Si le nucléaire est souvent apparu comme l’énergie la plus compétitive pour produire de l’électricité, la baisse récente du prix des énergies renouvelables change la donne. Explications avec Sean Vavasseur, responsable système électrique au Syndicat des énergies renouvelables.
En 2050, l’électricité verte d’origine renouvelable pourrait couvrir l’ensemble de la consommation française. Mais pour cela, il faut déjà atteindre les objectifs intermédiaires pour 2023, 2028 et 2035. « Avec l’objectif de réduction de la part du nucléaire à 50% dans la production d’électricité d’ici 2035, on sait qu’il faudra remplacer des réacteurs qui vont fermer par des énergies renouvelables, rappelle Sean Vavasseur. Il faut accélérer ce déploiement dès aujourd’hui car la France est en retard sur les objectifs déjà fixés pour 2023 et c’est dommage quand on voit toutes les trajectoires qui montrent que développer les ENR est clairement l’option sans regret. »
Avantage à l’éolien et au solaire sur le nucléaire
EDF estime le coût de production de son parc nucléaire historique à 53 euros par mégawattheure (53 €/MWh). Autrement dit, l’énergéticien estime qu’il doit débourser 53 euros dès lors qu’il fait tourner une puissance d’un mégawatt (c’est-à-dire 1000 kilowatt) pendant une heure. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) évalue ce coût pour sa part à 48 €/MWh. Ces échanges en cours ont pour but d’évaluer les justes « coûts de production » pour ensuite fixer le juste « prix » dans le cadre des travaux concernant le prix du nucléaire post-ARENH . Mais l’électricité produite par la nouvelle centrale nucléaire de Flamanville (EPR) devrait coûter entre 110 et 120 euros le MWh, estime la Cour des Comptes. Dans ces conditions, les derniers appels d’offres solaire et éolien montrent l’urgence qu’il y a à investir dans les énergies renouvelables pour la transition énergétique.
Les derniers appels d’offres en France assurent un prix d’achat (et non un coût de production) de l’électricité de l’éolien terrestre à 60 euros par mégawattheure et à 57 euros pour le photovoltaïque au sol. Les projections prévoient encore des baisses de prix à l’avenir. Avec la crise sanitaire, le prix de vente de l’électricité sur le marché européen tourne autour de 40 euros le mégawattheure. « Les producteurs vendent l’énergie via un agrégateur, explique Sean Vavasseur. Désormais avec les compléments de rémunération, ils touchent à la fin du mois un complément de rémunération, entre leur prix de vente sur le marché et le prix garanti par l’État, ou reversent l’excédent si le prix garanti est supérieur à celui du marché. »
Une énergie éolienne en mer de moins en moins chère
Sur les premiers appels d’offres qui ont été attribués en France pour l’éolien en mer, les prix garantis s’élèvent autour de 130 €/MWh. Mais les coûts baissent fortement. Le dernier appel d’offre pour le parc de Dunkerque est de 44 €/MWh pour une mise en service vers 2025. C’est un prix inférieur au nucléaire historique. « Il est certain que Dunkerque dispose de conditions de vents particulièrement favorables avec un facteur de charge important pour les éoliennes, analyse Sean Vavasseur. Il faudra voir le prochain appel d’offres en Normandie l’année prochaine pour avoir confirmation de ces bons prix, mais on sera dans des prix compétitifs, beaucoup plus bas qu’au début des années 2010. »
Dans d’autres pays, on attribue même des appels d’offre sur l’éolien et le solaire sans prix de rachat garanti, car les producteurs ne demandent pas de soutien. En Europe, cela a déjà été le cas pour des parcs en mer en Allemagne et aux Pays-Bas, et pour le solaire en Espagne.
« À long terme, l’éolien en mer sera certainement la technologie la moins chère, avec le solaire au sol, prévient Sean Vavasseur. Un point cependant : il n’est pas certain que demain les filières d’énergies renouvelables n’auront plus besoins de soutien public ici ou ailleurs. Ce qui semble plus certain c’est que ce soutien évoluera de plus en plus vers des garanties qui auront un coût très limité pour les finances publiques, voire nul ou même positif, sur le long-terme. »
Auteur : Matthieu Combe, journaliste de Natura Sciences
Concernant l’éolien terrestre, le tarif auquel est revendu le MWh est dégressif, 80/85€ est le tarif d’assiette. Il baisse aprés 5 ans de fonctionnement en fonction de la productivité des parcs éolien, le tarif plancher est de 30€/MWh. De ce fait, en moyenne le MWh éolien est entre 60€ et 70€.
Le prix moyen de l’éolien n’est pas entre 60 et 70 €/MWh il est de 88,60 €/MWh pour 2013 d’après la CRE.
Source : http://www.cre.fr/documents/deliberations/proposition/cspe-et-contribution-unitaire-2013
Je pense qu’il s’agit plutot du tarif d’assiette moyen pour 2013. Il évolue aussi d’une année à l’autre à la baisse ou à la hausse par rapport au tarif figurant dans l’arrété tarifaire qui concerne l’éolien.
Attention aux comparaisons trompeuses. Vous ne pouvez pas comparer une énergie qui fonctionne 8000 heures par an (le nucléaire) et une qui ne fonctionne que 2500 heures (éolien et photovoltaïque). Le coût de ces dernières augmente notablement si l’on rajoute le coût d’adaptation des réseaux électriques et des centrales de « back-up », c’est à dire les moyens nécessaires pour compenser l’absence de production. L’éolien et le photovoltaïque produisent quand ils peuvent, pas forcément quand on en a besoin.
Daniel Florence, le prix du MWh présenté ici prend en compte l’intermittence. Malgré celle-ci, le coût de l’électricité produite sur le court-terme par l’éolien et le photovoltaïque est inférieure à celle du nucléaire de l’EPR. Il faut faire attention à ce que l’on dit.
Il va effectivement falloir adapter les réseaux pour gérer la production décentralisée et l’intermittence, mais ces coûts sont aussi comptabilisés dans le prix du MWh affiché si je ne m’abuse (et payés d’ailleurs par le consommateur à travers la CSPE).
Tout d’abord une petite précision sur le nombre d’heures de fonctionnement d’un parc éolien, il est toujours exprimé en nombre d’heures équivalent pleine puissance. C’est-à-dire que l’on considère que pour une production donnée la totalité de la puissance installée aura fonctionnée à pleine puissance. Ce qui dans la réalité n’est pas vraiment le cas, une éolienne cela fonctionne en fait 80% du temps et pas toujours au maximum de sa puissance nominale. A noter, chaque jour les producteurs éolien fournissent au gestionnaire du réseau leur prévision de production pour le lendemain afin que celui-ci organise les autres moyens de production en conséquence. Les prévisions pour demain : http://clients.rte-france.com/lang/fr/visiteurs/vie/previsions_eoliennes.jsp .
A noter également, le backup de l’éolien est l’hydraulique, une autre énergie renouvelable donc. On peut inverser la réflexion et dire que chaque kilowattheure produit par une éolienne « sauvegarde » un kilowattheure stocké sous forme d’eau dans un barrage. L’hiver, saison où le besoin en énergie est le plus important est aussi la période de l’année la plus ventée, l’éolien est très souvent au rendez-vous des pics, vous pouvez suivre tout cela en temps réel ici : http://clients.rte-france.com/lang/fr/visiteurs/vie/tableau_de_bord.jsp
Bien évidement cher Benjamin, on ne peut pas comparer isolément telle ou telle énergie renouvelable avec le nucléaire, ce qui doit être comparé avec le nucléaire c’est plutôt l’ensemble du mix ENR qui en se développant (et on est qu’au tout début de l’histoire) offrira un taux de foisonnement qui gommera à terme leur caractère intermittent.
Pour terminer, concernant les coûts d’adaptation du réseau électrique pour permettre l’accueil des productions d’ENR il faut savoir que ceux-ci ne sont pas à la charge du réseau mais du producteur. De plus, ces coûts comme les besoins en infrastructures sont à l’heure actuelle, dans chacune des régions de France, en cours de définition dans le cadre des Schéma Régionaux de Raccordement au Réseau des ENergies Renouvelables (S3RENR). Ces S3RENR définiront au final l’ensemble des travaux nécessaires et un niveau de quote-part qui sera payée par chaque producteurs et qui financera les travaux d’infrastructures. Au final, ce n’est pas le prix du KWh qui en pâtira (pour l’instant il est fixé par l’Etat) ni même la CSPE, mais l’investissement pour la construction des centrales ENR et donc au final la marge des opérateurs et producteurs.
Merci OGU pour toutes ces précisions ! En somme, vous nous apportez plutôt des bonnes nouvelles 🙂
Mieux que ça cher Benjamin, l’espoir de la transition énergétique qui est en marche !
L’éolien c’est 13 TWh en 2012 à comparer à la consommation de 490 TWh pour la France.
L’éolien a donc participé à hauteur de 2.6% aux besoins d’électricité pour un surcoût d’un demi milliard d’euros.
Et encore, nous n’avons rien vu. Lorsqu’on aura construit les parcs offshore, le tarif d’achat ne sera plus de 89 €/MWh mais de 220 €/MWh… La CSPE va en prendre un coup !
Oui c’est exact l’éolien ne représente que 2,6% de la conso et c’est insuffisant, nos voisins font beaucoup mieux. Nous aussi nous le pouvons et ce qui est en marche. Il n’est pas non plus interdit de faire des économies d’énergie et d’être plus efficace. C’est le triptyque proposé par la transition énergétique.
Je ne ferai pas plus de commentaires sur la question du tarif.
Concernant l’offshore, je pense qu’il faut sortir son coût de l’équation. Ce qui sera financé se sont bien plus les emplois (des dizaines de millier), les savoir-faire (sur les fondations métalliques aujourd’hui posée et demain flottantes) , la R&D que les KWh et cela pour un marché à l’export et qui plus est dans un secteur de notre industrie largement en crise : la construction navale. Le programme éolien offshore de la France est de 6000 MW, une paille destiné à asseoir la filière, nos voisin Britannique sont à 35GW c’est un marché énorme.
Les choses avancent, évoluent, ce qui est certain c’est que la transition énergétique ne peut se construire engoncé dans des certitudes apprises.
Bien évidemment, c’est la moyenne sur la durée de vie de l’équipement, ou au moins la partie faisant l’objet d’un tarif d’achat qui doit être prise en compte.
On en est déjà entre 105 et 110 €/MWh pour l’EPR, qui n’entrera en fonction qu’à la fin de 2016 ou seulement en 2017 après la phase d’essais de production.
Pour l’éolien terrestre, les tarifs d’achat diminuent après dix ans et disparaissent cinq ans plus tard. Le coût de l’éolien est en conséquence de 70 à 85 €/MWh sur quinze ans et de 65 à 75 €/MWh sur vingt ans?
Pour l’éolien en mer, le cas français n’est pas significatif. Mais en Allemagne, c’est 105 €/MWh réparti sur vingt ans. Seuls les cas extrêmes (très loin, mer très profonde) peuvent amener le coût autour de 120€/MWh.
Pour le photovoltaïque en France, c’est déjà descendu à 82 €/MWh pour des installations moyennes (100 kW). Et il faut savoir que l’essentiel des installations, plus de 70%, dépasse les 100 kW. Ce qui fait beaucoup baisser le coût moyen.
La démonstration est complètement fallacieuse puisque l’auteur de cette brillante analyse calcule le prix moyen de la façon suivante, je cite : « Le coût moyen de l’électricité photovoltaïque produite par les nouvelles installations photovoltaïques, enregistrées au dernier trimestre 2012 est obtenu en pondérant les puissances totales installées dans chaque tranche de puissance par le tarif moyen de cette tranche. C’est une estimation réaliste. »
Cette estimation n’est pas du tout « réaliste » car le puissances installées dans chaque tranche l’ont été (par le passé) avec des prix d’achats très élevés souvent entre 40 et 60 c€/kWh. AU contraire, quand les tarifs descendent en dessous de 20 à 25 c€/kWh, on ne trouve plus aucun investisseur pour monter des projets.
Il est complètement utopique d’imaginer des prix de kWh PV à moins de 7 c€, même en 2016 ! Si c’était le cas, on arrêterait tout de suite de développer des parcs éoliens offshore qui sont prévus à plus de 20 c€/kWh !
Quant à l’EPR, c’est une tête de série, ça n’a pas de sens de parler de prix unitaire sur un prototype. Il faut comparer ce qui est comparable. Le prix de vente actuel du kWh nucléaire sur le marché de gros est de 4,2 c€/kWh et les opérateurs qui l’achètent accusent EDF de le vendre trop cher par rapport au prix de revient.
L’énergie renouvelable bon marché est un mythe. L’énergie sera de plus en plus chère et il faut s’y préparer.
Seules les énergies fossiles (ou nucléaires) nous ont permis de gaspiller l’énergie depuis un demi siècle. Mais il faut revenir à la réalité. Les énergies fossiles s’épuisent est sont très polluantes, les renouvelables seront rares et chères.
@ ogu,
Article très intéressant et pas du tout contradictoire avec ce que j’ai expliqué plus haut.
FEE essaie de démontrer que l’éolien ne coûte pas cher. Il est certain que l’éolien terrestre n’est pas la plus chère des ENR, c’est celle qui arrive juste après l’hydraulique en terme de coût.
Néanmoins, il ne faut pas oublier que FEE fait du lobbying pour conserver les tarifs obligation d’achat (qui sont actuellement entre 85 et 100 €/MWh). Si l’éolien était vraiment compétitif, les producteurs éoliens vendraient leur énergie sur le marché libre.
Malheureusement, au prix actuel du marché (autour de 50 €/Mwh), aucun investisseur ne mettrait un euro dans un parc éolien s’il n’y avait pas les tarifs subventionnés.
La meilleure preuve est qu’à l’heure actuelle, les banques craignent que la cour de justice européenne n’annule le tarif le tarif d’achat éolien et dans ce contexte, ils refusent de financer tous les nouveaux projets !
Mathieu Combe, encore un journaliste sans une vision globale des problématiques et ne maîtrisant absolument pas son sujet répand conneries sur conneries. (soit dit en passant monsieur Sean Vavasseur n’est pas beaucoup mieux)
Pourrais-je préciser que les ENR ne sont pas des systèmes pilotable. Qu’est ce qu’un système pilotable ? Les centrales nucléaires en sont, en gros vous appuyez sur un bouton et on vous délivre tant de MWh et s’il n’y en a pas besoin on en réduit la voilure. Un système non pilotable c’est un système qui produit suivant certaines conditions.
Donc votre train de 8h00, schématiquement, il partira quand il y aura du vent.
« l’éolien terrestre à 60 euros par mégawattheure et à 57 euros pour le photovoltaïque au sol » c’est sans système de stockage rendant pilotable le tout. Avec système de stockage vous faites un rapport de 5 (pour les plus optimistes) à 15 fois le prix.
Résultat des courses le nucléaire reste incontestablement moins onéreux.
Après ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, le nucléaire a de gros inconvénients, ça il n’y a pas de doute. Mais dans une Europe qui est assise sur quasiment 0 litres de pétrole (en comparaison des pays de l’OPEP) et d’une Europe qui est dépendante de quasiment tout, le nucléaire me semble être une Bouée de sauvetage pas si terrible en comparaison de ce que pourrait être un monde sans énergie du jour au lendemain.
Pour votre information stocker dans des batteries côté bilan CO2 c’est terrible ! Et vous saurez qu’environ 2,5% des énergies électriques sont stocker dans le monde et que seul 0,5% de ces 2,5% le sont avec des batteries. La grande majorité du stockage électrique se fait via des barrage réversible.