L’été 2023 a été en moyenne plus chaud de +1,4°C au-dessus de la normale. Cela le place au quatrième rang des été les plus chauds depuis 1900. Avec des précipitations normales en apparence, mais des différences très marquées selon les régions, cet été apparaît comme « un marqueur du changement climatique ». Explications avec deux climatologues de Météo-France.
Ce n’est pas encore la fin de l’été pour les Français, mais déjà celle de l’été météorologique qui court de juin à juillet. Le bilan climatique de l’été 2023 est ainsi déjà dressé pour Météo-France. L’été 2023 se situe en moyenne à +1,4°C au-dessus de la normale. Cela le place au quatrième rang des étés les plus chauds depuis 1900. Et ce, derrière 2003, 2022 et 2018, mais devant 2019. Ces températures estivales ont été accompagnées d’un ensoleillement excédentaire de 10% sur l’ensemble du pays. Les Français peuvent néanmoins avoir une sensation « mitigée », car « les mois ont été très différents », souligne Christine Berne, climatologue à Météo-France.
« Le mois de juin a été vraiment extra-estival », précise la climatologue, avec des températures moyennes de + 2,6 °C au-dessus de la normale. « Sur l’ensemble du pays, le mois de juin a été deuxième mois de juin le plus chaud derrière 2003, , très ensoleillé sur la moitié nord, mais aussi le deuxième mois de juin le plus foudroyé à l’échelle du pays », précise-t-elle. Les mois de juillet et août ont connu davantage de contrastes, marqués par des périodes chaudes, mais aussi une vague de fraîcheur. Les températures sont finalement respectivement de +0,8°C et +0,9°C au-dessus de la normale.
De nouveaux records de températures
Du 17 au 24 août, la France a connu sa 47e vague de chaleur à l’échelle nationale. Et elle n’a pas été anodine. « C ’est la vague de chaleur la plus longue et la plus intense pour une fois août jamais recensée en France depuis le début des mesures en 1947″, avance Christine Berne. Elle a surtout concerné les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) et l’Occitanie. « La Corse a connu la deuxième plus longue vague de chaleur sur le mois de juillet depuis 1947, derrière 2003″, ajoute Mathieu Sorel, également climatologue à Météo-France.
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Durant l’été, plusieurs villes ont enregistré de nouveaux records de températures, notamment du sud-ouest au nord-est. Par exemple, le nouveau record Carcassonne s’établit désormais à 43,2°C, balayant de loin le précédent (41,9 °C). Un nouveau record nocturne de 27,4°C a été atteint à Toulouse, « plus de 3°C au-dessus du précédent record », pointe Mathieu Sorel.
La montagne a aussi connu de nouveaux records, avec des températures dépassant les 40°C. Cela est par exemple le cas à 700 m d’altitude, à Serralongue dans les Pyrénées-Orientales, ou encore à Sallanches en Haute-Savoie. Mais 29,4°C ont aussi été atteints à l’Alpes d’Huez à 1860 m d’altitude. Et au Mont Aigoual, au sommet des Cévennes méridionales (1567 m), la station météorologique a enregistré 30,4°C.
« Les canicules récentes ont globalement redessiné la climatologie de la France », avance Matthieu Sorel. Les récentes canicules et vagues de chaleur de 2003, 2019, 2022 et 2023 détiennent désormais la majorité des records de températures maximales. Au contraire, les records de froid hivernaux restent détenus par les vagues de froid historique de 1956, 1963, 1985 et 1987. « On a ici un marqueur du changement climatique », assure Matthieu Sorel.
Une vague de fraîcheur au cœur de l’été
« Cet été a été marqué également par une parenthèse de fraîcheur au cœur de l’été qui a particulièrement frappé les esprits, notamment pour toutes les régions sur le nord du pays », rappelle Christine Berne. Le temps a commencé à se perturber à partir du 21 juillet. Puis, il s’est rafraîchi du 31 juillet au 8 août. « Une dépression s’est installée sur le nord de l’Europe et a dirigé l’air depuis les régions arctiques », explique-t-elle.
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Cette période s’est aussi accompagnée de perturbations particulièrement marquées dans le nord-ouest. Le 2 août, la tempête Patricia a engendré des vents avec des rafales de 90 à 100km/h, voire localement 110km/h sur les caps exposés. « Des valeurs qu’on mesure et qu’on observe plutôt lors des tempêtes hivernales ou automnales », précise Christine Berne. « Sur un large quart nord-ouest, on peut résumer cette période au fait que les précipitations ont été vraiment surabandantes et les températures anormalement fraîches, ce qui a donné une impression de période automnale ».
Des précipitations moyennes, malgré des épisodes violents
Les Français ont pu observer plusieurs salves orageuses du 18 au 22 juin. Puis, ils ont connu une vigilance rouge pour orages dans 5 départements le 11 juillet. Ensuite, ils ont subi des orages très violents accompagnés de grêle en août, avec notamment des pluies diluviennes dans plusieurs départements le 25. Malgré ces différences très marquées selon les régions et des épisodes particulièrement violents, les précipitation présentent un bilan dans la norme saisonnière au niveau national.
Christine Berne explique : « Juin a été très très sec dans la moitié nord, mais très arrosé dans la moitié sud. Le mois de juillet a été relativement peu arrosé partout. Le mois d’août a été très très contrasté avec des périodes vraiment sèches, mais aussi des orage très violents accompagnés de grêle. » Une bonne nouvelle est à noter : à la fin de l’été, la situation de la sécheresse des sols est plutôt conforme aux normales et bien plus favorable qu’à la fin de l’été 2022.