Le GIEC publie ce lundi le troisième et dernier volet de leur sixième rapport d’évaluation. Au sommaire : un éventail de scénarios pour limiter le réchauffement et ses impacts par grands secteurs. Un rapport attendu pour contrebalancer les alertes des deux premiers volets.
NB : L’article résumant les principaux points du nouveau volet du rapport du GIEC a été publié depuis la publication de cet article ici : Limiter le réchauffement à +1,5°C ou +2°, « c’est maintenant ou jamais »
Tout écologiste convaincu attend avec impatience depuis le début du week-end l’adoption du troisième volet du rapport du GIEC consacré à l’atténuation du changement climatique. Mais le passage au crible par les délégations en visioconférence, ligne par ligne, mot par mot, du « résumé pour les décideurs », a débordé de plus de 48 heures. Ce délai a décalé la publication officielle du nouveau rapport à lundi 4 avril, 17h.
En clair, ce troisième et dernier volet du sixième rapport d’évaluation des experts climat de l’ONU présentera par grands secteurs (énergie, transport, industrie, agriculture…) les pistes les plus prometteuses pour diminuer les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il touche à l’organisation même de nos modes de vie, de consommation et de production. Il abordera également les questions d’acceptabilité sociale et la place des technologies comme le captage et le stockage du carbone.
Éviter le pire de la catastrophe climatique
Il y a deux semaines, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a été plus que clair. Le monde marche « les yeux fermés vers la catastrophe climatique », a-t-il alerté.
Dans le premier volet de son rapport publié en août 2021, le Giec dévoile que la Terre s’est déjà réchauffée d’environ +1,1°C en moyenne par rapport à l’ère pré-industrielle. Il précise : « La hausse des émissions de gaz à effet de serre depuis 1750 est sans équivoque causée par les activités humaines. Il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, l’océan et la terre. » Le budget carbone pour limiter le réchauffement climatique à +1,5°C pourrait être consommé avant 2030. D’ici 2040 pour le limiter à +2°C.
Lire aussi : 6e rapport d’évaluation du GIEC : comprendre les groupes de travail
Le deuxième volet paru fin février, explique que « le monde affrontera de multiples aléas climatiques inévitables au cours des deux prochaines décennies avec un réchauffement climatique de 1,5°C ». Dès lors que le réchauffement dépassera ce seuil, même de façon « temporaire », le monde connaîtra « des impacts supplémentaires graves, dont certains seront irréversibles », poursuit-il.
Les médias regardent ailleurs
La guerre en Ukraine et l’épidémie de Covid-19 ont éclipsé la publication du deuxième volet du rapport du GIEC. Entre le 28 février et le 10 mars, le rapport du GIEC n’a représenté que 0,3% de la pression médiatique. Et ce, contre 6% pour la Covid-19 et 17% pour la guerre en Ukraine, selon une étude de Tagaday.
Le climat étant également l’oublié de la campagne présidentielle française, de nombreuses associations ont dénoncé le silence des médias. En particulier le collectif QuotaClimat demande aux journalistes et rédactions de s’engager à mettre l’accent sur le climat et la biodiversité à hauteur de 20% de l’espace disponible.
« De combien de nouvelles destructions devons-nous être les témoins, combien de rapports scientifiques supplémentaires seront-ils nécessaires, avant que les gouvernements reconnaissent enfin que les énergies fossiles sont les véritables coupables de la souffrance humaine à travers la planète », a dénoncé Namrata Chowdhary, de l’ONG 350.org.
Vers le COP27 égyptienne
Selon l’ONU, les engagements actuels des États, s’ils étaient respectés, mèneraient vers un réchauffement « catastrophique » de +2,7°C. Les signataires de l’accord de Paris devront donc renforcer leurs ambitions d’ici la conférence sur le climat COP27, en Égypte en novembre. Mais après une COP26 qui s’est terminée sur un « optimisme naïf », pour Antonio Guterres, la guerre en Ukraine pourrait à l’inverse faire dérailler encore plus l’action en faveur du climat.
« Si les dirigeants mondiaux, publics et privés, ne font pas de progrès pour mettre en place des plans climat clairs dans les deux prochaines années, les plans (de neutralité carbone) pour 2050 pourraient être hors sujet », a mis en garde la patronne de l’ONU-Climat Patricia Espinosa.