Hubert Reeves retrace l’histoire de l’Univers en insistant sur la complexification dans l’agencement de la matière qui le caractérise. L’Univers est en expansion et les galaxies s’éloignent depuis le Big Bang. Jusqu’où cela ira-t-il ? Hubert Reeves livre quelques réponses.
« La croissance de la complexité », voilà ce qui résume l’histoire de l’Univers d’après Hubert Reeves. Lors de sa conférence donnée à l’Université Laval, le célèbre astrophysicien a présenté les quatre propriétés fondamentales de l’Univers connues à ce jour: l’Univers se refroidit, se raréfie, s’obscurcit et la matière s’y organise progressivement.
Un être humain est constitué de 100 milliards de milliards de milliards de quarks et d’électrons, des particules élémentaires constituant les neutrons et les protons. Selon la théorie du Big Bang, ces éléments sont apparus dès le début de la création de l’Univers.
« L’histoire de l’Univers, c’est comment ces quarks et ces électrons sont devenus vous-mêmes », déclare l’astrophysicien avant de préciser que « quand vous prenez conscience de votre existence, vous faites l’acte le plus extraordinairement complexe qui n’ait jamais été fait dans l’Univers et cela exige que 100 milliards de milliards de milliards de quarks et d’électrons jouent un rôle précis pour que vous soyez en mesure de penser ». Plus de 13,7 milliards d’années d’organisation et de complexification depuis le Big Bang ont été nécessaires pour concrétiser ce simple fait, suppose l’astrophysicien.
Hubert Reeves et le Big Bang
Hubert Reeves raconte qu’à l’époque de sa création, l’Univers n’était constitué que de particules élémentaires. À l’heure actuelle, il est possible d’observer l’infiniment petit, comme par exemple les quarks et les électrons. Avec l’installation du plus grand accélérateur de particules au monde, le Grand collisionneur de hadrons (LHC), à Genève, on souhaite voir s’il est possible de casser les quarks et les électrons et ainsi découvrir une échelle de matière encore plus petite.
D’après l’Organisation Européenne pour la Recherche, la collision frontale de deux faisceaux de particules (protons ou ions de plomb) à une vitesse proche de celle de la lumière pourrait recréer les conditions qui existaient juste après le Big Bang. De nombreuses théories circulent quant aux résultats, mais plusieurs chercheurs supposent qu’avec l’aide de l’accélérateur de particules, de nouvelles connaissances sur le fonctionnement de l’Univers seront accessibles et pourraient remettre en question plusieurs aspects de la physique actuelle. À cause de problèmes techniques lors du lancement du LHC en 2008, les expériences ont été repoussées, mais devraient bientôt reprendre.
« Les galaxies sont les briques fondamentales de l’Univers » et « l’Univers est comme un archipel de galaxies », explique Hubert Reeves. Dans les conditions actuelles, nous connaissons l’existence d’environ 100 milliards de galaxies contenant chacune environ 100 milliards d’étoiles. Il n’est actuellement pas possible de voir plus loin, mais « cela ne veut pas dire que c’est tout ce qu’il y a », note Hubert Reeves avec le sourire. L’un des défis fondamentaux de la recherche dans les années à venir sera de savoir s’il existe un nombre fini ou infini de galaxies. Des indications contradictoires et non convaincantes existent. Aucune hypothèse n’est donc privilégiée.
Et Hubert Reeves et l’Univers ?
Deux scénarios sont actuellement envisageables en ce qui concerne l’avenir de l’Univers. Le premier est celui du Big Chill, dans lequel les galaxies s’éloigneront de plus en plus les unes des autres, et les températures s’abaisseront jusqu’au zéro absolu. La deuxième hypothèse est celle du Big Crunch où, après s’être éloignées, les galaxies se rapprocheraient finalement s’accompagnant alors de températures de plus en plus chaudes. Par ailleurs, il a été découvert à la fin des années 1990, grâce à l’étude des supernovaes, que l’expansion de l’Univers se faisait de façon accélérée. Une nouvelle forme d’énergie a alors été découverte, soit l’énergie sombre – ou noire – aux propriétés étonnantes, puisque sa pression doit être négative. La nature de cette énergie n’est à ce jour toujours pas connue.
D’après la NASA, l’Univers serait constitué de 70 % d’énergie noire et de 30 % de matière dont seulement 4 % de matière ordinaire. Le reste étant de la matière noire. Cette observation favorise la théorie du Big Chill, puisque les galaxies semblent s’éloigner de plus en plus les unes des autres. Cependant, la cause de l’éloignement des galaxies n’est pas encore connue. Il est tout à fait possible qu’elle puisse varier imprévisiblement dans le temps. Au final, l’Univers n’est pas prêt à livrer tous ses mystères…
Auteur : Matthieu Combe, fondateur du webzine Natura-sciences.com