Cet hiver est placé « sous vigilance particulière » pour le réseau électrique du fait de la crise sanitaire. Le gestionnaire de réseau RTE appelle à la vigilance et aux éco-gestes préconisés via Ecowatt en cas de tension sur le réseau.
La crise sanitaire s’invite dans l’équilibre du réseau électrique. En effet, le premier confinement a décalé le planning des arrêts des réacteurs nucléaire pour maintenance. Alors que ces arrêts arrivent généralement au printemps et en été lorsque la consommation électrique est plus faible, le planning a été totalement revu. « Il y a donc une moindre disponibilité nucléaire en janvier et février par rapport aux autres années lié à la crise sanitaire », avertit RTE.
En janvier, le risque reste de même nature que les années passées. Mais à la fin du mois de février, 13 réacteurs seront à l’arrêt. En février et début mars, le risque de coupure d’électricité deviendra plus important que les années précédentes.
Un hiver placé sous vigilance particulière
Depuis 2016, RTE place les hivers sous vigilance en cas de vague de froid et cela devrait être le cas jusqu’en 2024, face à la transition énergétique. En cause, il y a les moyens de production au fioul et au charbon qui ferment. De plus, le parc nucléaire vieillit avec des maintenances plus longues et plus importantes. En face, nous avons des retards de mise en service de nouveaux moyens de production. Ce sont notamment les retards de l’EPR de Flamanville, de la centrale gaz de Landivisiau en Bretagne et des parcs éoliens offshore. Mais c’est aussi le fait de ne pas avoir atteint les objectifs de développement des énergies renouvelables fin 2020.
Avec un hiver doux, le réseau ne connaîtra pas de difficultés particulières. Le risque de difficultés, voire de coupures, se manifestera en cas de vague de froid importante. « Une vague de froid exceptionnelle, c’est des températures sous les normales de saison, entre -2°C et -7°C, qui dure plusieurs jours et sans vent », précise RTE à Natura Sciences.
Faire appel aux Français pour réduire leur consommation
Avant d’organiser des coupures d’électricité, RTE dispose de différents leviers. Il peut d’abord importer de l’électricité et arrêter la consommation de gros sites industriels consommateurs. De plus, il peut baisser la tension sur le réseau de distribution de 5% pour réduire de 5% la consommation.
Par ailleurs, RTE appelle à la mobilisation de tous les Français pour maîtriser leur consommation via des éco-gestes. En partenariat avec l’Ademe, RTE déploie le dispositif Ecowatt sur tout le territoire métropolitain pour aider les Français à consommer mieux et au bon moment. « Si tous les foyers français éteignent une ampoule, une économie de consommation d’électricité de 600 MW est réalisée, soit environ la consommation d’une ville comme celle de Toulouse. Lorsque 25% des foyers décalent leur utilisation de lave-linge ou lave-vaisselle, l’économie atteint 500 MW, l’équivalent d’une ville comme Bordeaux. Et si tous les Français éteignent cinq appareils en veille, l’économie atteint 150 MW, la consommation de la ville de Brest. », nous détaille RTE.
En dernier recours, RTE pourrait avoir recours à du délestage. Il s’agit de coupures de courant « organisées, localisées et temporaires », explique RTE. Mais le gestionnaire de réseau veut rassurer : cela n’est jamais arrivé pour des raisons de surconsommation face à une vague de froid. Si cela devait toutefois se produire, ces coupures se feraient par poches tournantes, selon les besoins. Et elles seraient réparties sur l’ensemble du territoire pour une question de solidarité.
Par Matthieu Combe