Ce samedi 23 octobre, Greenpeace organisait une journée nationale de mobilisation « Oh labels promesse ! ». Dans le 11ème arrondissement de Paris, l’ONG sensibilisait les passants sur l’impact socio-économique et environnemental de certains labels alimentaires. Postés devant un supermarché Auchan, les militants, tracts à la main, ont classé ces labels selon 14 problématiques.
Nicolas Neiertz, référent agriculture alimentation de Greenpeace Paris, mène l’opération. Avec son équipe, il attire l’attention des badauds à propos des conséquences d’une dizaine de labels alimentaires sur l’environnement. De leur rejet d’émissions de gaz à effet de serre à la cohésion sociale, en passant par le bien-être animal, la campagne analyse et dissèque l’impact de ces labels.
Une étude sur l’impact de notre alimentation
L’alimentation a un impact considérable sur notre environnement, l’emploi et la santé. C’est en tout cas ce que cherche à démontrer Greenpeace Paris. Selon l’ONG, les consommateurs se fient trop souvent aux logos des labels, censés attester de filières durables. « Greenpeace, le WWF et l’UFC-Que Choisir ont confié à un bureau d’étude indépendant une étude pour comparer les différents labels alimentaires qui existent en France aujourd’hui, de manière à éclairer les consommateurs sur l’efficacité de ces labels« , explique Nicolas Neiertz.
Le responsable détaille son propos : « Comme chacun sait, la manière dont nous nous alimentons aujourd’hui n’est pas durable, d’un point de vue environnemental et d’un point de vue socio-économique. Nous avons comparé, sur 14 problématiques, onze labels agroalimentaires qui se répartissent entre trois grandes familles. Les labels relevant du socle de l’agriculture biologique, les labels relevant de la certification environnementale et les labels par filière. Ces derniers correspondent à un produit ou à une filière donnée. » Les résultats sont disponibles sur le site guide-labels-alimentaires.com.
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Tous les labels ne se valent pas, priorité à la bio
Le résultat est parlant et Greenpeace observe alors une grande diversité de situations. « En gros, les labels du socle de l’agriculture biologique sont des labels qui correspondent à une démarche efficace. La démarche des labels d’agriculture biologique que les pratiques agricoles ont été effectivement transformées. D’un point de vue environnemental, pour la biodiversité, pour le climat, et d’un point de vue socio-économique. C’est-à-dire pour le revenu des agriculteurs, pour la santé humaine et pour le bien-être animal. En revanche, les labels relevant de la certification environnementale, qui sont utilisés par exemple par le ministère de l’Agriculture pour attribuer des aides publiques, sont des labels qui n’offrent aucune garantie que les pratiques agricoles ont été améliorées par rapport à la moyenne constatée dans l’agriculture conventionnelle en France« , constate-t-il.
Il poursuit : « Ces labels, du point de vue des 14 critères de durabilité, ne permettent pas au consommateur de savoir si le producteur a, ou pas, amélioré sa pratique agricole d’un point de vue environnemental ou socio-économique. Et enfin, les labels par filière, eux, sont très diversifiés. Certains de ces labels, par exemple l’appellation d’origine protégée l’AOP du Comté, est un label qui a un cahier des charges très exigeant et qui garantit au consommateur que la pratique agricole, pour produire ce fromage, a été améliorée et est traçable, et que les critères de durabilité sont effectivement respectés« .
« En revanche, le label AOP Cantal, du fromage Cantal, lui, a un cahier des charges qui est beaucoup moins exigeant et qui ne garantit pas au consommateur que les pratiques agricoles se sont effectivement améliorées sur le plan environnemental ou socio-économique. De la même façon, le Label rouge, pour la filière volaille, est un label qui a un cahier des charges très exigeant et garantit un impact réel sur les pratiques agricoles. Mais le Label rouge de la filière porcine, le jambon Label rouge, est un label dont le cahier des charges est beaucoup moins exigeant et ne garantit pas au consommateur que les pratiques agricoles dans ce label ont réellement été améliorées« , explique en profondeur Nicolas Neiertz.
Des cahiers des charges plus exigeants
L’étude menée montre ainsi que tous les labels de ne se valent pas. De ce constat, Nicolas Neiertz espère du changement. « Ce que nous demandons avec Greenpeace France, c’est d’améliorer les cahiers des charges de ces différents labels que l’on utilise pour améliorer l’alimentation. Il faut qu’ils soient améliorés, soient rendus plus exigeants. Nous avons mis notre étude à disposition des producteurs et des consommateurs. Le tout, pour qu’ils s’en emparent et qu’ils refassent leur cahier des charges. L’idée est de le rendre plus exigeant d’un point de vue environnemental ou socio-économique.«
Le label HVE est particulièrement dans le collimateur de la campagne. « Nous demandons aussi que les pouvoirs publics cessent immédiatement d’attribuer des aides publiques aux produits qui relèvent du label HVE, haute valeur environnementale, qui, d’après notre étude, n’offre aucune garantie que les pratiques agricoles ont été améliorées, et que ces aides publiques soient suspendues jusqu’à ce que le cahier des charges du label HVE ait été entièrement refait. » C’est l’intérêt du consommateur, c’est aussi l’intérêt des producteurs d’avoir un label qui inspire confiance, qui se traduit par une démarche réellement efficace. Et c’est l’intérêt aussi des pouvoirs publics pour une bonne utilisation des subventions dans le cadre de la Politique agricole commune, la PAC » conclut-il.
Léo Sanmarty