Face à Netflix, Amazon Prime video et consorts, trois plateformes de SVOD françaises se démarquent par leur engagement. Notamment grâce à des contenus consacrés à la transition sociale et écologique, des modes de financement alternatifs ou même une distribution plus responsable. À l’image d’AunomdelaTerre.tv, nouvelle venue.
« Rame pour ta planète », documentaire de Sabina Hourcade et Lucie Francini, « Les fils de la Terre », d’Edouard Bergeon et « Anaïs s’en va-t-en guerre » de Marion Gervais. Ce n’est pas sur Netflix, Amazon Prime ni même la plateforme française Salto que se trouvent ces trois documentaires. Ces contenus engagés sont à découvrir sur trois plateformes de SVOD (vidéo à la demande) françaises : Imago TV, AunomdelaTerre.tv (ex CultivonsNous.tv) et CinéMutins.
Face aux géantes, ces plateformes misent sur des contenus consacrés à l’urgence climatique ou à la transition sociale et environnementale. Leur engagement s’exprime même dans leurs moyens de diffusion et de financement alternatifs.
« On veut casser l’image barbante du cinéma militant et engagé »
Si les grandes plateformes de SVOD jouent la carte du catalogue pléthorique, quitte à ne pas être très regardantes sur la qualité de leurs contenus, CinéMutins, plateforme créée en 2020 par la coopérative Les mutins de la Pangée, se différencie par une éditorialisation forte. « C’est la curiosité qui nous guide, c’est une forme de résistance, explique ainsi Olivier Azam, des Mutins de Pangée. Nous nous intéressons au monde à travers le cinéma. Par exemple, nous avons une programmation autour des films de campagnes politiques, sur les questions d’environnement ». Le fonds de CinéMutins se compose ainsi de films concernant les luttes ouvrières, paysannes, féministes et écologistes.
Lire aussi : Peut-on réaliser un documentaire sur l’environnement totalement écolo ?
Sur Imago TV, les documentaires côtoient également des podcasts, sur la transition écologique et sociale. « On ne peut pas traiter d’écologie si on n’a pas de notion d’économie et de démocratie. Les questions, comme les solutions doivent être transverses, c’est pourquoi nos contenus sont pluridisciplinaires », explique Nicolas R. cofondateur d’Imago TV.
De même, Cultivonsnous.tv, plateforme lancée en 2020 par Edouard Bergeon et Guillaume Canet après leur collaboration pour le long métrage « Au nom de la Terre », indiquait « montrer des initiatives inspirantes de producteurs ayant trouvé un modèle résilient et durable qui fonctionne ». Au programme de la plateforme qui revendiquait près de 60.000 abonnés l’an passé : des contenus sur l’agriculture et l’alimentation. Toutefois, suite à des désaccords avec l’hébergeur de cette première chaîne, Edouard Bergeon et Guillaume Canet ont annoncé lancer une nouvelle initiative similaire : AunomdelaTerre.tv, disponible dès le 21 mars prochain.
Aux manettes, des fondatrices et fondateurs engagés
Derrière ces projets engagés voire militants, se cachent bien souvent des figures qui partagent les valeurs défendues par leurs plateformes. CinéMutins par exemple, est l’œuvre d’une coopérative de production et d’édition fondée par des professionnels et professionnelles du cinéma et de la télévision, derrière la télé libre Zalea TV. « Nous venons aussi de l’univers des ciné clubs, des débats autour de la diffusion des films en salle. Pour nous, le cinéma doit être un sujet de débat », explique Olivier Azam.
Edouard Bergeon, fils d’agriculteur, a lui fondé sa plateforme après la sortie de son long métrage alertant sur la condition des agriculteurs en France. Imago TV a été pensée par des créateurs de contenus en manque de canal de diffusion. « Nous avons fait le constat qu’une minorité de créateurs sur ces thématiques ont une bonne audience sur Youtube. Or, l’immense majorité, qui ne répond pas forcément aux codes de la plateforme, ont une faible visibilité », explique Nicolas R.
Des recettes reversées
Sur la plateforme Imago TV, qui revendique 120.000 utilisatrices et utilisateurs réguliers et dont tous les contenus sont disponibles en accès libre et gratuit, il est possible d’adresser des dons directement aux vidéastes. « Le développement, la maintenance et la vie de la plateforme sont opérés par des bénévoles. Pas de personnel à rémunérer et les faibles frais d’hébergement sont financés par des dons », précise Nicolas R.
Lire aussi : « Anthropocène, l’époque humaine » : l’homme épuise la nature
« Nous fonctionnons avec un système de carte prépayée, comme un vidéo club, explique pour sa part Olivier Azam. Nous partageons la moitié de nos recettes avec les ayants-droits, ça nous permet de soutenir notre milieu ». Edouard Bergeon a par ailleurs fait le choix de soutenir le milieu agricole en reversant un euro de chaque abonnement à l’association Solidarités paysans, « qui œuvre à la préservation des droits sociaux des agriculteurs et leur apporte un soutien moral et financier », explique-t-il sur son site. Une manière de faire correspondre le fond et la forme.