Dans un contexte marqué par la hausse continue des prix de l’énergie et afin de réduire les émissions du secteur résidentiel, l’isolation des combles est une solution de premier plan. Elle permet notamment aux ménages cherchant à alléger leur facture énergétique de minimiser l’impact énergétique de leur logement.
Isoler les combles de son logement permet de réduire considérablement ses dépenses énergétiques. La fin annoncée du bouclier tarifaire, prévue pour 2024, rend ces travaux encore plus cruciaux. Juliette Mel, avocate spécialisée en droit de l’immobilier, évoquait récemment à Natura Sciences la loi du 22 août 2021. Cette dernière, destinée à la lutte contre le dérèglement climatique, permet aux locataires d’un logement d’entreprendre certains travaux de rénovation énergétique sans l’accord de leur bailleur.
Les bénéfices d’une isolation des combles sur votre facture énergétique
Parmi les nouveaux travaux réalisables sans l’accord des bailleurs, on peut citer : « l’isolation des planchers bas et des combles », le « remplacement des menuiseries extérieures », « la protection solaire des parois vitrées ou opaques », ou encore « l’installation d’un système de ventilation », liste Juliette Mel. Dans cette perspective, l’isolation de la toiture est souvent la plus rentable, assure de son côté l’ADEME. « C’est la première étape à réaliser, car le potentiel d’économies d’énergie est important », prévient l’agence. Elle insiste aussi sur l’utilité de procéder à l’isolation de combles lors de travaux de rénovation énergétique.
Selon l’ADEME, pour une isolation réussie, il convient d’associer l’isolation de la toiture à une ventilation efficace. L’agence entend par là une ventilation mécanique contrôlée — VMC — hygroréglable ou à double-flux. Puis, il s’agit de faire la chasse aux entrées d’air « parasites », en supprimant les ponts thermiques. Ceux-ci se situent en particulier aux jonctions entre les planchers et les murs, entre les murs et les menuiseries des fenêtres, entre la toiture et les murs. Ils se trouvent également à la jonction du balcon et du mur, ainsi qu’au niveau des montants d’ossatures, des chevrons ou encore des points de fixation.
Le choix de l’isolant pour plus de durabilité et de performance
L’efficacité de l’isolation dépend intrinsèquement du choix des matériaux utilisés. Nurra Barry, fondatrice de Carbon Saver, start-up spécialisée dans l’éco-conception de bâtiments, met en avant, auprès de Natura Sciences, les avantages « de matériaux biosourcés, comme la laine de bois » . Alliant performance thermique, isolation phonique et régulation de l’humidité, « les matériaux biosourcés ont une meilleure inertie et améliorent particulièrement le confort d’été » , souligne-t-elle.
Selon le type de combles, perdus ou aménageables, les techniques d’isolation varient. Pour les combles perdus, les professionnels favorisent l’isolation par soufflage en raison de sa rapidité d’exécution et de son coût maîtrisé. Dans le cas de combles aménageables, l’isolation peut être réalisée par l’intérieur ou par l’extérieur, offrant ainsi une flexibilité selon les projets de rénovation ou d’aménagement.
Les réglementations et normes à respecter pour l’isolation des combles
L’encadrement légal des travaux de rénovation énergétique a été renforcé à travers la loi du 22 août 2021. Cette loi, selon Juliette Mel, « introduit un régime dérogatoire d’autorisation tacite du bailleur lorsqu’il s’agit de travaux de rénovation énergétique ».
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Ce nouveau cadre réglementaire vise à favoriser l’adoption de pratiques de rénovation énergétique efficaces tout en assurant la protection des intérêts des locataires. Juliette Mel explique : « En temps normal, une absence de réponse du propriétaire est synonyme de refus ». Toutefois, la loi du 22 août 2021 inverse la donne. « Sans nouvelle du propriétaire dans les deux mois, l’accord est considéré comme acquis », assure l’experte. Dans ces conditions, le locataire ne devra pas remettre en état le logement à la fin du contrat de location.
Les émissions des bâtiments en baisse
En France, le secteur du bâtiment représente près de 45% de la consommation énergétique totale et environ 25% des émissions de gaz à effet de serre, selon les chiffres de l’ADEME. L’isolation des combles, en réduisant les besoins en chauffage et en climatisation, contribue significativement à diminuer cet impact. Cette opération est d’autant plus pertinente que, selon l’Observatoire de l’Habitat, approximativement 30% des déperditions thermiques d’un bâtiment se font par le toit.C’est plus que les pertes de chaleur par les fenêtres (10 à 15%).
Les opérations de rénovation énergétique commencent à donner des résultats. D’après les premières estimations provisoires du Citepa, publiées le 21 mars 2024, la France a baissé ses émissions de gaz à effet de serre de 4,8% en 2023. La diminution est particulièrement importante dans les secteurs de la production d’énergie et de l’industrie. Suivent les secteurs du bâtiment et du transport routier.
Sur le territoire français, sans prendre en compte les importations, l’activité s’établit à 384,5 millions de tonnes d’équivalent CO2 (MtCO2e). En moyenne, sur l’année 2023, les émissions mensuelles du secteur résidentiel-tertiaire ont baissé de 3,9 MtCO2e (-6%). Pour expliquer cette décroissance, le Citepa avance la « poursuite des comportements de sobriété des ménages et des entreprises », la « rénovation thermique des bâtiments », le « prix de l ‘énergie et l’inflation ».