissions mondiales prendra un élan bien plus rapide », assure Christian de Perthuis.
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Qu’attendre des prochaines COP ?
À l’évidence, les COP restent des moments importants pour mobiliser les pays dans la lutte contre le dérèglement climatique. « Le prochain rendez-vous en 2024 aux Émirats arabes unis, situés à quelques encablures à l’est de Charm el-Cheikh, sera une excellente occasion d’apprécier à quel rythme doit s’opérer le retrait des énergies fossiles pour rejoindre une trajectoire de 1,5 °C », explique Christian de Perthuis qui veut rester optimiste.
Le rendez-vous de 2025 pourrait se situer en Amazonie, à l’invitation de Lula, nouvellement élu à la tête du Brésil, qui a affiché l’ambition d’une déforestation zéro tout en maintenant intact le potentiel de production alimentaire de son pays. « Un tel rendez-vous permettrait de donner toute sa place à l’agriculture et la forêt et de mieux rattacher la question climatique à celle de la protection de la biodiversité », conclut le professeur.