Le WWF rapporte que les activités humaines ont causé la déforestation de 43 millions d’hectares de forêts à travers le monde. L’Amérique latine, pas seulement l’Amazonie, est le continent le plus durement touché par le phénomène. L’ONG appelle les États et les citoyens à agir de façon urgente.
Les années passent et les espaces forestiers mondiaux déclinent. Dans un rapport publié le 13 janvier, le WWF révèle que 43 millions d’hectares de forêts ont été perdus entre 2004 et 2017. Cela représente 80% de la France métropolitaine, soit l’équivalent du Maroc. Les majeurs mouvements de recul des forêts ont eu lieu dans 24 lieux nommés « fronts de déforestation » ou « points chauds ». Ils se répartissent entre l’Amérique latine, l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud-Est et l’Océanie.
Le WWF rappelle que cette dure perte pour les écosystèmes est une conséquence des activités humaines. « Les forêts sont aujourd’hui en crise, dévastées par les incendies, dégradées ou converties pour l’agriculture », alerte Marco Lambertini, directeur général de WWF International. L’ONG affirme également qu’aucune action de préservation des forêts n’est durablement efficace. Puis elle ajoute qu’en l’état actuel de la situation mondiale, « la déforestation persistera dans ces fronts ».
L’agriculture, cause de millions d’hectares perdus
Parmi les 24 fronts de déforestation, plusieurs sont connus de longue date. C’est notamment le cas du bassin du Congo en Afrique, ou du bassin du Mékong en Asie du Sud-Est. En Amérique latine, qui connaît un fort déclin des populations d’animaux sauvages, se trouvent 9 de ces 24 points chauds. Parmi eux se trouve le Cerrado (Brésil), à l’orée de la forêt amazonienne. En 2017, le WWF estimait que ce lieu abritait 5% de la biodiversité mondiale. Cette zone a été lourdement touchée par la déforestation. En 13 ans, la savane brésilienne a perdu 3 millions d’hectares de forêts. Et depuis les années 2000, la zone a vu son territoire réduit d’un tiers.
Les principales causes de recul de cet espace forestier sont l’élevage et l’agriculture intensive. Au Cerrado se trouvent plusieurs élevages bovins et une forte culture de soja destinée aux marchés nationaux et internationaux. Pour rendre ces activités possibles, des parcelles entières ont été défrichées. Le Chaco, forêt partagée entre le Brésil, le Paraguay, la Bolivie et l’Argentine, est aussi fortement victime de l’agriculture commerciale. Mais en Amérique du sud, l’Amazonie reste la forêt la plus touchée par ce phénomène.
En plus des plantations industrielles d’arbres à croissance rapide, l’exploitation minière est un autre grand fléau pour les forêts. Dans le Plateau des Guyanes, une région amazonienne qui s’étend de l’est du Venezuela au nord du Brésil, l’extraction d’or cause de grands défrichements. Ainsi, au Guyana, 84% de la déforestation est engendrée par l’exploitation minière. Et dans la Guyane française voisine, le grand projet d’extraction aurifère de la Montagne d’Or prévoit le déboisement de 1513 hectares de forêts primaires.
10% de la déforestation mondiale
Pour Véronique Andrieux, directrice générale du WWF France, la situation des forêts est directement liée aux activités humaines. Selon elle, « nous devons nous attaquer rapidement à ce fléau qui repose sur notre modèle de consommation ». De son côté, Marco Lambertini considère que « nous avons besoin d’une mobilisation collective pour mettre en œuvre des solutions adaptées et intégrées qui fonctionnent pour les humains et la nature ». C’est pourquoi le WWF propose dans son rapport plusieurs pistes d’actions.
Ainsi, l’ONG demande aux États et aux entreprises de prendre des mesures « urgentes ». Premièrement, elle appelle au respect des droits des populations autochtones et à la conservation des zones riches en biodiversité. Ensuite, elle réclame qu’un cadre législatif garantisse qu’un produit commercialisé ne participe pas à la déforestation. Aussi, l’ONG souhaite que les entreprises s’approvisionnent en matières premières durables. Ensuite, le WWF demande que les sociétés intègrent correctement le risque de déforestation dans leur Plan de Vigilance.
En dernier lieu, le WWF appelle les citoyens à réduire leur consommation de protéines animales « pour diminuer la pression sur les forêts ». En effet, selon la Commission européenne, les consommations de viande, de soja, de cacao, de cuir ou encore de café au sein de l’UE sont responsables de 10% de la déforestation mondiale. En 2020, une consultation publique avait fait émerger le souhait d’un million de citoyens de voir les produits issus de la déforestation écartés du marché européen.
Par Chaymaa Deb