Jusqu’au 19 mai, la Cité internationale des arts de Paris accueille l’exposition photographique « Les vies qu’on mène ». Accompagné du Forum vies mobiles, le collectif de photographes Tendance floue a brossé un portrait de la France au prisme des moyens de locomotion.
Dis-moi comment tu te déplaces, je te dirai qui tu es. À scooter, vélo, voiture, camion, ou à pied, qu’ils soient choisis ou subis, les modes de transports des Français et des Françaises témoignent de leur mode de vie. Avec l’exposition « Les vies qu’on mène », le collectif photographique Tendance floue s’associe ainsi au Forum vies mobiles afin de brosser un portrait de la France d’aujourd’hui par le prisme de ses déplacements. Le résultat est à découvrir jusqu’au 19 mai à la Cité des arts de Paris.
En confiant ce projet au collectif de seize photographes de Tendance floue et à un photographe de l’agence Magnum photos, le Forum vies mobiles a souhaité représenter la diversité de la population française. De la même manière dans les années 1980, la mission DATAR a capturé la diversité des paysages hexagonaux. À travers les modes de transports, on découvre bien un rapport au territoire, à la société mais aussi à l’environnement et au temps.
« Nous voulions éviter de tomber dans la binarité entre centre et périphérie »
« Les vies qu’on mène », représente des hommes et des femmes de toute la France métropolitaine et de l’île de la Réunion. Divisée en quatre parties – « S’adapter et se réinventer », « Un nouveau départ », « Prendre soin » et « Suivre sa passion » – « Les vies qu’on mène », flirte avec l’exhaustivité.
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« Nous voulions à tout prix éviter de tomber dans la binarité souvent représentée dans les médias, notamment entre les centres et la périphérie », explique Sylvie Landriève, co-directrice du Forum vies mobiles. Ainsi, Gilles Coulon s’est intéressé aux déplacements à deux roues – scooters comme vélos – rue de Rivoli à Paris et au bord de la mer à Sète. « Après le confinement, les gens se sont emparés du deux roues. On peut entrer dans la vie des gens en regardant comment ils se déplacent », témoigne le photographe. Bertrand Meunier, lui, a représenté avec délicatesse les échanges tendres et le cadre de vie brumeux d’une famille à la frontière avec le Luxembourg qu’elle traverse quotidiennement pour travailler.
La voiture au cœur de la vie des Français et Françaises
« Nous avons eu à cœur de transmettre nos points de vue aux photographes », explique Sylvie Landriève. « Nous avons pu échanger avec des chercheurs », complète Gilles Coulon. Au fil de l’exposition, une scénographie sobre permet de mettre en avant quelques chiffres qui contextualisent les portraits intimes des Françaises et Français rencontrés. En France aujourd’hui, 70% des kilomètres sont parcourus en voiture et 85% des ménages étaient motorisés en 2018, selon l’INSEE.
Force est de constater la place toujours prépondérante du véhicule. À la fois seul moyen de locomotion jusqu’au village voisin dans la Vallée des larmes, ancienne région industrielle des Vosges, mais aussi fierté familiale pour Alain et Claude Willaume dans les années 1960. La voiture permet également au médecin de campagne photographié par Denis Bourges de se déplacer dans le Morbihan.
Un travail photographique et sociologique
Riche d’enseignements et de nuances, « Les vies qu’on mène » offre un regard photographique et sociologique sur les modes de vie des Français et Françaises. Chaque section propose en effet de comprendre un peu mieux la complexité des enjeux entourant les déplacements.
« Nous interprétons les crises que nous vivons comme des crises de mobilité », explique Sylvie Landriève. Avec subtilité, Tendance floue et le Forum vies mobiles tissent notamment des liens entre révolte des gilets jaunes en France, développement de la pandémie de covid-19 à travers le monde et, dans une certaine mesure, crise environnementale. Une réflexion passionnante.