En 2021 et 2022, le rythme de raccordement des installations solaires photovoltaïques a triplé par rapport à 2019 et 2020. Pour répondre aux objectifs d’ici 2030, la planification écologique compte encore au moins doubler le rythme.
La France aurait-elle enfin pris le virage du solaire ? En 2022, 2.652 mégawatts (MW) de nouvelles capacité solaire photovoltaïques ont été raccordées au réseau électrique, après le record de 2.740 MW en 2021 C’est un rythme trois fois plus élevé qu’en 2019 et 2020, selon le Panorama de l’électricité renouvelable au 31 décembre 2022 menée par le syndicat des énergies renouvelables et ses partenaires. Fin 2022, la puissance du parc solaire s’élevait ainsi à 15.756 MW.
Pour atteindre les objectifs nationaux de puissance installée d’ici fin 2023, il faudrait encore doubler la puissance cette année (4.344 MW). De la même façon, pour répondre aux objectifs régionaux pour 2030, un rythme national d’au moins 4.800 MW par an est à prévoir chaque année, calcule le Panorama.
Doubler les capacités solaires
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, projette bien un doublement de la production photovoltaïque. Fin septembre, lors du colloque annuel du Syndicat des énergies renouvelables à Paris, elle a rappelé que sur le photovoltaïque au sol, « rien qu’avec l’appel d’offres de cet été, nous tablons sur une croissance d’au moins 50 % par rapport à 2022″.
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Pour arriver à ce doublement, il faudra convaincre particuliers et professionnels d’installer des panneaux solaires. Face à l’augmentation du coût de l’électricité, Avy Giuili, PDG et fondateur de Solarbox, groupe français spécialisé dans les systèmes solaires résidentiels et commerciaux, constate un regain d’engouement pour le solaire. Et il s’attend à une croissance renforcée pour rattraper le retard de la France par rapport à ses voisins. Il explique : « La Belgique et l’Allemagne affichent des taux d’équipement pour le secteur résidentiel dépassant les 40 %. En comparaison, la France est encore à seulement 6 %. Nous avons du retard à rattraper par rapport à nos voisins européens, et donc la demande croissante est un développement organique et attendu. »
Une tendance au solaire à consolider et renforcer
Les objectifs pourront être renforcés suivant les premiers résultats, assure Agnès Pannier-Runacher. « Je soutiendrai un système de rehaussement automatique des trajectoires en fonction des dynamiques des premières années, mais je refuse de sur-promettre et de sous-performer ensuite », a-t-elle expliqué devant les professionnels des énergies renouvelables. Sur le solaire, « commençons par doubler vite notre cadence annuelle de déploiement, avant de proposer un triplement de la trajectoire », a-t-elle avancé.
Pour accélérer ces déploiements, le gouvernement a récemment fait adopter la loi d’accélération des énergies renouvelables. Dans le sillage du projet de loi industrie verte, il a aussi lancé un pacte solaire de réindustrialisation avec notamment un label du solaire « made in France & made in Europe ». « Nous soutenons cette initiative, et nous la défendrons activement, assure Avy Giuili. Nous anticipons certainement un engouement et une demande accrue pour des produits solaires fabriqués localement et respectant les normes européennes. »
L’ensoleillement particulièrement important en 2022 a permis d’avoir une production là encore record : 18,6 térawattheures (TWh) produits, en hausse de près de 31 % par rapport à 2021. Pour la première fois , elle a atteint un taux de couverture de 4,1 % de la consommation électrique annuelle (contre 3 % en 2021). De mai à août, des niveaux records de plus de 7 % ont été atteints.