Amélie de Montchalin et Agnès Pannier Runacher sont désormais chargées de mener la transition écologique et énergétique de la France. Ces deux femmes politiques au parcours similaire sont notamment critiquées par leur profil peu formé à l’écologie. Si leurs nominations séduisent les industriels, elles n’enchantent pas les défenseurs de l’environnement.

Pour succéder à Barbara Pompili, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne ont nommé Amélie de Montchalin à la tête du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Elle est accompagnée d’Agnès Pannier Runacher, ministre en charge de la transition énergétique. Ensemble, elles épauleront la Première ministre, elle-même chargée de la planification écologique et énergétique promise par le président de la République.
Amélie de Montchalin, un profil libéral à l’encontre des valeurs écologiques
Amélie de Montchalin dirigeait jusqu’à présent le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques. Du haut de ses 37 ans, elle occupe désormais l’un des premiers rôles dans la planification écologique. Comme le veut le poste, ses responsabilités tournent autour du logement, des transports, de la protection de la nature et de la biodiversité. « Nous devons agir maintenant, tant qu’il est encore temps », a-t-elle déclaré lors de la passation de pouvoirs avec Barbara Pompili. Elle a par ailleurs promis d’aller « plus vite, plus fort, plus loin » dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pour cela, elle a appelé à « la mobilisation nationale (…) pour faire de l’écologie notre projet national ».
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Ex-UMP et diplômée d’HEC, Amélie de Montchalin arbore un parcours centré sur la finance. Passée par la banque BNP Paribas puis par l’assureur Axa, elle rejoint le mouvement LREM en 2016. Elle devient députée de l’Essonne l’année suivante. Nommée ensuite secrétaire d’État aux Affaires européennes, elle devient enfin ministre de la Transformation et de la Fonction publiques en juillet 2020. Si son entourage politique la décrit comme « bosseuse » et « efficace », son profil ne séduit pas les défenseurs de l’environnement et les partis de gauche. « Amélie de Montchalin incarne la déforestation amazonienne, le soja au glyphosate et le bœuf aux hormones », s’est exprimée Alma Dufour, activiste pour le climat et candidate NUPES en Seine Maritimes.
En 2018, alors que l’Assemblée nationale examinait le projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire, Amélie de Montchalin a voté contre l’amendement visant à interdire le glyphosate. L’association L214 relève aussi une position opposée au bien-être animal via son initiative Politique & Animaux. La même année, Amélie de Montchalin votait contre l’interdiction de la castration à vif des porcelets et contre l’interdiction des fermes-usines.
Agnès Pannier Runacher, un profil similaire qui séduit les industriels
À ses côtés, Agnès Pannier Runacher, 47 ans, a un parcours guère plus tourné vers l’écologie. Diplômée elle-aussi d’HEC et d’Harvard, la ministre de la Transition énergétique est une ancienne énarque. Elle a également été inspectrice des Finances, et figure parmi les premiers soutiens d’Emmanuel Macron.
Agnès Pannier Runacher affiche, elle aussi, un passé de femme libérale. D’abord secrétaire d’État auprès de Bruno Le Maire, elle devient ministre déléguée chargée de l’Industrie en juillet 2020, en même temps qu’Amélie de Montchalin. « Agnès Pannier-Runacher a un passé industriel, et un de nos enjeux est de construire la filière industrielle du solaire français », s’est réjoui Daniel Bour, président du syndicat du solaire Enerplan. Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables, relève quant à lui que l’architecture gouvernementale « correspond aux engagements ». Toutefois, « l’important est la feuille de route (…) pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables, et on ne la connaît pas encore exactement », précise-t-il.
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Tout comme Amélie de Montchalin, Agnès Pannier Runacher laisse sceptique les activistes à cause de son peu d’expérience environnemental. « Ce ne sont pas des profils attendus », a réagi Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France. Toutes deux sont considérées comme des fidèles d’Emmanuel Macron et de ce qui a été fait jusqu’à présent, lors d’un quinquennat perdu pour le climat. On jugera sur pièces« . « Les personnalités choisies sont dénuées de poids politique. Ils et elles n’ont pas expérience spécifique de leur sujet, ni vision des enjeux globaux », a ajouté l’ONG dans un tweet.
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Les trois « défis majeurs » d’Agnès Pannier-Runacher
Lors de la passation de pouvoir, Agnès Pannier-Runacher a rappelé les « défis majeurs » à relever pendant son mandat. Pronucléaire, elle souhaite tout d’abord « protéger [la] planète » en développant les énergies renouvelables et le programme nucléaire annoncé par Emmanuel Macron en février dernier à Belfort. « Face à l’urgence climatique, le nucléaire, c’est une chance pour notre pays, c’est une chance pour l’Europe. Tous ceux qui disent le contraire sont des apprentis sorciers qui mettent en danger notre futur », a-t-elle souligné vendredi 20 mai.
En parallèle, Agnès Pannier-Runacher souhaite « renforcer la souveraineté énergétique et industrielle » de la France. Selon cette dernière, cela passe notamment par une révision des règles européennes. « J’aimerais rappeler que c’est grâce à l’Union européenne que nous n’avons pas connu à date de coupure ou de rationnement électrique », a-t-elle défendu. La nouvelle ministre sera également en charge de « protéger le pouvoir d’achat des Français et la compétitivité des entreprises ». Elle aura ainsi pour objectif de contenir la hausse des prix de l’énergie tout en assurant la transition énergétique des Français.
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La Première ministre Elisabeth Borne a par ailleurs annoncé un secrétariat général à la Planification écologique. Sa mission reviendra à « coordonner l’élaboration des stratégies nationales en matière de climat, d’énergie, de biodiversité et d’économie circulaire ». Sa direction revient à Antoine Pellion, également conseiller à son cabinet. « Il veillera à la bonne exécution des engagements pris par tous les ministères en matière d’environnement », précise un communiqué. Un défi de taille alors que la France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone en 2050.