Le H5N8 est le virus qui provoque l’influenza aviaire, une maladie qui survient chez les volailles, avec des symptômes nerveux, digestifs, cardiaques et respiratoires. Le virus s’attaque aux volailles : oies, canard, cygnes, tadornes et bernaches dans la faune sauvage, canards, oies, poules, pintades et dindes chez les animaux d’élevage.

Il ne faut pas confondre le virus H5N8 qui circule actuellement dans le sud de la France et qui n’est pas transmissible à l’homme avec le virus H5N1. Le H5N1 qui a circulé en France notamment en 2006-2007 était transmissible à l’homme. Tous deux sont des virus de la grippe A, mais le H5N8 est le virus qui provoque l’influenza aviaire, le H5N1 provoque pour sa part la grippe aviaire. Les scientifiques parlent de virus épizootique pour le H5N8, de zoonotique pour le H5N1.
Le virus H5N8 en circulation pendant l’hiver 2020-2021 ressemble beaucoup à celui de l’hiver 2016-2017. « Nous n’avions pas eu une telle flambée épizootique depuis 3 ans et le virus actuel, semble encore plus pathogène, analyse Gilles Salvat, directeur de la santé animale et du bien-être animal à l’Anses. Il a fait plus de dégâts dans l’avifaune sauvage avec de nombreux oiseaux trouvés morts en mer Baltique et en mer du Nord sur des zones de grands rassemblements migratoires. En France, nous avons aussi eu des cas le long du littoral français, sur la Manche, l’Océan Atlantique et sur la Méditerranée. »
L’influenza aviaire a un taux de mortalité proche de 100%
À partir du moment où un canard tombe malade et commence à présenter des symptômes nerveux notamment, le taux de mortalité avoisine rapidement les 100%. Gilles Salvat explique : « Plus vite on tue les animaux au début de l’apparition des symptômes, mieux c’est en matière de bien-être animal car ce sont des maladies qui font énormément souffrir des animaux. On les laisse donc le moins possible mourir de la maladie. Si on laissait le virus courir dans un élevage contaminé, ils mourraient presque tous en quelques jours. »
Les fientes transportent aisément le virus H5N8, contrairement à d‘autres virus qui sont purement respiratoires. Les fientes de canards contaminées sont alors très infectantes. La pluie et le froid favorisent la survie du virus dans l’environnement.
H5N8 : un fort taux de survie dans l’environnement
Dans une flaque d’eau froide, une mare ou les lisiers de canards, le virus peut survivre jusqu’à 60 Jours à basse température. « Si vous traitez les lisiers de canards avec de la chaux, il survivra quelques heures à quelques jours maximum, complète Gilles Salvat. À une température de 25°C, le temps de survie sera d’une dizaine de jours. La température est primordiale : plus il fait froid, plus le virus va survivre longtemps dans l’environnement. »
En fonction des conditions climatiques, les lisiers se décontaminent naturellement entre 45 et 60 jours. Il est d’autant plus important d’attendre suffisamment de temps que ces lisiers ont vocation à être épandus sur les champs agricoles. « Si l’on n’attend pas assez longtemps, cela risque de recréer des foyers épizootiques car ces lisiers resteraient contaminants », prévient Gilles Salvat.
Matthieu Combe