Ce mercredi 11 mai, sort en salle « L’été nucléaire », réalisé par Gaël Lépingle. Dans un long métrage à l’atmosphère angoissante, le cinéaste imagine une catastrophe nucléaire aux alentours de Nogent-sur-Seine. Cinq jeunes se retrouvent alors confinés en urgence à proximité de la centrale.
Dans la rase campagne auboise, le footing de Victor tourne au cauchemar lorsque résonne une sirène d’alerte. Redoutée autour de Nogent-sur-Seine, elle signale un accident nucléaire survenu dans la centrale locale, dont les cheminées barrent l’horizon. Rapidement, Victor tente de fuir et croise en route d’anciens camarades de son village. Pris au piège de la menace nucléaire, ils n’ont d’autre choix que de se réfugier dans une habitation voisine.
Cette catastrophe est le point de départ du long métrage de Gaël Lépingle, en salle ce mercredi 11 mai. Originaire des rives de la Loire, ce dernier réalise L’été nucléaire, un presque-film-de-genre, profondément marqué par ses souvenirs d’enfance. « J’ai grandi dans l’agglomération orléanaise avec à l’horizon le panache de fumée des tours de refroidissement de la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux. J’ai le souvenir lointain des accidents de 1980 et 1987, explique-t-il dans un communiqué. Je me suis souvent demandé : qu’est ce qu’il se passerait s’il y avait un problème ? ».
L’accident nucléaire, une menace bien réelle au service de la fiction
L’échelle internationale des évènements nucléaires (INES) définit une échelle à huit niveaux. Jusqu’au troisième, les évènements nucléaires sont qualifiés « d’incidents », et considérés comme sans conséquence significative sur les populations et l’environnement. Gaël Lépingle décide de confronter ses jeunes protagonistes à un évènement de niveau cinq, soit un « accident nucléaire », dont ils saisissent la mesure dans les médias. Il est question de « fuite d’eau dans le cœur du réacteur », de « rejet non contrôlé » puis de « fissure dans l’enceinte du bâtiment ». Dans l’histoire, le site de Saint-Laurent-des-Eaux a connu les deux accidents nucléaires les plus graves de l’histoire de France. Les accidents de 1969 et 1980 ont tous deux été classés niveau quatre.
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À l’aide d’une bande son oppressante et de travelings dans des décors désertiques, Gaël Lépingle figure cette menace impalpable. « C’est un film qui joue sur l’invisible, puisque le danger radioactif ne se voit pas. C’est là, dans l’air, tout proche mais on ne sait pas, explique le cinéaste. Les rues désertes, les maisons abandonnées, apparemment rien n’a changé et pourtant tout a changé. C’est une leçon du cinéma fantastique, de faire surgir la menace du réel le plus banal ».
Une œuvre documentée bien que fictionnelle
Malgré son caractère fictionnel, L’été nucléaire nous plonge dans les conditions du réel. Une fois réunis dans une habitation désertée, Victor et ses quatre amis calfeutrent les fenêtres, les conduits d’aération, allument leur télévision, leur radio et cherchent en vain des pastilles d’iode. Un comportement recommandé par le gouvernement sur sa page « Risques », dédiée à la prévention des dangers majeurs : « En cas d’alerte nucléaire, mettez-vous à l’abri, fermez les portes et les fenêtres et éteignez la ventilation […], tenez-vous informés ».
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On observe également les cinq jeunes télécharger une application permettant de transformer – moyennant un morceau de scotch sur l’objectif – leur smartphone en compteur geiger. Toute relative puisse-t-elle être, cette technologie, existe bel et bien (avec l’aide de l’application Radioactivity counter) ! Gaël Lépingle explique en effet avoir voulu : « montrer de façon réaliste et documentée, comment ils réfléchissent, agissent, inventent, à partir des bribes d’informations qu’ils reçoivent des médias ».
Tourné au moment de l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen et sorti alors que Vladimir Poutine agite la menace nucléaire, L’été nucléaire « n’est quasiment plus dans le film d’anticipation », craint son réalisateur. Il explique : « J’aimerais que le film permette de repointer les risques liés au nucléaire, de faire revenir le débat […] Je n’ai pas voulu faire un film apocalyptique de plus mais montrer les dangers déments d’une industrie qui fait partie de notre histoire et presque de notre identité ».