Avant de passer au photovoltaïque, une question se pose : pendant combien de temps fonctionnera correctement un panneau solaire ? Les chiffres diffèrent selon les constructeurs et les composants de l’installation, mais aussi les aléas météorologiques. On fait le point.
En France, le photovoltaïque monte en puissance. Selon une étude du cabinet de recherche et de conseil spécialisé dans les énergies renouvelables LCP Delta, en 2022, 600.000 logements français étaient équipés d’installations photovoltaïques. La durée de vie de ces installations différera selon les constructeurs. De surcroît, tous les éléments d’un panneau photovoltaïque n’ont pas nécessairement la même durée de vie que le panneau lui-même.
Une durée de vie d’environ 30 ans pour les panneaux
Selon les chiffres avancés par différentes entreprises, un panneau solaire devrait produire de l’électricité verte pendant au minimum 20 ans. Pour les plus optimistes, l’installation devrait fonctionner entre 40 et 50 ans. L’Agence de la transition écologique (Ademe) retient pour sa part une durée de vie moyenne de 30 ans. Cette durée de vie est différente de la garantie constructeur, plus courte. Pour les panneaux solaires, cette garantie est en général de 10 à 25 ans.
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Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) donne pour sa part une durée de vie de 25 ans, en moyenne, aux panneaux photovoltaïques. “Il faut savoir que, évidemment, il y a des travaux d’innovations, de recherche et de développement qui font en sorte que cette durée de vie soit étendue”, précise Jérémy Simon, délégué général adjoint de ce syndicat qui œuvre au développement des énergies renouvelables en France.
…mais pas pour toutes ses pièces
Si l’installation a une durée de vie de 25 à 50 ans, tous ses composants n’ont pas une durée de vie aussi longue. C’est notamment le cas des onduleurs centraux et des micro-onduleurs. Ces pièces servent à transformer le courant produit par les panneaux en courant compatible avec le réseau électrique. Les onduleurs centraux ont une durée de vie de 8 à 15 ans, selon les constructeurs. Les micro-onduleurs ont pour leur part une longévité d’environ 25 ans. Ces pièces devront être remplacées, mais n’impactent pas la durée de vie globale du panneau.
Une panne d’onduleur est facilement repérable. Selon les constructeurs, un écran éteint, un message d’erreur sur l’écran de l’appareil, ou une baisse de rendement sur quelques jours, peuvent être des symptômes d’une panne de l’onduleur. Il sera alors nécessaire d’appeler un technicien pour le réparer ou le remplacer. Si l’onduleur n’est plus sous garantie, selon Engie, un budget de “1.000€ à 2.000 € [est à prévoir] pour le changer, tous les 10 ans environ”.
La météo : principale cause de la réduction de la durée de vie d’un panneau solaire
Selon Effy, entreprise spécialiste en rénovation énergétique, “ce sont surtout les éléments extérieurs et le climat qui impactent la durée de vie des panneaux solaires”. En effet, les panneaux photovoltaïques sont conçus pour résister à la plupart des intempéries. Par exemple, les normes de la Commission Électrotechnique Internationale (CEI) garantissent “qu’une installation photovoltaïque supporte la chute de grêlons, jusqu’à 1,25 cm de diamètre, à une vitesse de 140 km/h”, précise EDF. Cependant, certains épisodes de neige ou de grêle extrêmes, d’humidité continue et prolongée ou de températures élevées peuvent endommager ces installations. En effet, “quand on parle d’épisodes liés au dérèglement climatique. On a vraiment en tête soit la grêle, soit les épisodes de fortes chaleurs”, explique Salomé Durand, responsable solaire au SER.
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À cause du dérèglement climatique, ces épisodes météorologiques extrêmes vont avoir tendance à se multiplier. Effectivement, d’après le sixième rapport du GIEC, paru en mars 2023, “les impacts du changement climatique vont s’accentuer au fur et à mesure du réchauffement mondial. Cela concerne : les extrêmes de températures, l’intensité des précipitations, la sévérité des sécheresses, l’augmentation en fréquence et intensité des évènements climatiques rares”. Il devient alors plus probable que de tels événements endommagent les installations photovoltaïques. Cependant, “la durée de vie moyenne de 25 ans prend en considération les épisodes météorologiques plus ou moins violents. Ainsi, les panneaux résistent à la majorité des épisodes de grêle ou de fortes chaleurs”, rappelle Salomé Durand.
Un rendement de 91,75% après 20 ans de service
En vieillissant, les installations photovoltaïques perdent en rendement. Aujourd’hui, les fournisseurs garantissent généralement que leurs installations conserveront 80% de leur puissance initiale au bout de 25 ans. Cependant, selon les études de l’association Hespul et de la grande école BFH de Berne, cette baisse n’est pas nécessairement aussi importante. En effet, l’étude menée en 2012 par Hespul a relevé une “perte moyenne de puissance de 8,25 % après 20 ans de service”. Ces résultats témoignent de “très bonnes performances”, explique l’association.
En 2017, l’étude de l’école BHF a constaté une baisse de rendement de similaire, de “moins de 10% en 26 ans”. Ainsi, les panneaux photovoltaïques gardent un bon rendement sur les 25 premières années de leur vie. Ils restent alors parfaitement utilisables même après ce laps de temps. Le choix de remplacer, ou non, l’installation photovoltaïque en fonction de cette baisse de rendement se fait alors au cas par cas en fonction de la situation.
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En dehors du vieillissement des équipements, des problèmes d’ombrage, d’étanchéité ou d’encrassement des modules peuvent également causer une baisse de rendement. Dans ce dernier cas, et plus généralement pour augmenter la durée de vie de vos panneaux solaires, il est nécessaire de bien les entretenir. Selon Effy, il est “conseillé de nettoyer la surface des modules deux fois par an. D’abord au printemps, face à l’arrivée des pollens et pour enlever les derniers résidus de l’hiver. Ensuite à l’automne pour enlever les traces de sable et autres particules qui se sont accumulées pendant la belle saison”. Dépoussiérer les onduleurs et vérifier l’état des câbles sont également de bons gestes pour maintenir les panneaux photovoltaïques au maximum de leurs capacités.
Une seconde utilisation pour allonger la durée de vie
Une fois arrivé en fin de vie, un panneau solaire trop endommagé peut être recyclé. En France, c’est l’éco-organisme Soren qui supervise cette tâche. Lorsque le panneau est en état, “on s’oriente de plus en plus vers la seconde vie, explique Jérémy Simon. Une fois que le panneau a fait son office principal, il va pouvoir être réutilisé. Soit pour le même usage, soit pour un autre usage, mais en tous cas il va avoir une seconde vie”.
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Par exemple, une installation en bon état mais qui a perdu en rendement pourra passer en “autoconsommation pure” chez un particulier. “On peut imaginer un schéma qui soit qu’un énergéticien construit et exploite un parc solaire sur une centrale au sol et y fasse uniquement de la vente d’énergie. Au bout de 25 ans, le panneau, au lieu d’être démonté et recyclé sera revendu pour un réemploi à des particuliers qui vont l’installer sur leur toit. Ils pourront en faire de l’autoconsommation pure”, imagine Jérémy Simon.