Classées "menacées" par l'UICN, les tortues marines sont soumises à une problématique de féminisation dans le Pacifique-Sud. La hausse des températures influence le sexe ratio de ces espèces, entraînant une forte diminution du nombre de mâles. Explications.

Les tortues marines font face à un problème dit de "féminisation" dans le Pacifique-Sud. Plus de 90% des jeunes tortues seraient des femelles, en raison de l'impact du réchauffement climatique sur l'incubation de l'espèce. / Photo : Nicolas Job
Marc Oremus est inquiet. Responsable du bureau WWF en Nouvelle-Calédonie, il remarque avec ses équipes que les jeunes tortues marines ne sont presque exclusivement que des femelles. Même si des données précises manquent encore, c'est pourtant une réalité observée sur les plages du Pacifique-Sud. C'est là que se trouve la Grande barrière de corail, elle-même impactée par le réchauffement des océans.
Là-bas, de nombreuses tortues ont conçu leur lieu de reproduction. Mais, déjà menacées par la pêche accidentelle ou la pollution plastique, ces espèces, dont six sur sept sont classées "menacées" ou "gravement menacées" par l'Union internationale de conservation de la nature (UICN), se voient concernées par une problématique de "féminisation" apparue ces vingt dernières années.
Une problématique qui prend de l'ampleur
"Comme beaucoup de reptiles, le sexe des tortues est défini selon la température au moment de la phase de développement dans l’œuf, explique Marc Oremus. Au moment de l’incubation, une température pivot détermine si la tortue deviendra un mâle ou une femelle". Cette température pivot, qui correspond à environ 28°C chez les tortues marines, dépend d'une zone à l'autre. Une étude publiée dans le journal Global Change Biology en 2019 a évalué le sex-ratio et le lieu de ponte des tortues adultes et jeunes tortues. En sort le constat que certains sites, notamment au nord de la Grande barrière de corail, abritent énormément de femelles. "Pour les jeunes tortues, on a des pourcentages très élevés, au-dessus de 90%", note Marc Oremus.
Lire aussi : Le réchauffement climatique menace les océans d'une extinction de masse
Le problème avait déjà été identifié chez les tortues adultes il y a une vingtaine d'années. Mais la proportion s'avérait moins importante, avec environ 60% de tortues femelles. Quant aux tortues plus âgées, les experts comptent un nombre de mâles plus élevé, sans pouvoir donner d'estimation exacte. "On voit qu'une tendance se dessine, souligne Marc Oremus. Plus on va vers des jeunes tortues, plus on voit de femelles".
Et cette évolution provoque l'inquiétude d'une extinction. "Le phénomène était déjà engagé il y a 20 ans, mais il est en train de s'accentuer", alerte l'expert. Selon lui, si la hausse des températures annuelle reste à peine perceptible pour l'espèce...
La suite de cet article est réservée à nos abonnés
Abonnez-vous pour accéder à l'ensemble de nos contenus et prendre part à la construction d'une société résiliente face à la crise écologique et climatique.
Ou, connectez-vous à votre compte