La loutre à cou tachetée, Lutra maculicollis, est en déclin, notamment dans le sud de son aire de répartition, à cause de l’agriculture intensive dans les zones humides et le long des rivières. Mais elle est encore assez répandue, notamment en Afrique centrale, ce qui explique que l’espèce est dans la catégorie « préoccupation mineure » sur la Liste rouge de l’UICN. Elle est cependant inscrite en annexe 2 de la CITES.
Chassant principalement à vue, la loutre à cou tacheté a besoin d’eau claire pour trouver sa nourriture, ce qui la rend particulièrement sensible à la dégradation de la qualité de l’eau. Or, l’agriculture, la conduite du bétail au pâturage et l’extraction de bois et d’eaux souterraines augmentent les charges de boues et de vases dans bon nombre de rivières africaines.
On retrouve l’espèce dans une grande partie de l’Afrique au sud du Sahara. Elle vit dans les acs, rivières, marais et ruisseaux de montagne, en savane comme en forêt. En Afrique du Sud, une intense activité agricole et industrielle dans le cours inférieur de la rivière Buffalo semble avoir éradiqué la loutre à cou tacheté, alors que la loutre à joues blanches, moins dépendante du milieu aquatique, y survit encore. Dans le Lac Victoria, l’introduction de la grande Perche du Nil a provoqué la disparition de la plupart des espèces de poissons endémiques, et par voie de conséquence un effondrement des populations de loutres à cou tacheté.
Menacée aussi par les aquaculteurs et les pêcheurs
Comme toutes les loutres, cette espèce est persécutée par les éleveurs de truites et par les pêcheurs qui voient en elle un concurrent. Les filets de pêche en nylon, qui constituent pour les loutres un véritable piège, sont une menace sérieuse dans bon nombre de lacs africains.
Les loutres à cou tacheté sont parfois tuées par des chiens domestiques dans les régions rurales. Bon nombre de communautés vivant au bord des lacs chassent la loutre pour sa fourrure : ils en font des bracelets de force et l’utilisent pour s’essuyer les yeux et le nez, la croyant apte à soigner les infections.
Comment vit une loutre à cou tacheté ?
Timide, très liée au milieu aquatique, la loutre à cou tacheté est principalement nocturne. Elle vit seule, en couple ou en petits groupes familiaux allant jusqu’à dix individus. Cette loutre est active le jour, au crépuscule et durant les nuits de pleine lune. La catiche (tanière) est située dans une cavité de la berge, sous une souche ou dans une grotte.
La loutre à cou tacheté se nourrit surtout de poissons et de grenouilles, mais elle préfère les crabes et les moules lorsqu’ils sont en quantité suffisante. La femelle met au monde deux ou trois petits après deux mois de gestation. Les jeunes commencent à nager à huit semaines, sont sevrés à trois mois et deviennent indépendants à l’âge d’un an.
Comment reconnaître une loutre à cou tacheté ?
Cette loutre mesure de 60 à 68 cm de longueur, pour un poids allant de 5 à 6,5 kg. Il s’agit d’une petite loutre aux doigts entièrement palmés, munis chacun d’une griffe courte et fine. Sa queue est aplatie. Sa fourrure est rase, son dos brun rougeâtre à brun foncé, son ventre plus clair. Le menton, la gorge, le cou et la face interne des membres sont chamois clair avec des taches brunes irrégulières.
Auteur : Michel Louis, pour le Manuel des aires protégées d’Afrique francophone (extrait)