Pour la première fois, des scientifiques du Cirad et de l’IRD cartographient les forêts tropicales d’Afrique centrale. Objectif : mieux les protéger face aux effets du changement global.
Si les forêts amazoniennes sont le poumon gauche de la planète, celles d’Afrique centrale en sont le poumon droit. Mais pour savoir comment protéger cette immense forêt, il est nécessaire de la caractériser. C’est à cet énorme chantier que se sont attelés les équipes du Cirad et l’IRD. L’étude est parue ce mercredi dans la revue Nature. « Les marges forestières du Nord et du Sud de la région, les forêts atlantiques et la plupart de celles de la République Démocratique du Congo (…) comptent parmi les plus vulnérables », annonce Bonaventure Sonké, co-auteur de l’étude, dans un communiqué.
Pour cette étude, les chercheurs ont collaboré avec des bureaux d’études et des concessionnaires forestiers. Ainsi, ils ont pu construire une base de données représentative des écosystèmes. Elle regroupe 6 millions d’arbres répartis dans plus de 185 000 parcelles de terrain, le tout dans 6 pays différents. Ils ont ensuite croisé ces données avec les scénarios climatiques du GIEC et les projections démographiques attendues à la fin du siècle établies par les Nations Unies. Et ils ont construit deux cartes disponibles en ligne. La première sur la vulnérabilité au changement climatique et l’autre sur la vulnérabilité à la pression anthropique.
Vulnérabilité au changement global
Grâce à ces cartes à destination des décideurs, les chercheurs ont pu mettre en évidence les zones qui comportent le plus d’essences sensibles au changement climatique ou à l’activité humaine. Par exemple, la République Démocratique du Congo recense à elle seule la majorité des essences vulnérables.
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« Ces résultats doivent maintenant être utilisés, valorisés et appliqués afin d’élaborer des plans d’utilisation des terres qui préservent les caractéristiques des forêts”, juge Sylvie Gourlet-Fleury, écologue forestière au CIRAD qui prône une gestion durable du bois d’œuvre. « Là où la pression humaine est trop forte, les gestionnaires auraient la possibilité de rétablir ces connexions grâce à des programmes de restauration de la biodiversité ou de développement de l’agroforesterie », conclut-elle.
Fanny Bouchaud