Dans un nouveau rapport, la FAO alerte sur les risques pesant sur les systèmes agroalimentaires mondiaux. L’organisation indique que dans le futur, jusqu’à quatre milliards d’humains pourraient souffrir de malnutrition.
Les systèmes agroalimentaires mondiaux doivent se préparer à de nouveaux « chocs ». L’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a émis cette alerte ce mardi dans un nouveau rapport. Selon elle, les futures sécheresses, inondations et autres maladies diverses causeront de lourds désagréments.
Aujourd’hui, « trois milliards de personnes ne peuvent se permettre d’avoir une alimentation saine qui les préserve de la malnutrition », avertit la FAO. En 2019, près de 85% de la population d’Afrique subsaharienne était dans cette situation. La deuxième région la plus exposée à la famine est l’Asie du sud. 71% de la population ne peut y manger à sa faim.
La FAO ajoute qu’un milliard d’humains supplémentaires risquent de se retrouver dans cette situation. Selon ses économistes, cela pourrait se produire « si un choc soudain venait à réduire leurs revenus d’un tiers ». Les auteurs du rapport indiquent que ces populations se trouvent essentiellement « dans les pays à revenu intermédiaire ». Cette menace concerne en premier lieu l’Asie. Dans l’est et le sud-est du continent, 398 millions de personnes vivent sous la menace de la famine.
Trois (bientôt quatre) milliards d’humains malnutris
« Si des itinéraires de transport critiques étaient perturbés par un choc, le coût de l’alimentation pourrait augmenter pour 845 millions de personnes », projette l’organisation basée à Rome. Qu Dongyu, directeur général de la FAO, estime que la Covid-19 montre « les fragilités des systèmes agroalimentaires mondiaux ». Ces systèmes englobent la production, les chaînes d’approvisionnement alimentaires, les réseaux de transport intérieurs et la consommation.
Dans un précédent rapport en juillet, l’organisation a estimé la faim a touché 720 à 811 millions de personnes en 2020. Cela représente jusqu’à 161 millions de personnes de plus qu’en 2019. La FAO impute cette augmentation à la pandémie.
La FAO propose des indicateurs de résilience
Pour permettre aux pays de prendre conscience de la vulnérabilité de leur systèmes alimentaires face aux chocs et aux situations de « stress » chroniques, la FAO a mis au point plusieurs indicateurs de « résilience ». Nommés RIMA, leur objectif est de déceler les facteurs aidant les foyers ruraux à résister contre la famine dans 35 pays. L’organisation onusienne indique que dans un environnement incertain, « la capacité de supporter les chocs et les situations de stress puis de rebondir est essentielle ».
Ces indicateurs analysent plusieurs éléments. Ils évaluent la production domestique des pays, et l’étendue de leurs échanges commerciaux. Ensuite, ils quantifient les systèmes de transport dont ils disposent, et l’accès de leur population à une alimentation saine. Les pays sont invités à « chercher leurs points faibles », grâce à ces outils, et à tenter d’y remédier, explique à l’AFP Andrea Cattaneo, économiste principal et coordonnateur de la publication.
Chaymaa Deb avec AFP