Presque personne ne s’interroge sur l’origine du cuir lorsqu’il achète un vêtement ou des chaussures. Le documentaire Hazaribagh, cuir toxique répond pourtant à cette question et fournit des informations troublantes.
Direction le Bangladesh, à la périphérie de Dhaka, la capitale du Bangladesh. On y trouve Hazaribagh, un bidonville géant peuplé de 500 000 habitants qui fournit une main d’œuvre peu chère aux tanneries qui inondent l’Europe de leur cuir bon marché. Chaque année, 14 millions de peaux de bêtes sont traitées pour être transformées en cuir à Hazaribagh. Dans ces tanneries, les conditions de travail sont archaïques : les méthodes et les machines sont les mêmes depuis 30 ans.
De nombreux produits chimiques sont utilisés pour traiter les peaux. Les travailleurs mélangent tout cela avec pour seule protection une paire de gants. Ni masque, ni système d’aération. Les travailleurs n’ont pas non plus de contrat. Lorsqu’ils tombent malade, ils sont remplacés. Et cela arrive très souvent : 90 % des travailleurs contractent une maladie, 1 ouvrier sur 3 est victime d’un accident, le taux de mortalité y est 300 fois supérieur au reste du pays… Est-ce besoin de préciser que les heures supplémentaires ne sont pas payées, qu’il n’y a pas de congé maladie, pas de congés tout court, d’ailleurs ? Les pieds et mains des travailleurs sont rongés par les produits chimiques. 40 % des habitants du pays étant sans emploi, ils ne peuvent se permettre le luxe de changer d’emploi… Bien que le Bangladesh soit signataire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, les enfants font partie de la main d’œuvre abondante et peu chère. Ces petites mains reçoivent un salaire deux fois moins élevé…
La pollution règne à Hazaribagh
Hazaribagh est classé parmi les 30 sites les plus pollués au monde. Chaque jour, 15 000 m3 de rebuts et de boues toxiques sont rejetés et s’accumulent au milieu des habitations. Des millions de litres d’eau sont également nécessaires pour laver et tanner les peaux. Les eaux rejetées sont fluo et de diverses couleurs. Elles se déversent directement dans le fleuve sans aucun traitement. Il n’est donc pas étonnant que le fleuve traversant la ville, le Buriganga, soit le 3e fleuve le plus pollué au monde. Les habitants se lavent et font pourtant leurs tâches ménagères dans ce fleuve.
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Grâce à ces conditions déplorables, nous pouvons acheter en Europe des sacs, chaussures ou vêtements toujours moins cher. L’OMC a imposé la mise aux normes des tanneries d’ici 2014. Les neuf plus grosses tanneries appartiennent à des membres du gouvernement. Ces derniers usent de leur influence pour ne pas reconstruire leurs usines dans un nouvel emplacement destiné à accueillir ces nouvelles tanneries aux normes. Le chantier n’a d’ailleurs pas commencé… Le combat serait-il perdu d’avance ?
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com