Des emballages alimentaires jetables et de la vaisselle en papier, carton et fibres végétales moulées vendus en Europe contiennent des substances perfluoroalkylées, ou PFAS. Ces toxiques dits “éternels » présentent des effets délétères, dénoncent neuf ONG dont Générations futures et une autre étude d’UFC-Que-Choisir. Elles souhaitent renforcer la législation et demandent d’interdire ces substances chimiques pour toutes les utilisations non essentielles.
L’enquête portée par neuf ONG européennes dont Générations Futures s’intéresse à la présence de substances perfluoroalkylées, ou PFAS, dans les sacs à sandwich et à pâtisserie ou encore dans les boîtes de nourriture à emporter. Les ONG ont ciblé des enseignes de restauration rapides dont Mc Donald’s, ainsi que des restaurants à emporter, des supermarchés et des entreprises de vente d’emballages alimentaires en ligne.
Les substances PFAS « s’accumulent dans l’organisme », prévient l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). L’agence a établi en septembre 2020 un seuil de sécurité pour certaines de ces substances. Elles diminuent la réponse immunitaire à la vaccination et ont un impact sur le cholestérol. En plus, elles sont liées à des cancers ou à l’obésité. « Certains sont cancérogènes, immunotoxiques, toxiques pour le développement et/ou perturbateurs endocriniens », ajoute l’association UFC-Que-Choisir. On les retrouve « dans un large éventail de secteurs industriels, notamment textile, produits ménagers, lutte contre le feu, industrie automobile, transformation des aliments, construction, électronique », précise l’EFSA.
Des traces de PFAS dans tous les échantillons
L’étude a permis d’analyser en laboratoires 42 produits en provenance de République tchèque, du Danemark, de France, d’Allemagne, des Pays-Bas et du Royaume-Uni. « Des traces de PFAS ont été détectées dans tous les échantillons sélectionnés pour l’analyse en laboratoire », avec les concentrations les plus élevées dans « les produits en fibre moulée, (par exemple des bols, des assiettes et des boîtes alimentaires) annoncés comme des produits jetables, biodégradables ou compostables. » Au total, 32 échantillons semblent avoir été traités intentionnellement avec des PFAS.
En France, l’étude a analysé six emballages. Ils provenaient d’un magasin Biocoop et de deux fournisseurs français d’emballages et de vaisselles jetables à usage unique pour les professionnels de la restauration sur des sites de vente en ligne : La boutique du jetable et Le bon emballage. Il s’agit d’emballages jetables en pulpe végétale, de sachets pour sandwichs, d’emballages papiers pour burger ou encore de sachets pour cornets de frites. Les tests ont tous révélé la présence de PFAS, avec une concentration élevée et intentionnelle pour cinq échantillons.
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Et les cornets de frites de McDonald’s?
McDonald’s France indique que l’enseigne s’est engagée au niveau international à supprimer tous les composés fluorés de ses emballages d’ici 2025. L’enquête montre la présence de ces produits dans des sacs de frites McDonald’s achetés en République tchèque et au Royaume-Uni. Ils étaient toutefois absents d’emballages similaires au Danemark. McDonald’s semble y respecter la législation, le pays ayant interdit l’utilisation de PFAS dans les emballages alimentaires en papier et carton en juillet 2020. En France, la marque indique n’utiliser »aucun composés dit nocifs (PFAs, PFOAs et PFOs) au sein de leurs emballages ». Générations futures a indiqué pour sa part ne pas avoir fait d’analyse sur des emballages de cette enseigne en France.
Interdire les PFAS, c’est possible !
Les ONG demandent de « stopp(er) l’utilisation des PFAS pour toutes les applications qui ne sont pas essentielles à la santé, à la sécurité et au fonctionnement de la société ». « Leur utilisation dans les emballages alimentaires et la vaisselle jetables est un exemple de ces utilisations évitables », arguent-elles.
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Elles demandent à l’Union européenne d’interdire tous les PFAS des usages non essentiels. Parmi ces usages : les emballages alimentaires et la vaisselle jetable. Elles exhortent en plus aux gouvernements hors Union européenne de « développer des restrictions similaires ». En plus, elles invitent les entreprises à éliminer ces substances sans attendre. Enfin, elles appellent les citoyens à« apporter leurs propres récipients alimentaires réutilisables » quand ils prennent à emporter.
UFC-Que Choisir en ajoute une couche
Le même jour, l’association de consommateurs française UFC-Que Choisir a publié les résultats d’un test exclusif. Celui-ci porte sur 57 alternatives à la vaisselle jetable en plastique. Elle a ainsi analysé 39 articles en vaisselle jetable à base de pulpe végétale ou de feuilles de palmier et 18 modèles de pailles papier ou en carton pour les pailles. Sur ces 57 produits, 16 ont été achetés en France, les autres en Italie, Espagne ou au Danemark.
Quelque « 66% des échantillons testés contiennent des composés perfluorés […] au-delà des recommandations, parfois largement », indique UFC-Que Choisir dans son étude. Ces composés sont « utilisés pour que la vaisselle résiste à l’eau et aux graisses sans se déliter », précise l’association. Celle-ci demande à l’UE d’ici fin 2022 « une liste précise des matériaux et additifs pouvant être utilisés sans danger comme substituts aux plastiques pour la vaisselle jetable ». Elle demande également « de renforcer le contrôle des allégations environnementales, notamment relatives au compostage ». En effet, ces produits, présentés souvent comme compostables ou biodégradables, peuvent polluer les sols.
Matthieu Combe