L’année 2017 s’est conclue sur un bilan en demi-teinte pour le développement des énergies renouvelables. Si les capacités ont continué à augmenter, la part des énergies vertes dans le mix énergétique français a reculé. Le solaire pourrait toutefois faire figure de principal moteur d’une transition énergétique bien entamée. Un signe ne trompe pas : tous les grands énergéticiens investissent dans le solaire.
La publication du panorama de l’électricité renouvelable donne une idée concrète des forces et faiblesses de chaque source d’énergie en France. Ce panorama annuel est le fruit du travail d’Enedis, de RTE et du syndicat des énergies renouvelables (SER). Ces acteurs incontournables du secteur énergétique dressent un bilan bien utile pour se repérer dans la jungle d’un secteur en rapide évolution.
Un panorama de l’énergie relativement positif
Le dernier panorama publié le 8 février 2018 permet de tirer plusieurs enseignements. La France a ainsi enregistré en 2017 un recul de la part des énergies renouvelables dans le total de l’électricité consommée. À 18,4 % en 2017 contre 19,6 % en 2016, le bilan est négatif. Il s’explique par « une très mauvaise année en terme de pluviométrie », veut rassurer Jean-Louis Bal, président du SER. La baisse n’est donc que conjoncturelle.
En effet, les énergies renouvelables restent largement dominées par l’hydroélectricité en France. Lorsque les barrages produisent moins d’électricité, la part globale des énergies vertes dans la consommation électrique subit un coup d’arrêt. En 2017, la baisse de 18 % du bilan hydroélectrique par rapport à l’année 2016 a ainsi eu des conséquences bien visibles. Toutefois, le photovoltaïque et plus encore l’éolien tirent leur épingle du jeu. Le premier est à l’origine de 32 % des nouveaux raccordements dans le renouvelable, soit 887 mégawatts (MW) supplémentaires. Le second vient tout simplement de conclure une année record avec 1.797 MW supplémentaires. Sur l’année, l’éolien a représenté 65 % des nouvelles capacités renouvelables raccordées.
Ainsi, le retard pris sur les objectifs 2020 tend à se réduire. Le parc des énergies renouvelables (48.685 MW) correspond à 94 % d’un autre objectif – celui de la Programmation pluriannuelle de l’énergie pour 2018 (51.700 MW).
Les énergéticiens font le pari du solaire
Le bilan 2017 des énergies vertes est contrasté, mais une tendance de fond semble se dégager. Le rythme de progression du solaire est en effet particulièrement intéressant. Sur les 887 nouveaux MW que compte le solaire, la moitié a été raccordée au cours du dernier trimestre. La dynamique est donc forte et positive et rejoint les dernières annonces de géants de l’énergie particulièrement attirés par des perspectives économiques encourageantes.
Le mouvement a été initié en 2011 après l’accident nucléaire de Fukushima. Les énergéticiens ont compris qu’il était dans leur intérêt de renforcer leurs capacités en matière d’énergies renouvelables. Cette année-là, Total a racheté le fabricant de panneaux solaire SunPower. Depuis, il équipe ses stations service et sites de ces mêmes panneaux. Si cette inflexion peut paraître surprenante, elle touche l’ensemble des énergéticiens. C’est également le cas d’Engie qui entend hisser ses capacités dans le solaire à 2,2 gigawatts en France d’ici à 2021.
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Des prix de plus en plus compétitifs
On assiste à une ruée vers le solaire qui s’explique par une baisse sensible des coûts de production. Aujourd’hui, les panneaux solaires ont un rendement de 22 % contre 12 % il y a seulement dix ans. Des progrès encore plus importants sont espérés au cours des prochaines années. Ils contribueront à une baisse encore plus vertigineuse des coûts. En 2010, il fallait compter 300 euros pour produire un mégawattheure grâce au solaire. En 2017, les derniers appels d’offres du gouvernement passaient à 55 euros.
C’est pourquoi, EDF s’intéresse de près à l’énergie solaire et a annoncé en décembre 2017 un plan sans précédent. L’objectif est de développer 30 gigawatts (GW) de solaire photovoltaïque en France entre 2020 et 2035. Cela correspond à une production quatre fois supérieure à ce que produit la France (tous groupes confondus). EDF a prévu une enveloppe de 25 milliards d’euros et les collectivités locales font déjà des appels du pied pour accueillir des projets. Les régions les plus ensoleillées comme l’Occitanie sont des candidates naturelles et EDF devrait s’appuyer sur ses installations existantes (centrales nucléaires, thermiques, etc.) pour les couvrir de panneaux solaires.
Un plan solaire financé par des obligations vertes
Etant donné l’ampleur de ce Plan Solaire, il est vraisemblable que l’entreprise s’appuie sur ses premières expériences réussies avec les obligations vertes. Xavier Girre, Directeur exécutif en charge de la direction financière du groupe chez EDF s’est exprimé à ce sujet dans Filière3e : « Les futures émissions d’obligations vertes contribueront certainement au financement des projets du Plan Solaire d’EDF. […] Le Plan Solaire, c’est non seulement la matérialisation de l’ambition affichée par EDF dans sa stratégie CAP 2030 de doubler les capacités renouvelables installées du Groupe d’ici 2030, mais aussi un engagement déterminé dans la transition énergétique de notre pays ».
EDF et les autres groupes ne veulent en aucun cas rater le virage de l’énergie photovoltaïque. Ce virage est notamment anticipé dans un récent rapport de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). Au niveau mondial, 2016 a été une année exceptionnelle pour le solaire avec 74 GW de nouvelles installations. « Pour la première fois, une seule source renouvelable, le solaire, est devenue le plus grand moteur de croissance de la capacité nette de production d’énergie, alors que toutes les énergies renouvelables accomplissaient un record historique en représentant les deux tiers des nouvelles capacités nettes mondiales », peut on lire dans le rapport. De quoi donner des idées à ceux qui feront le pari gagnant des énergies vertes dans le mix énergétique.
Auteur : Célia Morin, contribution bénévole
Avertissement: cet article est une contribution bénévole et ne reflète pas forcément la position de la rédaction.