L’ONU et l’Organisation météorologique mondiale alertent sur le rythme effréné auquel s’accélère le réchauffement climatique. Les secrétaires généraux des deux institutions alertent sur des effets ravageurs durables sur les écosystèmes mondiaux. Toutefois, pour rompre le cycle de l’inaction, António Guterres propose un plan d’action mondial en cinq points.
Quatre marqueurs clés du réchauffement climatique ont battu de nouveaux records en 2021, a indiqué ce mercredi l’ONU. Les Nations Unies y voient la preuve que le système énergétique mondial conduit l’humanité à la catastrophe. À ce sujet, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) apporte des données édifiantes. Dans son nouveau rapport intitulé « État du climat mondial en 2021« , l’OMM dévoile des chiffres inquiétants. Les concentrations de gaz à effet de serre, l’élévation du niveau de la mer, la température et l’acidification des océans ont tous atteint de nouveaux records l’année dernière.
L’OMM a déclaré que l’activité humaine provoquait des changements à l’échelle planétaire. Sur terre, dans l’océan et dans l’atmosphère, les conséquences des activités humaines sont désignées comme néfastes et durables pour les écosystèmes. Le rapport confirme que les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. En 2021, une température mondiale moyenne d’environ 1,11°C au-dessus du niveau préindustriel a été enregistrée.
Le réchauffement climatique, une « une litanie lamentable »
Pour António Guterres, les déclarations de l’OMM sont une alerte de plus. Pour le chef de l’ONU, ce rapport est « une litanie lamentable de l’échec de l’humanité à lutter contre le dérèglement climatique ». « Le système énergétique mondial est brisé et nous rapproche de plus en plus de la catastrophe climatique », poursuit-il. Ce dernier exhorte à « mettre fin à la pollution par les combustibles fossiles et accélérer la transition vers les énergies renouvelables avant d’incinérer notre seule maison ».
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« Notre climat change sous nos yeux », a déclaré, quant à lui, Petteri Taalas, secrétaire général de l’OMM. « Les gaz à effet de serre d’origine humaine réchaufferont la planète pendant de nombreuses générations à venir. L’élévation du niveau de la mer, la chaleur et l’acidification des océans se poursuivront pendant des centaines d’années à moins que des moyens d’éliminer le carbone de l’atmosphère ne soient inventés », alerte-il.
Concentration de CO2 et niveau de la mer en nette augmentation
Les concentrations de gaz à effet de serre ont atteint un nouveau record en 2020. À cette période, la concentration de dioxyde de carbone (CO2) a atteint 413,2 parties par million (ppm) dans le monde, soit 149% du niveau préindustriel. Les données indiquent qu’elle a continué d’augmenter en 2021 et au début de 2022. La concentration mensuelle moyenne en CO2 à Mauna Loa à Hawaï augmente particulièrement vite. En avril 2020, elle a atteint 416,45 ppm. Tandis qu’en avril 2022, elle s’élevait à 420,23 ppm.
Le niveau moyen mondial de la mer a lui aussi atteint un nouveau record en 2021. Le rapport indique qu’entre 2013 et 2021 ce dernier a augmenté en moyenne de 4,5 millimètres par an. À titre de comparaison, entre 1993 et 2002, la hausse annuelle du niveau des mers avoisinait plutôt 2,1 millimètres. Le rapport souligne que cette augmentation est « principalement due à la perte accélérée de masse de glace des calottes glaciaires ».
Pendant ce temps, le rapport indique que le trou dans la couche d’ozone de l’Antarctique est « exceptionnellement profond et étendu ». En 2021, il mesurait 24,8 millions de kilomètres carrés. Un vortex polaire fort et stable favorise son étendue.
Les océans victimes du réchauffement climatique
La température de l’océan a aussi atteint un niveau record l’année dernière, dépassant la valeur de 2020. L’ONU s’attend à ce que les 2.000 premiers mètres de profondeur de l’océan continuent de se réchauffer à l’avenir. « Un changement irréversible sur des échelles de temps centenaires à millénaires », a déclaré l’OMM.
L’océan absorbe environ 23% des émissions annuelles de CO2 d’origine humaine dans l’atmosphère. Toutefois, celui-ci réagit avec l’eau de mer et s’acidifie. Avec des conséquences délétères sur la faune marine. Certaines espèces ne pouvant s’adapter à des eaux plus chaudes ou plus acides. C’est notamment le cas pour les espèces de plancton qui vivent actuellement dans les eaux les plus froides.
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Pour faire face à l’urgence, António Guterres a proposé cinq actions. Son objectif : relancer la transition vers les énergies renouvelables « avant qu’il ne soit trop tard ». Le secrétaire général de l’ONU préconise de mettre fin aux subventions de combustibles fossiles, tripler les investissements dans les énergies renouvelables, supprimer les formalités administratives, sécuriser l’approvisionnement en matières premières pour les technologies d’énergies renouvelables et faire de ces technologies — telles que le stockage sur batterie — des biens publics mondiaux librement disponibles. « Si nous agissons ensemble, la transformation des énergies renouvelables peut être le projet de paix du XXIe siècle », a déclaré António Guterres.
Chaymaa Deb avec AFP