« Pollutions plastiques : une bombe à retardement? », s’interroge un rapport parlementaire. Il dresse un constat alarmant de la pollution plastique et invite les pouvoirs publics à prendre des mesures fortes.
« En moins de 100 ans, le plastique est devenu le troisième matériau le plus fabriqué au monde, après le ciment et l’acier », partage Angèle Préville, sénatrice du Lot, membre du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain et co-rapporteur de « Pollutions plastiques, une bombe à retardement ? ». Ce rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) rappelle que si les plastiques ont originellement été conçus pour être utilisés comme des matériaux résistants et de longue durée de vie, ils sont de plus en plus déviés de cette utilisation initiale au profit des emballages et des objets à usage unique. « 81% des plastiques mis en circulation deviennent des déchets au bout d’une année », partage Angèle Préville. En particulier, le secteur de l’emballage constitue le premier débouché des plastiques. Il représente ainsi 36% des plastiques produits au niveau mondial.
Pollution des océans, fragmentation des plastiques dans l’environnement, perte de granulés, rejets de microbilles et microfibres dans les eaux usées, érosion des pneus… la pollution plastique est multiforme. Et elle se disperse sur l’ensemble du globe avec des conséquences multiples pour l’économie, la biodiversité et la santé humaine. Selon le PNUE, les impacts économiques de la pollution plastique s’élèvent à 8 milliards de dollars chaque année. Les acteurs les plus impactés sont la pêche, le tourisme et le transport maritime. « Il apparaît urgent de faire jouer le principe de précaution », prévient Philippe Bolo, député du Maine-et-Loire, second co-rapporteur, et membre du groupe Mouvement démocrate et démocrates apparentés (MDDA).
Face aux pollutions plastiques, l’urgence du principe de précaution
« Le recyclage ce n’est pas la solution miracle que l’on pourrait attendre malgré des politiques publiques essentiellement structurées autour de cette stratégie », avertit Philippe Bolo. Dans ce cadre, le rapport dresse des recommandations pour mieux sensibiliser les citoyens. Il souhaite réduire la production des plastiques, développer le réemploi, rendre le recyclage plus efficient et soutenir la recherche.
En particulier, le rapport recommande de définir une liste des plastiques à réduire. Les rapporteurs demandent un plan d’élimination des décharges sauvages et la promotion d’un traité mondial contre la pollution plastique.
Lire aussi : « Survivre au péril plastique » : des solutions à la pollution plastique
De nouvelles interdictions et une réglementation renforcée
Le rapport appelle à de nouvelles interdictions concrètes. En premier lieu, il défend l’interdiction de la mise en décharge des plastiques bénéficiant d’une filière opérationnelle de recyclage. Ensuite, il recommande l’interdiction des lâchers de ballons et du polystyrène expansé pour l’emballage des colis.
Angèle Préville et Philippe Bolo invitent aussi à s’intéresser à certains points de la réglementation. Ils aimeraient ainsi une meilleure prise en compte de l’abrasion des bandes de roulement dans le cadre de la certification des pneus. « Un pneumatique usagé pèse 2 kilos de moins qu’un pneumatique neuf », alerte Philippe Bolo. Les deux rapporteurs recommandent en parallèle de de conditionner la mise sur le marché des gazons synthétiques au respect d’un seuil maximum de dispersion de billes.
Pour une meilleure information des consommateurs
Le rapport recommande aussi l’affichage obligatoire d’une mention « relargue des microfibres dans l’environnement » sur les étiquettes de tous les textiles à base de fibres plastiques, notamment les fibres polaires. « Les tissus polaires relarguent 10 fois plus microfibres que les autres tissus à base de plastique », prévient Angèle Préville. En plus, les rapporteurs souhaitent rendre obligatoire l’étiquetage du pourcentage de plastique recyclé sur tous les produits, y compris pour ceux qui n’en contiennent pas, avec la mention « 0% de plastique recyclé ».
Le rapport veut enfin informer les consommateurs sur les risques associés au mauvais usage des contenants plastiques. En particulier, il souhaite alerter contre les risques de migration de perturbateurs endocriniens en cas d’utilisation d’un contenant alimentaire en plastique en le détournant de la fonction pour lequel il a été mis sur le marché.
Auteur : Matthieu Combe, journaliste de Natura Sciences