Suite aux surmortalités observées durant l’hiver 2013-2014, la part du miel français sur nos marchés a fortement baissé. Tous les miels ont été touchés fortement : le miel de thym, d’acacia, de châtaignier, de montagne… Les premières mortalités des abeilles observées sur l’hiver 2014-2015 n’augurent rien de bon.
« Nous espérons que 2015 sera une meilleure année, car il n’y a plus aucun stock chez les apiculteurs », assure Henri Clément, Porte-parole de l’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF). « Il y a eu une augmentation du cours du miel en vrac de l’ordre de 30 à 40 %, mais cette augmentation ne permet en aucune manière de maintenir leur rentabilité économique », avertit-il.
Malheureusement, les premiers constats pour l’hiver 2014-2015 sont « particulièrement préoccupants », met-il en garde. Si l’ensemble des chiffres ne sont pas encore connus, 27 départements ont fait remonter leurs premières pertes. Ainsi, les mortalités des abeilles atteignent 65% dans la Loire, entre 40 et 60 % dans le Tarn et Garonne et jusqu’à 70 %, par endroits. En Charentes-Maritime, la mortalité atteint 50%…« 50% de pertes, c’est presque 50 % de revenus en moins », rappelle le porte-parole. Mais aucune indemnisation n’a été apporté aux apiculteurs pour leurs pertes. En fonction des mortalités définitives et sans aide du Gouvernement, plusieurs apiculteurs feront faillite.
« D’ici un mois, nous pourrons faire un bilan plus précis de l’hivernage, mais d’ores et déjà, nous pouvons dire que dans certaines régions et départements, la situation est catastrophique pour les récoltes à venir », anticipe Henri Clément « Des zones d’élevage jusqu’ici préservées sont aujourd’hui à leur tour touchées », alerte-t-il.
Les néonicotinoïdes, cheval de combat des apiculteurs et des associations
Le programme de recherche européen Epilobee a validé une mortalité des abeilles de 30% comme « acceptable ». Mais avant l’arrivée des insecticides néonicotinoïdes dans les champs français en 1994, ces mortalités tournaient autour de 5%. Dans des milieux « sains », comme l’île d’Ouessant, les mortalités tournent encore entre 1 et 5%. « Il y a donc un lien fort entre l’environnement et les abeilles », rappelle Gilles Lanio, Président de l’UNAF.
Il y avait 100 000 apiculteurs en 1970, 85 000 en 1995 et 70 000 en 2014. La production de miel français a baissé de miel a baissé de 32 000 tonnes en 1995 à 10 000 tonnes en 2014. En parallèle, les importations sont passées de 6 000 tonnes à plus de 30 000 tonnes. Les professionnels souffrent de plus en plus et la pérennité de leurs installations est posée. « Aujourd’hui, s’installer dans des zones où il y a du colza et du maïs, c’est suicidaire », ironise Bertrand Auzeral, apiculteur dans le Lot-et-Garonne.
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com